Chaque mois, Vélo 101 part à la rencontre d’une femme active dans l’univers du cyclisme. Elles sont nombreuses à graviter autour d’une discipline qui n’est plus, depuis longtemps, réservée qu’à la seule gente masculine. Cette rubrique, notre saga de l’année 2010, permet ainsi de mettre en lumière ces femmes impliquées dans le cyclisme. Elles sont championnes ou assistantes, elles sont épouses de coureur ou bien hôtesses, elles sont mamans de champions ou bien élues…Ce mois ci, rencontre avec Claire Pedrono, ardoisière du Tour de France 2010.
Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Claire Pedrono, 25 ans, et cycliste depuis que j’ai 12 ans.
Vous avez commencé le cyclisme par de la route ou par d’autres disciplines ?
Par la route et la piste.
Êtes-vous encore cycliste ?
Oui. Je ne fais plus de compétition, mais je pratique en loisir.
Vous faites des cyclosportives, des événements comme ça ?
J’en ai fait une l’année dernière. Mais je fais surtout de l’entraînement, juste pour le plaisir.
Alors, vous êtes un cas unique en France puisque vous êtes ardoisière. Pouvez-vous nous dire comment cela s’est passé pour le devenir ?
Alors je suis allée chercher une belle opportunité. Puisque le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme et Laurent Bezault étaient en déplacement sur Vannes, pour une conférence. Je suis allée les rencontrer avec C.V et lettre de motivation. Je leur ai expliqué mes difficultés à rentrer sur le Tour, mais avec néanmoins une grosse volonté d’y travailler. Et pour une fois j’ai eu un retour positif, et même grandement positif.
Au matin de la dernière étape du Tour de France, quelles impressions avez-vous de votre Tour ?
Globalement c’était de la magie tout au long du Tour. Bon, il y a beaucoup de fatigue, je ne vais pas le cacher. Mais, une fois sur la moto on oublie tout et on fait l’étape comme si de rien n’était. Et on va jusqu’au bout.
Forcément vous allez nous révéler un secret, allez-vous ajouter une petite touche personnelle pour la dernière étape ? Une touche féminine ?
Une touche féminine je ne sais pas, je pense que je l’apporte avec ma présence seulement. Ensuite il faudra voir le déroulement de l’étape, comment ça se passera.
On peut dire que vous êtes l’exemple type qui prouve que, dans un monde réservé aux hommes, vous vous êtes battus pour vous imposer. C’est un beau symbole !
Réservé aux hommes, je ne sais pas si c’est le terme adéquat, je ne sais pas s’il y en a un. Ce monde du Tour de France c’est aussi le mien parce que j’ai commencé le vélo à 12 ans. Donc c’est ce milieu du cyclisme qui m’a éduquée, et qui m’envoie où je suis aujourd’hui. Mais c’est vrai que le Tour de France c’est la consécration par rapport au monde qu’est le cyclisme.
Et quel est votre avenir après le Tour de France ? Qu’allez-vous faire à partir de demain en quelque sorte ?
Jusqu’au Tour de France j’étais chargée d’affaire junior en dock en banque. Je l’étais jusqu’au 30 juin, puisque je suis toute jeune diplômée, et j’avais donc un CDD à cause de la crise économique. Donc je cherche un travail désormais.
Plutôt dans quels domaines précisément si vous avez des souhaits ?
Comme je viens de le dire, je viens de terminer mes études. J’ai fait un bac + 5 dans le secteur bancaire. Et je compte poursuivre en ce sens.
En un mot, si vous deviez résumer votre expérience sur le Tour, quel serait-il ?
Mon expérience sur le Tour, aujourd’hui je la vis, et je la réaliserai plus tard. On en prend plein les yeux, plein la tête, plein les oreilles. C’est de la magie et des merveilles tous les jours. Ce sont des chaînes humaines de sourire qui nous donnent la force d’avancer. Donc pour l’instant je vis et je profite, je réaliserai plus tard.
En tout cas, en étant ardoisière du Tour avec LCL comme partenaire et cherchant un métier dans la banque, votre destination est toute trouvée !
Non, je ne pense pas. Tout n’est pas fait d’avance. La preuve c’est que j’ai mis quatre ans avant d’arriver jusqu’ici en étant cycliste en compétition. Donc non, rien n’est acquis. Et ce n’est pas ma philosophie de penser comme ça. On verra ce que l’avenir me réserve. Il y a deux mois, je ne savais même pas que j’allais faire le Tour de France. Donc je n’avance pas trop vite. Comme on dit dans mon jargon, on ne lève pas les bras avant d’avoir franchi la ligne.
Dernière question pour le clin d’œil, ça ne vous est jamais arrivé de laisser une ardoise ?
(Rires). Jamais. Ce n’est pas dans ma personnalité non plus.
Propos recueillis à Longjumeau le 25 juillet 2010.