Alors que le Grand Prix Ouest-France de Plouay vient à peine de baisser le rideau sur la victoire de l’Italien Filippo Pozzato, Patrick Fernandez, président de l’épreuve et du comité des fêtes de Plouay, société organisatrice de l’épreuve, revient avec nous sur l’actualité de la plus importante épreuve de l’Ouest. Ancien directeur de la commission cyclosport de l’épreuve, ce jeune retraité de la SNCF a pris les rênes de la course depuis 2007, devenant alors le nouvel homme fort du rendez-vous breton dans ses premiers pas sur le circuit WorldTour. S’il laisse volontiers les commandes médiatiques à son vice-président Jean-Yves Tranvaux, Patrick Fernandez n’en reste pas moins un défenseur convaincant et convaincu de la plus prestigieuse d’une de ces nombreuses courses professionnelles qui jalonnent le calendrier breton.
Patrick, quel bilan tirez-vous des 4 Jours de Plouay, qui s’apparentent désormais à un grand festival du cyclisme ?
Cette année, et pour la première fois, les 3 Jours de Plouay se sont transformés en 4 Jours avec l’épreuve de BMX organisée le jeudi. Celle-ci a connu un beau succès. Coorganisée par la Rider Team de Plouay et par Hennebont BMX, elle a réuni 80 pilotes de trois clubs. Elle s’inscrit dans notre volonté de faire des 4 Jours de Plouay un vrai rendez-vous de vélo, et pas seulement de route. Avec le challenge sur piste et la randonnée VTT le vendredi, ces quatre jours sont bien ceux de tous les vélos ! Malheureusement nous n’avons pas pu mettre en place une deuxième édition du challenge sprint pro, le samedi, épreuve qui avait pourtant bien fonctionné l’année passée.
Pourquoi n’a-t-elle pas été renouvelée ?
Apparemment, les primes ne seraient pas assez élevées pour satisfaire les coureurs. De plus, le président de la Ligue Nationale de Cyclisme Marc Madiot nous a expliqué que l’effort produit par les coureurs leur couperait les jambes à la veille de la course. On espère quand même pouvoir organiser à nouveau cette épreuve spectaculaire, qui crée un vrai engouement depuis trois ans sur les courses canadiennes.
On évoque souvent la conjoncture économique, or à Plouay le programme s’enrichit chaque année. Comment se porte votre organisation ?
Le Grand Prix de Plouay est déficitaire depuis plusieurs années. On paie la conjoncture économique actuelle et on éprouve des difficultés à attirer de nouveaux sponsors. A l’heure actuelle, ce sont les collectivités locales qui nous permettent de boucher les trous et de boucler notre budget de 700 000 euros. Cependant, on a réussi à attirer cette année deux nouveaux sponsors, le groupe Salaün Holidays et la communauté d’agglomération de Lorient, à la suite du passage de la ville de Plouay au sein de cette collectivité locale. De plus, on essaye d’attirer des entreprises en vendant des places VIP à 140 euros. Chaque année, on réalise aussi de nouveaux appels d’offres pour réduire au maximum les coûts matériels du Grand Prix.
Plouay s’apparente progressivement à une classique pour sprinteurs, or les meilleurs d’entre eux étaient retenus cette année par la World Ports Classic. Comment vivez-vous cette concurrence ?
Nous avons été déçus de voir qu’ASO organisait cette année cette épreuve le même week-end que le Grand Prix Ouest-France, ce qui nous prive de certaines pointures du peloton, même si les meilleurs viennent bien sûr à Plouay, de par son statut d’épreuve WorldTour. Néanmoins, on peut quand même s’interroger sur le fait qu’ASO place cette épreuve à cette date sachant qu’ils avaient, au début des années 2000, manifesté leur intérêt pour le Grand Prix de Plouay. Nos relations avec ASO ne sont pas au beau fixe depuis le conflit ASO-UCI, qui nous avait amenés à rentrer dans le ProTour à la place de Paris-Tours, épreuve organisée par ASO. Cependant, je trouve dommage qu’une société française vienne concurrencer la deuxième plus grande classique française de cette façon.
La retransmission de l’épreuve à la télévision est capitale, comment va se passer la renégociation des droits télévisés ?
France Télévisions et Eurosport co-diffusent actuellement l’épreuve de la Coupe du Monde féminine et le Grand Prix Ouest-France. La diffusion par Eurosport, dans vingt pays, nous assure la plus grande partie de nos revenus. Il y a deux ans, on avait renouvelé notre contrat avec France Télévisions pour deux ans. On va donc se remettre à la table des négociations avec eux dans les prochaines semaines, mais on sait d’ores et déjà qu’ils nous sont indispensables pour maintenir la renommée de l’épreuve en France.
Il y a treize ans, Plouay recevait les Championnats du Monde. On vous sait partisan d’une nouvelle édition des Mondiaux. Qu’en est-il ?
Dès 2011, Plouay a manifesté son envie d’organiser les Championnats du Monde sur route 2017. On a eu quelques réunions avec la fédération et on leur a transmis un dossier, mais depuis nous n’avons plus de nouvelles. Apparemment la fédération bloque le dossier, on se demande pourquoi, sachant qu’organiser un Championnat du Monde est rentable. On espère avoir une réponse du président de la FFC David Lappartient prochainement, mais ça ne sera déjà plus possible pour 2017. Nous ne pourrons pas transmettre un dossier finalisé dès 2014, comme imposé par l’UCI.
Quels seront les grands axes de développement des 4 Jours de Plouay pour 2014 ?
On aimerait bien, l’année prochaine, développer encore plus le BMX, un sport d’avenir qui attire les jeunes et qui, par ricochet, pourrait relancer à plus long terme leur intérêt pour la route. On mettra aussi l’accent sur la communication de notre système de navettes partant de Nantes, Rennes, Saint-Brieuc et Brest jusque Plouay. Cette démarche s’inscrit à la fois dans une démarche écologique mais aussi dans l’idée d’attirer une nouvelle branche de spectateurs.
Propos recueillis par Rémi Le Tenier à Plouay le 1er septembre 2013.