Julien, vous avez participé pour la première fois au Roc d’Azur pour clore votre saison. Que vous inspirait cet événement avant de le découvrir ?
J’en avais beaucoup entendu parler. Le Roc d’Azur, c’est un événement très célèbre. Quand Trek m’a invité, ça m’a tout de suite tenu à cœur de passer. L’équipe ne faisant pas Paris-Tours cette année, j’ai pu me libérer pour rejoindre Fréjus. Ça a été un vrai plaisir.
Nombre de vététistes, comme Cadel Evans, Peter Sagan ou Jean-Christophe Péraud, pour ne citer qu’eux, ont intégré le peloton pro. Qu’ont-ils apporté de leur expérience précédente ?
C’est un grand plus que de voir des coureurs issus d’autres disciplines rejoindre le peloton pro. Chez les amateurs, j’avais déjà côtoyé pas mal de mecs qui venaient du VTT et marchaient tout de suite très fort en venant sur la route. Je pense que c’est une discipline complémentaire à la route. A titre personnel, je fais un peu de VTT en intersaison en guise de préparation mais c’est proscrit pendant la saison en raison des risques de chutes et de blessures.
Quelles étaient vos aspirations sur la grille de départ du Roc d’Azur ?
Il s’agissait de ma première course de VTT donc je n’avais pas franchement d’ambitions, si ce n’est de finir en un seul morceau ! Je ne visais aucun résultat, ne sachant déjà pas où me placer. L’idée était de prendre le plus de plaisir.
Vous avez découvert la Vuelta à la fin de l’été, qu’avez-vous retenu de cette expérience ?
Ça a été long, très dur, mais fidèle à l’image que je m’en faisais. La course a été vachement débridée mais ça c’est plutôt bien passé pour moi. J’ai profité d’une bonne forme jusqu’en troisième semaine et une chute qui a rendu ma récupération plus compliquée. Au final c’est une satisfaction. J’ai pu montrer ce dont j’étais capable et j’ai pu aider au mieux mon coéquipier Fabio Felline pour les victoires d’étape et le maillot vert.
Diriez-vous de la Vuelta que c’est le bon Grand Tour pour faire ses débuts sur une course de trois semaines ?
Oui, c’est possible, même si cette année c’était vraiment très dur. Des coureurs plus expérimentés que moi m’ont affirmé que c’était le Grand Tour le plus dur qu’ils aient fait. Il n’y a jamais eu de jour de transition, même sur les plus courtes étapes. Il y avait de la bagarre sur 70 kilomètres pour que l’échappée se forme. Pour les téléspectateurs, c’est très bien, mais pour les coureurs c’est très dur. Etre devant sur la Vuelta m’a semblé plus dur que ce que j’ai pu voir parfois sur le Tour de France. Je suis vraiment content de l’avoir fait, d’avoir vu ce que c’était. Je sais au moins ce qui peut m’attendre sur les prochains Grands Tours.
L’échauffement sur home-trainer est-il devenu systématique au départ des étapes des Grands Tours ?
Sur cette Vuelta, je pense qu’on a fait du home-trainer au départ de 50 % des étapes. C’était vraiment important car on partait souvent dans une bosse ou bien on savait que le départ allait être très nerveux, très rapide, et qu’il fallait être prêt à bondir dans les échappées.
Comment a fait une équipe américaine pour manger à l’heure espagnole ?
Ça a été assez variable. On se plie à la volonté des organisateurs, avec des départs assez tards et des retours tardifs à l’hôtel, ce qui nous faisait souvent passer à table à 22h00. Mais dès qu’on le pouvait, sur les journées de repos notamment, on se mettait à table à 19h00 !
Quel bilan, alors que vous concluez cette semaine votre saison au Tour d’Abu Dhabi, dressez-vous de votre première année pro ?
C’est un bilan en deux parties. J’étais un peu déçu de mes résultats en début d’année mais mes directeurs sportifs m’ont bien fait comprendre qu’il n’était pas facile de passer du SCO Dijon à Trek-Segafredo. Ils m’ont laissé le temps, m’ont fait découvrir de belles courses. J’ai quasiment tout fini et tout assimilé, ce qui m’a permis de faire une meilleure deuxième partie de saison avec le Tour de l’Utah, la Vuelta et les courses italiennes.
Vous serez l’an prochain l’équipier d’Alberto Contador. Quelle image en avez-vous ?
J’aime beaucoup l’offensive, et Contador est connu pour son tempérament offensif. Il va apporter beucoup d’expérience et beaucoup de visuel à l’équipe. J’espère vraiment être le plus possible à ses côtés l’année prochaine. C’est un coureur très classe et très populaire. Nous sommes axés sur les trois Grands Tours et les grands rendez-vous, et c’est ce qui l’a intéressé. L’équipe et lui ont trouvé un bon terrain d’entente, et avec Bauke Mollema ça peut faire une grande paire.
De votre côté, vous voyez-vous au départ du Tour de France l’an prochain ?
C’est sûr que j’aimerais faire le Tour l’année prochaine, ça me fait rêver, mais j’irai là où l’équipe m’enverra. Si elle décide de me remettre sur la Vuelta ou de découvrir le Giro, j’irai avec grand plaisir. Maintenant, nous avons fait un gros recrutement, l’équipe va être forte, et les places vont être cher. A moi de gagner cette place.
Les vacances qui suivront le Tour d’Abu Dhabi seront-elles sportives ?
Plutôt relax, car je dois compter 85 jours de course cette saison. Je vais faire une bonne coupure de trois semaines pour bien reprendre la saison prochaine. Je vais partir en vacances loin et essayer de débrancher avant le camp d’entraînement de décembre.