Vous pouvez retrouver la 1ère partie de l’entretien ici : https://www.velo101.com/pros/article/world-tour-materiel-101-edition-2020-06–21892
Bert Roesems | © Shimano
Par rapport à votre ancienneté chez Shimano, vous avez vu l’arrivée des disques, du Di2, de la généralisation des roues carbone. Avez-vous des anecdotes sur certaines réticences comme par exemple Fabian Cancellara qui a eu du mal à adopter le Di2 ?
– Nous avons naturellement favorisé l’implantation des nouveautés, car cela apporte du progrès. Notre rôle a donc toujours été d’expliquer, de démontrer quelles étaient ces améliorations, quels avantages cela donnait par rapport à la version précédentes. Mais bien sûr il reste toujours les préférences personnelles.
Dans le passé nous avons néanmoins toujours évité d’imposer absolument la nouveauté.
– Pendant le dernier Tour de France, nous avons vu le Team Ineos utiliser d’autres roues que les vôtres. Dans ce cas-là, quelle est votre position ?
– Evidemment, nous revenons sur l’explication de ce que j’appelle le « système », c’est à dire le fonctionnement optimal garanti si tous les composants de la marque travaillent simultanément. Nous favorisons donc toujours le fonctionnement de l’ensemble de nos composants, d’un seul bloc.
Mais, il faut dire que d’un côté nous comprenons qu’Ineos soit là pour gagner le Tour et d’un autre côté nous sommes présents pour que les équipes aient à leur disposition ce qu’elles recherchent.
Nous voyons de vos confrères utiliser des monoplateaux. Est-ce une technologie dans laquelle vous croyez ?
– Pour la route, clairement non. Nous sommes fiers de pouvoir apporter un dérailleur qui fonctionne bien. La route n’est pas le VTT. Sur la route, on peut rouler parfois à moins de 10 km/h et à d’autres moments à plus de 70. Il est difficile d’optimiser tout cela avec un mono plateau.
Dans les faits, il n’y a aucun problème avec notre dérailleur avant ni avec notre double plateau.
– Après les disques, les dérailleurs électriques et d’autres nouveautés, quelle sera selon vous la prochaine innovation ?
Question freinage ça restera à disques. Il y aura certainement encore plus de captage des données au niveau électronique (nous avons aussi développé le capteur de puissance) et je pense que nous irons encore plus dans cette direction.
Parallèlement à l’arrivée des freins à disques, la règle des 6,8 kg est restée en tant que limite de poids. Pensez-vous que celle va évoluer au cours des années à venir ?
– On voit déjà dans certaines marques avec des disques et capteurs de puissance ainsi que le compteur au poids limite.
Mais il faut tenir compte de la sécurité des coureurs. Il faut aussi savoir qu’à l’époque cette limite de poids a été instaurée pour avoir une certaine égalité entre les équipes, afin d’éviter que certaines équipes n’aient un avantage trop marqué par rapport à d’autres lié à un budget très important.
Parmi les coureurs que vous avez croisés, quels sont les plus ouverts à la nouveauté que vous avez croisés ?
– Question difficile mais je dirais que les coureurs qui viennent du VTT ou du cyclo-cross ont par exemple aucune gêne à utiliser les disques puisque c’est une technologie qu’ils utilisaient déjà depuis plusieurs années.
Nous voyons aussi des coureurs qui s’intéressent aux ordinateurs par exemple, ce sont les eux qui se sentent le plus impliqués.
En Formule 1, nous avons un modèle de pneus ou plus excatement de marque commun(e) à tout le monde. Dans le domaine du vélo, sur cet aspect tout est ouvert. Quel est votre point de vue ?
– Vous avez raison sur ce point du pneu. Il y a effectivement une concurrence pour laquelle nous sommes satisfaits car elle nous pousse à progresser, à évoluer. Il faut aussi savoir que les consommateurs finissent par en profiter. Tout le monde y gagne.
Au niveau de la cassette arrière, arrivent les 12 voire les 13 vitesses. Avez-vous une idée de la limite ?
Forcément il y a une limite puisqu’il y a une limite de place dans le cadre. Nous sommes déjà à la limite. On doit moins parler de nombre de pignons mais plutôt évoquer la chaine qui a une certaine limite d’élasticité. Dans le cyclisme moderne avec la recherche de certains parcours, nous voyons que les petits plateaux sont de plus en plus petits. Mais à côté, les vitesses atteintes sont de plus en plus élevées donc les grands plateaux plus grands. Et cela devient un « problème ».