Depuis que les pignons sont parfois – mais pas toujours – 12 sur les cassettes et alors que les patins cohabitent avec les disques de 140 mm qui ont eux-mêmes pour voisins ceux de 160 mm, dépanner un coureur en course relève du casse-tête dès lors que chaque seconde compte à ces instants-là. Les voitures neutres de dépannage ne peuvent pas avoir tous les modèles de roues sur leurs galeries pour couvrir 100% des besoins car les possibilités sont trop nombreuses.
Si tout le monde attend certainement un hypothétique standard afin qu’une même roue arrière (neutre) puisse aller à un coureur de Deceuninck Quick Step tout comme de Total Direct Energie, pour l’heure la tendance est au dépannage… temporaire. C’est-à-dire que le coureur victime d’un incident roule quelques kilomètres avec un vélo neutre mis rapidement « à peu près » à ses cotes, le temps que son équipe soit informée et lui rende un vélo ou une roue adaptée.
Pour y voir plus clair, Vélo 101 a rencontré Francis Hottelet, qui s’occupait justement de l’assistance neutre sur l’Etoile de Bessèges et sur la Marseillaise et riche d’une expérience de 35 ans dans le domaine.
Assistance neutre sur la Marseillaise | © Vélo 101
Sur ces 2 courses, quel dispositif est mis en œuvre ?
– Nous avons 3 véhicules, deux devant et un à l’arrière. Sur chacun d’eux, sont placés des vélos et des roues dont des roues à disques.
Comment cela se répartit au niveau des tailles et type de roues ?
– Nous disposons de 2 tailles de vélos, en L et XL et tous sont équipés d’un blocage rapide au niveau de la selle afin de positionner au mieux les coureurs rapidement. Mais il s’agit donc d’une « assistance courte », pour ne pas perdre le contact avec la course et le peloton.
Jusqu’à présent, la question des roues c’était Campagnolo, Shimano ou Sram. Mais maintenant avec les disques, comment vous organisez ?
– Pour les roues à disques, c’est devant 160 mm et derrière 140 mm. Mais à ce sujet, il n’y a donc pas d’homogénéité entre les équipes. Ainsi, certaines équipes nous laissent leurs roues quand c’est spécifique. Ca devient très compliqué pour nous car s’ajoutent aussi les compatibilités de freinage ainsi que la question des 12 vitesses.
Finalement, le plus efficace reste que nous passions un vélo sur 3, 4 ou 5 km avant que l’équipe du coureur ne vienne le dépanner.
© Vélo 101
Sur les courses amateurs, la problématique est différente ?
– Oui, bien sûr. Le matériel est alors en moins grande nombre. On met plus de temps à dépanner et parfois le coureur qui a subi un souci mécanique finit la course avec l’un de nos vélos.
En plus, le souci est que chez les amateurs il y a plusieurs types de jantes (alu en plus du carbone) qui compliquent les choses.
C’est alors aux coureurs d’adapter leur freinage : il n’est pas possible de changer les patins en plus de la jante. Bien sûr, la situation n’est pas idéale si le coureur est équipé de patins pour roues alu et que nous lui changeons la roue pour du carbone mais encore une fois il s’agit là d’un dépannage qui ne doit pas s’éterniser. Le coureur n’a pas vocation à rouler comme ça pendant 150 km.
Si le coureur juge que son freinage est bon, il garde la roue jusqu’à la fin – c’est déjà arrivé. Si ce n’est pas le cas, il demande alors à changer la roue auprès de son équipe pour un modèle comme à l’origine.
A entendre votre discours, il apparait que vous attendez forcément une uniformisation des standards ?
– En ce qui concerne les disques, il y a déjà une norme avec le 140/140 mm. Mais ce n’est pas utilisé par tout le monde.
Cependant, l’uniformisation viendra quand tout le monde sera en disques. Il y a clairement du lobbying là dedans. Vous avez des équipes comme la FDJ qui a fait des tests avec son équipe Continental avec les disques et cette année c’est le tour des pros d’en être équipés.
D’ici 1 an ou 2, cela viendra forcément vers tout le monde.
Je ne serai pas là pour le voir car je serai à la retraite (rires) mais je pense qu’en 2022, 90% des équipes seront à disques.
Chez les amateurs et les pratiquants en général, cette tendance sera la même quoiqu’un peu plus lente car à cet horizon, on ne trouvera plus de vélos neufs avec des freins traditionnels. Et ceci, malheureusement.
Le freinage à patins sera relégué dans les musées.
© Vélo 101