Au delà de savoir quel est le matériel utilisé par les professionnels, la tendance est réellement donnée sur les composants que les pratiquants plus « normaux » utilisent ou vont utiliser dans un avenir proche. Parmi les aspects qui continuent de faire l’actualité de « radio peloton » le dimanche matin, figure toujours en bonne place la problématique des disques. Sur un tout récent stage à Calpe, nous avons intérrogé sur le sujet l’un des mécaniciens de l’équipe Deceuninck Quick Step.
Franck au réglage de l’un des vélos de l’équipe | © Vélo 101
Quels sont vos souvenirs liés à l’apparition des disques dans l’équipe ?
– Au début nous avons eu beaucoup de réticents. C’était donc en 2018 puis de plus en plus de coureurs se sont mis à l’utiliser et l’année dernière nous n’avions plus le choix : tous nos cadres étaient en disques. Ça s’est fait petit à petit. Et nous n’avons aucun problème.
Quelle a été la façon dont s’est passée la transition ?
– Au départ et pour ceux qui le voulaient, il était possible d’avoir les vélos à disques chez eux à l’entrainement, pour faire des tests. Puis plusieurs coureurs en course ont pu l’utiliser et en 2019 cela a été étendu à tout le monde. C’est aussi plus simple pour nous, dans la gestion des roues.
Les réticences, poids et freins qui touchent ?
– Au début, les « vieux » coureurs étaient dubitatifs par rapport aux changements de roue en ce qui concerne les réglages. Ici, il n’est pas possible de modifier aussi simplement que des vélos avec des patins, à moins de s’arrêter bien sûr. Ce qui n’est pas possible quand on doit opérer un changement très rapide. Le dépannage est aussi plus long, c’est sûr.
Cette arrivée des disques, elle était finalement écrite. Par rapport à l’industrie mais aussi l’UCI a mis en place cela progressivement. Comment l’avez-vous ressenti ?
– Les disques ne sont pas arrivés de nulle part puisque le système existait déjà depuis longtemps sur les VTT. Nous savions donc où nous mettions les pieds.
Quels ont été les 1ers coureurs à les adopter ?
– Zdenek Stybar. Il venait du cyclo cross et donc il les avait déjà. Bob Jungels en 2ème.
© Vélo 101
Avec les courses en ligne d’un côté et le Contre La Montre de l’autre, diriez-vous que dans le 2ème cas les disques se justifient davantage ?
– Pas forcément. Mais comme tout est à disques, c’est plus simple. En termes de rendement, je ne pourrais pas dire exactement quel est le meilleur.
En termes de maniabilité et sous réserve que l’ensemble soit bien réglé donc sans frottements, nous avons l’impression que les disques ont été un plus dans la victoire de Julian Alaphilippe sur le chrono pendant le Tour à Pau. Qu’en pensez-vous ?
– J’en suis certain. Cependant, en Contre La Montre du fait que l’on suit le coureur les problèmes sont rares car dès qu’ils sont décelés le coureur peut immédiatement changer de vélo.
Sous quel calendrier voyez-vous tous le peloton pro en disques ?
– Déjà en 2019, nous avons vu une nette augmentation du nombre d’équipes avec des disques. Dans les 2 ans à venir, ça sera pour tout le monde pareil.
Avec la règle des 6,8 kg pour limite, pensez-vous que nous y serons bientôt en disques ?
– Nous n’en sommes pas loin et le prochain sera au poids limite.
Le standard de 160 mm devant et 140 mm derrière n’est-il pas surdimensionné par rapport aux besoins sur route ?
– La question est que sur le Tour d’Italie dans les grosses descentes nous avons constaté que les freins chauffaient énormément. Il a donc été décidé de passer à 160 mm pour améliorer l’efficacité et surtout le refroidissement.
Au niveau des plaquettes, qu’en est-il ?
– Nous mettons des plaquettes en céramiques mais finalement nous ne les changeons pas très souvent, tous les mois ou mois et demi. Selon le nombre de cols évidemment.
Vous parliez des « vieux » coureurs et nous avons en tête Fabian Cancellara qui a eu du mal à passer au Di2. Quels ont été les derniers à faire de la résistance pour passer aux disques ?
– Je dirais qu’il s’agit de Philippe Gilbert qui a longtemps reculé là-dessus. Et pourtant, aujourd’hui qu’il est chez Lotto Soudal, et alors qu’il avait le choix entre les 2 systèmes de freinage, il est passé à disques.
© Vélo 101
Dans les catégories de jeunes notamment, nous voyons les coureurs avoir une clé pour faciliter le travail des mécanos lors du changement de roues. Qu’en est-il dans votre équipe, que recommandez-vous ?
– Nous avions fait ça lors de Paris-Roubaix, les vélos avaient un scotch avec une petite clé sur la tige de selle. J’ai le souvenir de Paris-Tours où Philippe Gilbert avait crevé sur l’un des secteurs mais il n’a rien pu faire. Aucun de ses collègues n’a pu l’aider.
Vous recommanderiez justement cela à un utilisateur amateur ?
– Pour le moment et pour un « cyclo », un blocage rapide normal, malgré la toute petite perte aérodynamique reste plus pratique.
Au niveau des matières et des blessures soi-disant causées par les disques comme lors de Paris-Roubaix, voyez-vous arriver de nouvelles choses ?
– A l’heure actuelle je n’ai pas reçu d’informations sur le sujet.
Le disque tel qu’il est aujourd’hui, est-il la version aboutie ?
– Oui, je le pense vraiment. Il faudrait qu’il y ait un accident grave pour que soit modifié tout le système. Mais, je ne le souhaite évidemment pas et j’imagine que l’on va rester comme ça avec le système actuel.