Les regards sont tournés vers la fin de saison mais après un mois de Juillet où Deceuninck Quick Step a particulièrement brillé grâce à Julian Alaphilippe (et Elia Viviani ne l’oublions pas, avec sa victoire sur la 4ème étape), c’est Remco Evenepoel qui illumine les écrans avec sa victoire sur la Claisca San Sebastian, pleine de panache et de précocité.
L’occasion était belle de faire parler l’un des mécaniciens de l’équipe, Nicolas Coosemans, rencontré à Nîmes en plein Tour de France. Il travaille pour l’équipe depuis 2013. Auparavant il œuvrait chez les jeunes de Topsport pendant 5 ans, après avoir été lui-même coureur pendant 12 ans au niveau Continental.
Nicolas Coosemans | © Vélo 101
-Quelle est pour vous la principale évolution que vous ayez connu entre l’augmentation du nombre de pignons, les disques, l’électronique ?
Pour moi qui regarde les sports mécaniques que sont la Formule 1 et la Moto GP, je trouve que le cyclisme a beaucoup changé depuis 5 ans. Mais sans que je puisse mettre en avant une avancée en particulier.
-Nous voyons l’ère du « tout disques », peut-être plus tard celle du mono plateau. Quelle évolution voyez-vous s’installer chez les pros ?
Il est certain qu’il y a un côté lié au marketing et aux constructeurs derrière tout cela. Mais pour cette raison, nous allons tous y venir. Dans 2-3 ans, il n’y aura que des freins à disques, à mon avis.
En ce qui concerne le mono plateau, je ne serais pas aussi affirmatif. Cela fonctionne déjà très bien en double plateau mais il faut rester à l’écoute et voir ce que les constructeurs vont sortir comme matériel.
– Vous êtes partenaires de Specialized. Qu’est-ce que cela fait de travailler avec une aussi grosse marque ?
Ils arrivent toujours vers nous avec quelque chose de nouveau. Ils innovent, ils cherchent toujours le petit truc qui peut améliorer les choses. Donc c’est très gratifiant de travailler avec eux.
– Regardez-vous ce qui se fait chez d’autres marques que Specialized ou chez des concurrents des marques qui vous équipent ?
Il y a 5 ans, Specialized avait probablement une grosse avance sur les concurrents mais vous savez que les marques s’épient entre elles donc la différence est peut-être moins grande aujourd’hui. Mais à mon avis, elle existe toujours donc pour être honnête je ne regarde pas trop du côté de la concurrence.
_ Quel est le côté le plus passionnant de ce métier ?
J’aime beaucoup les nouvelles technologies donc je mettrai ça en 1er. Je regarde toujours sur Internet les petites avancées, regarder les choses qui permettent de régler les petits soucis. Je suis un vrai passionné de matériel.
A côté de ce point, j’ajouterais aussi le fait d’être en voyage, d’être au cœur de la course. C’est une vraie vie de rêve pour moi.
– A l’inverse, quel est le côté le plus contraignant ?
Les voyages que j’aime par ailleurs, ne sont pas faciles pour la famille. J’ai une femme et 2 enfants donc il faut gérer cet aspect, parfois pesant.
Heureusement il existe aujourd’hui des moyens de communication permettant de se sentir encore proches, même en déplacement.
© Vélo 101
– Nous avons vu sur le Giro quelques changements de roues ou de vélo qui se sont mal passés. A l’instar de la Formule 1 et leurs changements de roue qui sont primordiaux, pensez-vous que les mécaniciens doivent s’exercer à ces changements ou les pousser véritablement une fois que les coureurs sont remis en selle ?
Non, nous ne travaillons pas cet aspect. Mais nous sommes habitués à faire ce genre de changement tous les jours donc finalement, l’entrainement se fait ainsi. Tout devient normal pour nous.
– Comment gérez-vous le fait d’avoir, sur les grandes courses comme le Tour que vous ferez pour la 1ère fois des gens qui viennent vous voir sur les parkings ? Le voyez-vous comme quelque chose qui vous met en valeur ou bien, est-ce une contrainte dans votre travail ?
Si nous mettons de la rubalise, les gens respectent cela et nous pouvons travailler dans de bonnes conditions en étant concentrés. Mais d’un autre côté, ce sont les spectateurs qui nous font réellement vivre. Donc, nous nous devons de respecter ça.
– Comment voyez-vous votre métier et vous dans 10 ans ?
A mon avis, cela va encore changer beaucoup du fait de l’évolution de la technique.
– Les coureurs communiquent de plus en plus à l’aide des réseaux sociaux. Et ils utilisent aussi des moyens comme WhatsApp pour communiquer avec leurs mécanos alors qu’avant il existait un contact systématiquement direct, par la force des choses. Comment abordez-vous cela ?
Nous avons un groupe Whatsapp sur chaque course. Nous les mécanos, nous faisons des propositions sur les roues ou les développements par exemple. Mais à la fin, ce sont eux qui prennent les décisions. Ils restent comme des pilotes dans le domaine du vélo.
– Quel est le coureur le plus méticuleux et le plus motivé pour tout ce qui touche la mécanique que vous ayez eu, entre tous les types de cyclistes, rouleurs, puncheurs, sprinteurs ou grimpeurs ? Comment est Julian Alaphilippe par exemple ?
Il y en a beaucoup. Ils connaissent bien le matériel, surtout aujourd’hui. J’aurais du mal à sortir un coureur du lot. A propos de Julian, ce n’est pas forcément quelqu’un qui arrive avec des idées pour innover. Mais il s’intéresse, il suit ce qui se fait et adopte les nouvelles choses si elles lui conviennent. Il aime surtout que son vélo soit parfait, ce qui est tout à fait normal. Par ailleurs, c’est quelqu’un qui est vraiment sympa avec nous.
– Quelles sont les gros moments de stress sur une course comme par exemple la présentation des vélos de chrono auprès des commissaires, afin qu’ils soient aux bonnes cotes ?
Dans le final d’une course finalement, c’est plus stressant. Comme par exemple avec le maillot jaune sur le Tour, cela ajoute du stress. Mais certainement du « bon stress ». Tout se passe bien au bout du compte. Ce n’est pas pareil qu’une classique d’un jour qui exige d’être concentré d’un bout à l’autre de la course.
Du côté des points WT Matériel 101 et au risque d’être redondant, aucun changement : en tête nous retrouvons toujours Specialized/Shimano/Roval, marques pour lesquelles Remco Evenepoel a ajouté des points.
© Vélo 101