Les Championnats Nationaux viennent de livrer leurs verdicts et si les coureurs ont le regard tourné vers le Tour, on peut imaginer que leurs vélos sont choyés avant que ne débute la Grand Messe de Juillet.
Alberto Bettiol / © Sirotti
C’est dans ces conditions que les performances des coureurs dépendent aussi du travail des mécaniciens, comme Jack Brown, rencontré à l’occasion du Ventoux Dénivelé Challenge. Jack est canadien et après avoir été mécanicien de l’équipe nationale, il a débuté dans le monde professionnel en 1993 chez Motorola, équipe dans laquelle il s’est régulièrement occupé du vélo d’un certain Lance Armstrong.
Depuis 2010 c’est dans la structure dirigée par Jonathan Vaughters qu’il officie et donc pour la 2ème année au sein de l’équipe EF Education First.
Quel est le côté le plus passionnant de ce métier ?
– Cela va vous sembler bizarre mais j’aime beaucoup coller les boyaux (rires).
A l’inverse, quel est le côté le plus contraignant ?
– Les voyages sur les courses, après 10h dans le camion de l’équipe je suis fatigué alors qu’il peut très bien y avoir une course dès le lendemain.
Quelles fonctions précises avez-vous généralement sur une course ?
– Sur le Ventoux Challenge Dénivelé par exemple, je suis dans la voiture de l’équipe qui suit directement le peloton. Mais nous essayons de tourner à chaque poste avec mes collègues mécaniciens.
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Quel est le coureur le plus méticuleux que vous ayez eu l’occasion de croiser ?
– Je peux le dire ? C’est Lance Amstrong. Je l’appelais Monsieur Millimètre pour tout ce qui touche aux mesures : cintre, hauteur et inclinaison de selle. Tout devait être très précis.
Quelle est pour vous la principale évolution que vous ayez connue entre l’augmentation du nombre de pignons, les disques, l’électronique ?
– Je dirais en 1er le dérailleur électronique mais aussi les Tubeless que nous utilisons sur les vélos de chronos. Comme je suis un peu ancien maintenant, j’ajouterais aussi l’évolution des matériaux : acier, aluminium et aujourd’hui carbone.
Au niveau des innovations, laquelle vous est apparu comme la plus difficile à gérer ?
– Je pense que c’est le vélo à disques. Les vélos à disques sont plus lourds, ils font rarement moins de 7 kg alors qu’en montagne on veut des vélos à la limite de 6,8 kg. Mais je pense que ces vélos parviendront bientôt à être à la limite UCI eux aussi.
A propos des disques, voyez-vous tout le peloton pro passer aux disques ? Si oui, à quelle échéance ?
Je pense que l’année prochaine, on sera proches de 100%.
Les spectateurs qui viennent vous voir, vous parler au moment où vous travaillez sur les vélos, comment le ressentez-vous ?
La plupart du temps ça se passe très bien et c’est agréable mais parfois ça devient trop, effectivement. Avant le départ, il y a beaucoup de personnes, une certaine agitation alors que dans le même temps nous devons rester concentrés.
Mais normalement les spectateurs de cyclisme sont gentils et respectueux. Et nous ne devons pas oublier que ces personnes sont souvent des amateurs qui pratiquent eux-mêmes et donc de potentiels clients des vélos que nous préparons.
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Croyez-vous au mono plateau ?
– Je suis septique. Le principal souci est qu’il il faut alors changer le dessin de tout le système de transmission. Je ne crois pas non plus que ce soit fiable pour l’heure.
Etudiez-vous ce que fait la concurrence ?
– A vrai dire, pas vraiment. Je suis déjà bien occupé avec notre propre matériel et je n’ai pas vraiment le temps d’autre chose. Même si, bien sûr je discute avec mes collègues d’autres équipes qui utilisent donc d’autres matériels. Cela arrive que nous confrontions nos ressentis mais cela ne vas pas plus loin en ce qui me concerne.
La vie d’une équipe, ce sont des changements de partenaires (roues, groupes, cadre). Vous le voyez comme une contrainte ou comme quelque chose qui vous passionne et qui va vers l’avant ?
– Il y a toujours quelque chose à apprendre. C’est le sponsor qui donne l’argent alors il faut suivre et ça me plait !
Avez-vous de gros moments de stress sur une course ?
– Les 30 dernières secondes avant le départ d’un de nos coureurs sur un chrono.
Comment voyez-vous votre métier et vous dans 10 ans ?
– J’ai presque 60 ans donc personnellement je me projette plus à 5 ans qu’à 10 ans (rires).
Pour le métier, c’est le matériel qui aura évolué : fin des boyaux, fin de la limite de poids, les disques pour tous. Et peut-être des courses pour les vélos électriques ?
Pour revenir au classement World Tour Matériel 101, nous nous dirigeons vers un copier-coller chaque semaine avec les marques Specialized, Shimano et Roval en tête. Le Tour de France pourra éventuellement inverser la tendance mais les 3 marques citées tiennent bon !
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