Pour 18 d’entre elles, celles du World Tour, qu’elles gagnent très fréquemment, comme Deceuninck Quickstep, Astana, Bora, ou plus rarement (Dimension Data, Trek Segafredo, Bahrain Merida), et même si c’est au Tour que les enjeux sportifs et financiers sont les plus élevés, cette présence est un droit et même une obligation d’office, dictés par les règles strictes de leur division d’élite.
A côté de cela, les 4 autres, Cofidis, Wanty Groupe Gobert, Arkea Samsic et Total Direct Energie ne doivent leur présence qu’au bon vouloir de l’organisateur, ASO. Si les deux premières se sont vues attribuer leurs sésame dès le moins de janvier, les deux dernières ont du attendre la mi-mars pour recevoir le leur, laissant éconduites les autres équipes Continentale Pro candidates, en particulier la toute jeune formation Vital Concept, qui devra encore attendre pour toucher le Graal d’une première participation à la Grande Boucle.
Warren Barguil | © Arkea Samsic
A la veille du Départ, presque 4 mois après la clôture du petit feuilleton hivernal qu’est chaque année la sélection des équipes invitées à participer au Tour de France, que peut on attendre cette année des coureurs des 4 équipes Continentale Pro ?
La gagne à tout prix
Comme cela a souvent été rappelé dans cette tribune, le Tour est une épreuve verrouillée, que ce soit en plaine par les équipes de sprinters, où en montagne, par les formations des favoris pour le classement général. Le verrou dont on parle ici est bien évidemment lié aux enjeux financiers extrêmes sur la plus grande course cycliste : pour une équipe donnée, un Tour est considéré comme parfaitement réussi si l’un de ses coureurs obtient une victoire d’étape. Et comme celles-ci ne sont qu’au nombre de 21, il n’y a pas une part de gâteau pour tout le monde, dès lors que certaines équipes gagnent plusieurs étapes. Le « prix » de l’étape est donc particulièrement élevé !
Dans ce contexte, la victoire d’étape – qui est aujourd’hui peu ou prou la quête ultime d’une équipe continentale Pro participant au Tour de France – est extrêmement difficile à obtenir : la dernière en date remonte à 2017, avec Lilian Calmejane victorieux aux Rousses, 2018 ayant été pour les Continentales Pro une année blanche, et on se rappelle du désarroi du même Calmejane après qu’il s’est heurté à la force collective des équipes World Tour, Trek et Astana en particulier, lors de l’étape de Carcassonne qu’il aurait tant voulu gagner.
Lilian Calmejane | © Sirotti
Et à ce stade, la comparaison est inévitable entre la réussite des équipes invitées sur le Tour et celle qu’elles rencontrent sur le Giro ou sur la Vuelta, où elles gagnent chaque année, avec en particulier deux victoires sur le dernier Giro pour Fausto Masnada de l’Androni Giocatolli et Damiano Cima de la Nippo Vini Fantini.
Il serait une bonne chose les équipes invitées puissent arriver au même niveau de succès sur le Tour, où elles semblent souvent devoir se contenter de figurer dans des échappées publicitaires qui n’ont que des chances extrêmement faibles d’aller au bout. Et la répétition immuable de ces échappées publicitaires infructueuses commence même à peser sur l’intérêt de la course et sur la motivation des coureurs concernés : il y a deux ans Yoann Offreddo avait fait des déclarations assez cash sur le manque de spectacle offert et sur le manque de motivation des coureurs qui pourraient viser certaines étapes de plaine ou vallonnées (déclarations que le peloton semble lui avoir fait payer en 2018 lors de l’étape de Dreux).
Jesus Herrada | © Sirotti
Des raisons d’espérer
Mais cette année pourrait être plus fructueuse. D’abord parce que le parcours, qui évite les vastes plaines de l’ouest est plus accidenté que d’habitude, ensuite parce que les équipes Continentales Pro invitées se présentent toutes les 4 avec des coureurs capables de très bien figurer et en bonne forme : chez Cofidis Jesus Herrada, maillot rouge sur la Vuelta 2018 sort d’une très belle victoire sur le Mont Ventoux, chez Wanty Guillaume Martin a montré au Dauphiné et au Championnat de France qu’il est en forte progression, Total Direct Energie s’est beaucoup renforcé et peut prétendre à des ambitions légitimes, forte de sa très longue et belle histoire sur le Tour, enfin chez Arkea Samsic Warren Barguil est de retour dans un maillot de Champion de France de très belle facture. Ces coureurs sont capables d’aller chercher une victoire d’étape après une longue échappée initiée par un bon groupe. Mais il ne faudra pas se rater car les possibilités se comptent sur les doigts de la main. Ainsi, en regardant froidement les chiffres, 4 à 6 échappées maximum pourraient se disputer la « gagne » sur autant d’étapes. Il faudra être sacrément fort pour l’emporter. Surtout si un Thomas de Gendt (ou tout autre épouvantail) se trouve au sein du groupe.
Pour autant, il y a une autre raison pour espérer une course dynamique de la part des 4 équipes Continentale Pro dès le km 0 : le Tour part de Belgique, une terre de cyclisme et de classiques où il est normal de « flinguer » dès le départ. Les coureurs de Total Direct Energie, qui avec le recrutement de Niki Terpstra ont commencé à développer une culture des classiques et ceux de la Wanty qui vont jouer à domicile, ont certainement des idées derrière la tête.
Guillaume Martin | © Sirotti