Bien avant que le premier coureur ne s’élance, la première étape du Tour de France, pour tout suiveur qui se respecte, c’est le passage entre les mains expertes des graphistes-décorateurs d’ESP. Sept hommes de l’ombre, dépêchés sur le Grand Départ de l’épreuve, dont l’une des missions est de mettre en lumière quelques 300 véhicules du Tour. D’un habillage simple à un covering complet, toutes les voitures de l’organisation, dont la fameuse voiture rouge de la direction, et certains véhicules de la caravane publicitaire (Vittel, Nesquik, le Coq Sportif…) sont stickés par la société basée à Mareuil-lès-Meaux. C’est du travail d’ESP que naissent l’âme et le prestige d’une voiture du Tour, que l’équipe managée par Thierry Martinez prendra soin de choyer sur les trois semaines de l’épreuve.
« La difficulté d’un habillage tel que celui-ci, c’est qu’il doit tenir trois semaines et s’enlever rapidement une fois le Tour terminé, concède le responsable d’ESP. Il faut s’adapter, quand nos produits sont faits pour durer, garantis sept ans pour certains. » Pour le Tour, les stickages ont été pensés différemment. Avec les surprises qui en découlent. « A Reims en 2010, plusieurs véhicules de la caravane Vittel se sont retrouvés à nu durant une nuit. Il a fallu refaire tous les marquages et repasser sur le Tour pour les rhabiller. » Des habillages intégraux qui, à l’échelle de la caravane Vittel, représentent 1 km² d’autocollants et nécessitent une matinée de travail, à raison de deux graphistes-décorateurs par véhicule. Un travail réalisé en amont du départ du Tour, bien entendu.
Mais l’activité d’ESP ne s’arrête pas à la décoration de la caravane automobile. « Nous réalisons tous les jeux de dossard dès leur officialisation, les plaques de cadre, les plaques pour le contre-la-montre, certaines arches et signalétiques… », poursuit Thierry Martinez. Et des dossards, le groupe en conçoit en abondance. Au départ du Tour, chaque coureur perçoit dix jeux de deux dossards, lequel jeu sera réapprovisionné en cours de route. Un dossard du Tour de France mesure 18×16,5 centimètres (20×20 pour le dossard unique d’un contre-la-montre). Il est autocollant, bien que la moitié du peloton opte encore pour l’ancestrale pose du dossard aux épingles à nourrice. Histoire d’éviter d’éventuels résidus de colle sur le maillot ou tout simplement de s’assurer de la bonne tenue de route du numéro placardé dans son dos. « On rencontre parfois un souci d’accroche en raison de l’évolution des matières textiles », confie le président.
Pas possible pour un coureur du Tour de France de partir sans dossard. Tout a été pensé, même pour les plus distraits. Aux jeux remis à chacune des vingt-deux formations s’ajoutent cinq jeux de secours disponibles au car-podium le matin et un jeu de 198 dossards présent dans la voiture de Laurent Bezault. S’adjoignent à tous ces dossards soigneusement préparés les dossards jaunes (meilleure équipe) et rouges (plus combatif) préparés en avance pour chaque numéro. Un savoir-faire remarquable qui s’inspire de la passion transmise par le fondateur d’ESP, Georges Barrateau, ancien pistard reconverti dans la peinture en lettres et reconnu par Henri Desgrange alors qu’il refaisait les marquages du Vel d’Hiv en 1938. A la reprise du Tour de France en 1947, Georges Barrateau et son équipe étaient de l’aventure. L’aventure dure toujours.