Cycliste amateur puis professionnelle, plusieurs fois dans le top 10 des Championnats de France, sélectionnée en équipe de France, le nom de Marion Sicot apparaît dans la presse grand public suite à un contrôle positif à l’EPO en juin 2019. Après des aveux dans Stade 2 quelques mois plus tard où elle avoue avoir pris une fois de l’EPO avant les championnats de France après avoir été harcelée sexuellement par le manager de son équipe, elle est suspendue 2 ans par l’AFLD et peut de nouveau concourir.
Dans le cadre de sa préparation pour son record, vélo101 a contacté Vincent Martins, son entraîneur, afin d’en savoir plus sur le projet.
Marion Sicot et son entraineur Vincent Martins au pied de l’Alpe d’Huez, théâtre de la tentative de record | © Sport Inspiration
Comment est née l’idée ?
– Elle date du premier confinement. Une athlète me contacte pour faire un 24 heures home-trainer. C’est un peu tôt pour Marion mais l’idée germe. Nous organisons fin avril un 24 heures home-trainer sur 4 jours puis nous prenons rendez-vous pour un 24 heures non-stop le 18 juillet 2020, pour l’anniversaire de sa suspension. Marion choisit l’Alpe d’Huez qu’elle n’a encore jamais gravi.
10 montées et un arrêt au bout de 19 heures mais la graine du projet de record est plantée.
Comment ont été choisi la date et lieu ?
– Marion a vite choisi l’Alpe d’Huez pour son côté mythique et avoir vécu cette expérience des 24 heures en 2020.
Initialement c’était prévu le 19 juillet pour la sortie de sa suspension mais nous avons décalé pour permettre de faire coïncider l’événement avec la sortie de son livre (Harcelée, dopée mais de retour aux éditions Blacklephant).
La date correspond au jour où le contrôle positif de Marion est apparu dans la presse, c’est aussi un beau symbole.
Ce sera moins favorable que juillet au niveau de l’ensoleillement avec quasiment 2 heures de jour en moins mais la chaleur, ennemie redoutable, sera normalement moins présente.
Le profil de l’Alpe d’Huez | © ASO
Comment avez-vous préparé ce record ?
– Nous avons utilisé le 18 juillet pour faire un test sur 12 heures en testant l’alimentation, les braquets, le tableau de marche, les temps de repos, l’organisation logistique.
Nous avons noté toute son alimentation, son poids au fur à mesure du test, sa glycémie, ses temps de passage…
Vous pouvez retrouver la préparation de cette tentative sur :
Elle a par exemple perdu 1,6 kg les 4 premières heures effectuées en pleine chaleur et nous avons réajusté l’hydratation. Au final il n’y avait plus qu’un déficit de 500 grammes en fin de test. De même je lui ai demandé de trop s’alimenter à certains moments, ce qui a provoqué un pic glycémique. Nous avons aussi optimisé le ravitaillement et la communication au fil du test.
Le rythme a été très régulier tout au long du test à 212 watts de moyenne en montée pour 8400 mètres de dénivelé, soit une belle avance sur le record établi par Stéphanie Gros (14624 m en mai 2016)
Deux mois avant, nous avons fait un test au Donon dans les Vosges, une montée de 20 minutes à la pente de 7%.
Il faut noter aussi que la pente moyenne oblige à produire une bonne dizaine de watts en plus pour la même vitesse ascensionnelle (84% de l’énergie va dans la lutte contre la gravité sur une pente à 7% contre 91% dans une pente à 10%, comme le pied de l’Alpe d’Huez).
Après 2 stages intenses dans les Alpes, Marion a aussi participé au triathlon d’Embrun le 15 août, où elle a fini 2ème. Elle est prête, il n’y a plus qu’à entretenir la forme.
Un test réussi sur 12h le 18 juillet | © Marion Sicot (Strava)
Quelle sera la logistique ?
– Nous serons environ 25 personnes sur l’événement. Dans le détail, cela donne :
* une dizaine de personnes de la société d’édition car un film documentaire sera tourné pour l’occasion.
* 5 personnes de la société de chronométrage Dag System assurera l’enregistrement de sa tentative pour la validation auprès du Guinness Book. La progression de Marion sera visible en direct sur le site de Marion (www.marionsicot.fr) avec sa localisation dans l’Alpe, le cumul du dénivelé, le temps, ses valeurs de puissance, de cadence et de fréquence cardiaque
*une équipe d’assistance composée de 3 personnes, Merryl, chargée du ravitaillement, Valentin, qui s’occupera de la mécanique et moi-même en charge des massages, de la gestion du tableau de marche et de la communication entre chaque élément.
* une voiture suiveuse la nuit et des cyclistes le jour la suivront d’une vingtaine de mètres pour filmer la tentative et permettre la diffusion en direct
* une équipe au kilomètre 0 de la montée pour permettre un demi-tour en toute sécurité.
3 balises de chronométrage seront disposées, une au kilomètre 0, une à La Garde au virage 16 (2,5 km à 10%) et une à Huez (8,6 km à 8,5%)
Il est prévu que Marion monte de jour jusqu’à Huez et qu’elle s’arrête à La Garde de nuit afin d’avoir un cycle montée-descente plus court, de monter moins haut et donc d’avoir une température plus favorable. Elle montera ponctuellement jusqu’à Huez, tant en terme psychologique pour éviter de faire des aller-retour de 2,5 km qu’en terme de récupération musculaire, la pente étant moins élevée entre La Garde et Huez.
3 à 4 pauses d’une quinzaine de minutes sont prévues pour des microsiestes, massages et changement de vêtements.
Quel matériel Marion utilisera ?
– Marion utilisera un vélo BH Ultralight Evo équipé de roues Lightweight et un capteur de puissance.
Le vélo sera équipé complétement en roulements céramique pour l’occasion.
Niveau braquet 50/34 à l’avant et une cassette 12/34 à l’arrière avec un final 28/30/32/34 permettant un meilleur étagement et plus de souplesse au niveau des changements de braquet.
Elle avait utilisé un 34/32 au mois de juillet mais avec la fatigue, le 34/34 permettra de garder une cadence autour des 60 rpm pour le pied de l’Alpe et ses pentes autour de 12%.
Sur quel rythme partira Marion ?
– Un tableau de marche prévisionnel a été défini et je l’actualiserai pour chaque pause. Un autocollant sur le vélo indiquera à Marion ses temps de passage à chaque virage. L’objectif est de ne pas aller trop vite sur les 18 premières heures. Ensuite ce sera en fonction de ce qui restera dans les jambes et la tête.
Elle devrait atteindre le record le dimanche vers 8 heures, soit 2 heures avant la fin de la tentative. Nous tablons sur environ 16000 mètres si les meilleures conditions sont réunies.
Rendez-vous samedi 18 septembre à 10 heures à Bourg d’Oisans