A propos de « grands » justement, si certains manqueront à l’appel (entre autres Vincenzo Nibali, Egan Bernal ou encore Michal Kwiawtowski) officiellement pour cause de méforme et de respect pour le maillot national, mais probablement davantage car le parcours les inspire moins, le spectacle devrait être au rendez-vous car tout le monde s’accorde à dire que le final anglais devrait se jouer entre puncheurs. De nombreux prétendants arrivent avec le bon timing au niveau de leur forme mais en ayant suivi des chemins différents pour y arriver. Voyons quelles routes les ont menés vers leur optimum.
La Vuelta comme meilleure préparation ?
Contrairement à ce qui a longtemps été pensé, le Tour d’Espagne n’est plus le passage absolument nécessaire pour briller sur la course au maillot irisé. Pour autant, à tout seigneur tout honneur, le Champion du Monde en titre Alejandro Valverde sort tout juste de son Tour national, tout comme il fait l’année dernière avec la réussite que l’on connait.
Mais il n’est pas le seul puisque 14 des 20 derniers Champions du Monde sortaient de la Vuelta. Avec 70% de réussite donc, la probabilité reste forte même si les 20 années écoulées prennent en compte des saisons où les préparations annexes via les courses canadiennes ou le Tour de Grande Bretagne (lire plus bas) n’étaient pas aussi pertinentes du fait d’une concurrence moindre.
Les enseignements tirés du Tour d’Espagne semblent clairement mettre en avant Alejandro Valverde une nouvelle fois. Il y visera un 2ème titre consécutif et il sera très probablement dans le final pour y jouer la gagne comme en attestent ses 10 places dans les 10ers dont 8 podiums. Il faudra qu’il se méfie d’un autre « ancien » avec Philippe Gilbert. Le Belge, vexé de ne pas avoir été retenu sur le Tour de France s’est mis en tête de reconquérir le maillot de Champion du Monde. Sa forme affichée sur les 3 semaines avec 2 victoires d’étapes tout en se jouant d’adversaires de haut niveau comme par exemple de Sam Bennett dans un long sprint à 2, plaide en sa faveur.
A un 2ème niveau (pour le moment), Jacob Fuglsang a retrouvé un bon coup de pédale en Espagne avec une belle victoire d’étape. Cela fait suite à un milieu de saison (Tour de France) qui n’avait pas été à la hauteur de son début de saison et même de son mois de Juin, victoire sur le Dauphiné Libéré à la clé. Quoi qu’il en soit, s’il retrouve ses jambes de Liège-Bastogne-Liège, il sera redoutable !
Valverde s’impose sur la Vuelta / ©Sirotti
C’est l’Amérique
Les conséquences du décalage horaire pour les sportifs en général et les cyclistes en particulier sont souvent difficiles à gérer pour être à 100% mais, pour les adeptes de la campagne de courses canadiennes le calendrier est ainsi fait qu’il y a suffisamment de temps entre les Grand Prix de Montréal et du Québec et le départ des Championnats du Monde. Le gros avantage de cette préparation est que les courses se disputent aussi sur un circuit, et sur un profil proche de celui qui sera offert aux coureurs la semaine prochaine dans le Yorkshire.
Certains coureurs dont Peter Sagan avait profité du voyage Outre Atlantique pour s’imposer un stage de montagne aux Etats-Unis. Rui Costa avait ouvert la voie en 2013 avec son titre à Florence après 2 places dans les 10ers sur les courses canadiennes tandis que le coureur slovaque avait lui-même aligné 2 titres en 2016 et 2017 en passant par Montréal et Québec (2 victoires sur les 2 éditions).
Greg Van Avermaet sera l’un des favoris pour les Championnats du Monde / ©CCC
La 3ème voie ?
Julian Alaphilippe était passé l’année dernière par un programme le menant au Tour de Slovaquie (victoire) et au Tour de Grande Bretagne (victoire) mais le probable fond de fatigue qui avait suivi ne l’avait pas permis de figurer dans la dernière ligne droite du Mondial d’Innsbrück. Michal Kwiatkowski et Mark Cavendish avaient gagné Outre-Manche, respectivement en 2011 et 2014 avant d’enfiler le maillot irisé.
Cette année, Mathieu Van der Poel s’y est montré intraitable en raflant tout ou presque sur son passage (3 victoires d’étapes et le général). Il suffit de revoir les images des arrivées où MVDP a été victorieux pour se rendre compte à quel point il y avait « lui et les autres ». Certes, il n’était pas face aux Alaphilippe, Mathews, Valverde, Van Avermaet ou Sagan dont il devra se défaire dimanche prochain mais la façon dont il s’est joué de Matteo Trentin a impressionné. Preuve de son explosivité, il avait usé des mêmes qualités pour s’imposer en Coupe du Monde VTT quelques semaines auparavant.
Mathieu Van der Poel fera jouer ses qualités d’explosivité / ©Tour of Britain
Par Olivier Dulaurent