Une édition pour laquelle 2500 cyclosportifs ont répondu présent, une situation déjà remarquable en soi au vu des contraintes et restrictions liées au contexte sanitaire que tout le monde connaît. Contraintes et restrictions magistralement gérées par l’organisation, avec la vérification des passes sanitaires (certificats de vaccination ou résultats de tests PCR ou antigéniques) pour les concurrents et accompagnants qui en avaient un, et pour les autres la possibilité de se faire tester jusque la veille de l’épreuve dans les structures publiques de la commune de départ.
Pour ce millésime 2021, un nouveau défi était proposé : gravir le dénivelé de l’Everest, 8848 m , en une seule journée, sur un parcours « Ultrafondo » de 242 km fort de 11 ascensions sur une grande boucle entre Verbier et Crans-Montana. A côté de ce monstre, deux parcours « Marmotte Granfondo » et « Mediofondo » plus classiques de respectivement 132 km pour 4700 m de dénivelé et 74 km pour 2850 m de dénivelé. Pour compléter le menu, une autre nouveauté sous la forme d’un parcours e-fondo de 34 km et 1950 m de dénivelé pour VTT à assistance électrique, en partie sur des chemins non goudronnés.
Une des nombreuses ascensions du parcours | © Tour des Stations
Pour faciliter la logistique des concurrents tous les départs étaient donnés depuis Le Châble, en bas de la station de Verbier, vers et depuis laquelle il était possible de monter ou descendre en voiture, à vélo ou avec le téléphérique, gratuit pour l’occasion pour les concurrents comme tous les transports publics de la région. L’animation et l’accueil sur le village-départ étaient assurés dès le jeudi, un village où les concurrents avaient la chance le vendredi de pouvoir rencontrer Alberto Contador dans une séance de dédicace organisée sur le stand où étaient présentées les vélos de la marque Aurum qu’il vient de créer en association avec Ivan Basso (de superbes machines !). Et le samedi, dès 4h du matin le Pistolero prenait le départ de l’Ultrafondo, en compagnie de 611 autres partants, les engagés sur les autres distances partant en 6 vagues jusqu’à 9h.
Jusque là, Business as Usual aurait son prolongement ici car les schémas des cyclosportives de ce genre ne varient pas beaucoup… Mais en l’occurrence il faut véritablement souligner la qualité de l’organisation et de l’accueil, surtout dans le contexte déjà évoqué : point d’attente nulle-part, larges aires de parking pour les voitures et les vans, horaires respectés au cordeau, information, cadeaux, boissons, ravitaillement de qualité et en quantité, nombreux bénévoles et stewards sur le parcours, voitures d’assistance et motos en nombre pour l’assistance et la sécurité, gratuité des transports publics, on l’a dit, pour les rapatriements, suivi des concurrents possible en ligne et en temps réel, mise en place d’une chaine YouTube ad hoc pour le suivi de la course, sans oublier bien sûr de superbes paysages…
En un mot, une organisation suisse… Mais une organisation qui s’est retrouvée mise à rude épreuve lorsque les orages, initialement annoncés pour la fin de l’après-midi se sont invités à la fête beaucoup plus tôt que prévu, faisant dégringoler les températures et mettant les concurrents, encore en grand nombre sur le parcours,sous un véritable déluge, et sous des éclairs menaçants. Et là encore, la gestion de la situation par les organisateurs a été complètement à la hauteur du dantesque des conditions météorologiques : les courses ont été très rapidement neutralisées, et les concurrents ont été incités à redescendre dans la vallée pour être rapatriés en train ou à se mettre à l’abri… Les restaurateurs du Valais ont pour l’occasion montré tout l’esprit de solidarité des gens de la montagne : pour ne citer que lui, le petit restaurant d’altitude du Col de la Croix-de–Cœur où se trouvait la ligne d’arrivée s’est ainsi transformé en un véritable refuge où les concurrents, trempés et frigorifiés ont pu être réchauffés par des couvertures et des bols de soupe, jusqu’à ce que des bus spécialement affrétés viennent les chercher pour les ramener à Verbier…
De superbes paysages partout sur l’épreuve | © Tour des Stations
Au final, bien que cette situation ait suscité un grand nombre d’abandons, avec seulement 33 concurrents sur 612 terminant l’Ultrafondo, quand 683 participants sur 1164 terminaient le Granfondo, le Mediofondo (619 classés sur 755 partants) et l’e-fondo étant davantage épargnés, l’impression générale que laisse cette édition est celle d’avoir vécu quelque chose de plus grand que juste une cyclosportive : un moment exceptionnel, dans des circonstances météo elles aussi exceptionnelles, pendant lequel les participants ont montré un esprit de solidarité et d’empathie mutuelle rares, et dont ils garderont un souvenir fort.
Une impression qui renvoie à la dimension épique du sport cycliste, et qui donne envie de retourner rouler dans le Valais.
Par Olivier Milliès-Lacroix
En compagnie d’Alberto Contador | © Vélo101