Une course qui célèbre cette année sa 25ème édition. Une course à l’accent chantant comme la cigale pardi ! Une course où fourmille un nombre impressionnant de coureurs, une course au pays de Pagnol qui constitue le dernier alexandrin de cette saison 2019. Parce que les points de vue offerts par les routes de la Sainte Baume sont fabuleux, cette course est plus qu’un simple alexandrin, c’est une fable à elle seule, « la cigale et la fourmi ». Dans les différents sas de départ les coureurs sont des cigales, ça parle, ça rigole, ça chambre, ça braille, ça chante… 8h30 au départ de Vaufrège, au pied de la Gineste c’est parti pour une chanson de 165 km.
Dès les premiers hectomètres le tempo est donné, le chant est rythmé, et pour beaucoup les BPM affichés par leur cardiofréquencemètre sont plus élevés que ceux de l’instrumental, bref ça va trop vite pour eux, beaucoup trop vite, et dur de vouloir aller plus vite que la musique. La faute à une équipe professionnelle Delko Marseille Provence KTM qui a décidé d’étirer le peloton dès le départ (consigne qui leur a été donnée a priori). Cela aura été la seule fausse note de cette journée. Beaucoup auraient préféré un départ un peu plus tranquille. La course est donc lancée très tôt le peloton principal est déjà bien maigre avant d’aborder les réelles difficultés du parcours. A commencer par la montée du Grand Caunet, qui sera fatale à bon nombre de coureurs asphyxiés par le rythme supersonique imprimé depuis le départ.
© Christophe Angot – www.photossports.com
Après une partie plus plane et descendante nous voici à Gemenos, au pied de l’Espigoulier, difficulté majeure du parcours. Le col de l’Espigoulier LA montagne des marseillais, si chère à leurs jambes. Les paysages sont singuliers, et pourtant il va falloir conjuguer au pluriel car après l’avoir gravi sur un rythme effréné par Gemenos, après la descente sur Nans les Pins il va falloir remonter. Tout ce qui monte redescend et ce qui descend remonte, c’est scientifique. Une remontée par une petite route boisée aux pourcentages irréguliers qui rallie les coureurs de Saint Zacharri à Plan d’Aups.
On a passé la barrière des 100km, la chaleur devient plus pesante (mais pas étouffante), les organismes commencent à souffrir. Certaines cigales chantent encore d’autres commencent à déchanter et à venir pleurer secours auprès de la fourmi. Mais cette dernière n’en a que faire, il va falloir se débrouiller pour rallier l’arrivée par ses propres moyens. Il reste alors 50 km au bas de la descente de l’Espigoulier, 50 km sans un mètre de plat sur des routes usantes, où tant est si bien qu’il nous en reste, il va falloir faire usage de la force. Notamment dans le col de la Gineste, gravi cette fois par cassis, qui sera le juge de paix de la course. Une course que remporte au sprint Stéphane Cognet devant Michaël Plantureux. Florent Gardella vient compléter ce podium de cadors.
© Christophe Angot – www.photossports.com
Une ligne d’arrivée que ne verra pas Nicolas Augugliaro, membre du team Trek Vélo 101, victime d’une lourde chute peu après le premier passage au sommet de l’Espigoulier. L’histoire d’un virage qui a mal tourné, qui est parti en dérapage. Souhaitons-lui un bon rétablissement. Nul doute qu’il reviendra revanchard en 2020 lui le marseillais de souche expatrié à Nice.
Ainsi s’achève cette belle fable, sur les vers du speaker attitré, fidèle depuis des années qui sait fédérer la foule, et donner à cette journée une ambiance conviviale et un brin nonchalante, une ambiance très marseillaise.
« Marseille » l’amour que je lui porte n’a pas son pareil alors pour elle, le stylo j’appareille à cette feuille blanche et ce texte apparait. Et ouais minot le soleil brille ici c’est le midi…moins le quart et coule une fontaine de Ricard. Un Ricard bien mérité après une saison très enivrante.
Si quelques cigales continueront de chanter le weekend prochain à la Haute Route du Ventoux, pour beaucoup les bosses de Provence sont la dernière rime, la dernière punchline, la dernière partition de l’année.
Plus rien à se mettre sous la dent jusqu’à l’année prochaine, voilà déjà la cigale affamée. Mais comment va-t-elle survivre ? La famine va sévir à coup sûr, elle qui n’a pas pensé à faire des provisions, qui tout au long de la saison s’est dépensée sans compter. Que faire ? Il ne lui reste plus qu’à danser maintenant.
© Christophe Angot – www.photossports.com