Le défi est de taille mais l’équipe qui se trouve derrière le projet est à la fois très passionnée et très motivé pour réussir là où les salons de Paris et de Lyon ont récemment échoué.
Nous avons recueilli les propos de Laurent Vendittelli, coordinateur pour le Comité Départemental de Cyclisme FFC, dont le regard sur les sujets liés à cette organisation sont particulièrement intéressants.
– Vous en êtes à l’édition 3 de Avignon Vélo Passion, quelle a été l’évolution entre les deux 1ères éditions ?
Globalement, entre 2018 pour la première édition et 2019 pour la seconde, il y a eu très peu d’évolutions. En effet, nous souhaitions répéter le format afin de l’affiner, le perfectionner et le renforcer… surtout dans les coulisses : organisation générale, coordination des services etc… En 2019, nous avions donc la course de draisienne, l’indoor de BMX, la rando VTT, l’indoor de Cyclo-Cross, la bourse aux vélos, la course sur route, les Old School, les scolaires, le salon des exposants, les ateliers, les initiations etc…
– Quelles sont les personnes qui ont été au démarrage du salon ?
Initialement, c’est un rendez-vous avec Mme le Maire, Mme Cécile Helle qui a tout déclenché. Je l’ai rencontrée pour lui demander si Avignon était prêt à soutenir et/ou accepter des évènements sportifs sur la ville, et en particulier au Parc Expos. L’idée d’un indoor de BMX trainait depuis 30 ans, et en tant que responsable de la commission BMX Vaucluse, je me suis lancé. A cela, Georges Garcia, président du comité départemental a souhaité combiner un évènement réunissant toutes les disciplines du vélo et pas uniquement le BMX. Nous avons rencontré M. Castelli, maire de Montfavet et les responsables du Parc Expos pour leur présenter un projet de « Salon du Vélo » et c’est devenu Avignon Vélo Passion.
© Avignon Tourisme / Franck Mariotti
– Il semble que vous mettiez plus l’accent sur des compétitions indoor cette année, c’est une orientation pour le futur ?
Au vu des conditions météos de ces deux dernières années et de la période choisie pour l’évènement, nous souhaitons présenter un maximum d’activités en intérieur pour satisfaire tous les protagonistes, les compétiteurs mais également le public qui peut découvrir les activités cyclistes dans des conditions agréables. Il est évident, que dans le futur, nous souhaitons nous étendre dans l’ensemble des halls du Parc Expos, en parvenant à convaincre de nouvelles activités de nous rejoindre : le E-Cyclisme, Cycle Ball ou le Cyclisme Artistique en font partie.
– Indoor plutôt que Outdoor, on pense au VTT et au cyclo-cross, pourquoi ne pas aller dans cette voie ?
Pour les mêmes raisons exposées dans la question précédente, Avignon Vélo Passion c’est la promotion des pratiques cyclistes dans leur ensemble, un mélange entre ceux qui font du vélo pour le plaisir, pour aller au travail ou à l’école jusqu’au compétiteur. Si le VTT et le cyclo-cross deviennent des compétitions officielles intégrées dans des calendriers de compétition, nous réfléchirons alors à des circuits en extérieur et adaptés aux différents niveaux de compétitions. Mais pour l’instant, ce sont des « concepts », basés sur la proximité du public qui peut assister à un maximum de choses sans forcément faire des kilomètres pour tout voir, des « compétitions d’un jour » accessible au plus grand nombre et au format spécifique pour AVP.
– Combien d’exposants et de visiteurs attendez-vous ?
Nous avons une quarantaine d’exposants et nous espérons 13 à 15000 visiteurs cette année. Depuis 2 ans, nous accueillons autour de 10000 visiteurs payants, il est évident que nous espérons en avoir plus chaque année pour que l’évènement trouve sa place et devienne un rendez-vous incontournable du vélo en début d’année. Si nous avons entre 13000 et 15000 personnes en 2020, je pense que nous serons très heureux. Nous avons beaucoup d’exposants qui présenteront du matériel provenant du Cyclisme Traditionnel, le VTT et bien sur les vélos électriques, les vélos de ville, les pratiques féminines, à découvrir aussi le vélo Cargo… Les accessoires seront là aussi avec vêtements, équipements de sécurité ou l’espace Mobilité Urbaine que nous aménageons cette année avec l’aide de tous nos exposants. Nous les remercions chaleureusement pour leur confiance et leur présence, certains depuis la 1ère édition.
© Avignon Tourisme / Franck Mariotti
– Les exposants sont prioritairement des magasins locaux, selon-vous pourquoi les marques ne se déplacent pas pour exposer leurs nouveautés 2020 ?
Les marques ne se déplacent pas car elles considèrent que nous ne recevons pas suffisamment de visiteurs pour cela. Cependant, elles soutiennent à leur façon les magasins locaux qui profitent de l’évènement pour se constituer une clientèle. Cela dit, il est légitime de compter sur les forces du département et de la région, car ce sont les magasins qui font le lien sur le terrain entre le public, les compétiteurs, les clubs et tous les intervenants toute l’année pour les différentes pratiques cyclistes. Souvenons-nous qu’AVP souhaite mettre en avant les « pratiques » dans leur ensemble et pas uniquement la compétition. Gardons un minimum d’humilité, il y a des évènements divers en France autour du vélo depuis de nombreuses années, nous devons être patients pour convaincre les distributeurs et les marques de nous rejoindre… mais rassurez-vous, ça avance…
– Le BMX bénéficie-t-il d’un effet Jeux Olympiques, depuis 2008 ? Toutes pratiques confondues ou seulement le BMX format olympique ?
En effet, le BMX bénéficie d’une belle vitrine depuis les JO de Pékin et la victoire d’Anne-Caroline Chausson et la médaille d’argent de Laetitia Le Corguillé, c’est une évidence. Le travail des clubs de BMX, qui se sont structurés et professionnalisés depuis 20 ans a permis d’augmenter les effectifs de façon considérable, pour exemple, le BMX Pernois possède 250 licenciés actuellement avec 2 entraîneurs salariés à temps plein… et ce ne sont pas les seuls. Pour 2020, le BMX Park fait son entrée aux JO à Tokyo, qui plus est avec Anthony JeanJean (présent sur AVP depuis les deux premières éditions) et qui revient nous faire le show cette année.
– Considérez-vous toujours que AVP pourra prendre la place incontournable de salon du vélo de début d’année ?
Nous travaillons pour cela toute l’année, personne ne fait quelque chose pour que cela ne fonctionne pas. Nous pensons qu’avec AVP en début d’année, le FISE en mai et le Roc d’Azur en Octobre, avec des concepts différents, les amoureux du vélo ont un large choix d’évènements pour leur plus grand plaisir. Nous n’avons pas l’aura de ces deux autres rendez-vous qui sont là depuis bien plus longtemps que nous… mais il me semble que les premières années, il n’y avait pas autant de visiteurs qu’aujourd’hui… patience et travail sont notre force. C’est aussi la volonté des supports de communication comme Vélo 101 de présenter une image positive et dynamique de notre évènement, ainsi que toutes celles et ceux qui aiment le vélo.
© Avignon Tourisme / Franck Mariotti
– Du point de vue de l’organisateur, un salon réussi ça passe par quoi ?
Il y a plusieurs points et plusieurs aspects, la réussite passe déjà par la reconduction de l’évènement chaque année, et pour cela on ne remerciera jamais assez la ville d’Avignon, Avignon Tourisme et toutes les équipes du Parc Expos pour leur confiance. Continuer, c’est prouver que cela fonctionne et que cela peut prendre de l’importance. Ensuite, ça passe forcément par l’augmentation du nombre de visiteurs, mais aussi notre volonté d’apporter une qualité d’organisation avec la prise en compte des remarques de nos exposants, compétiteurs, bénévoles ou visiteurs. Enfin, je pense quand même qu’une météo favorable apportera une satisfaction totale et que nos exposants sont heureux de voir du monde. Cela passera aussi par une bonne ambiance entre tous les membres de l’équipe, les gens et toutes celles et ceux qui apporteront une image positive de l’évènement. Si des enfants ont les yeux qui brillent à la sortie d’AVP, que des personnes trouvent leur bonheur dans un vélo adapté à leur travail ou que de nouveaux pratiquants parcourent les routes du département et du monde entier grâce à AVP, ce sera une réussite aussi.
– Quelles sont les principales marques de vélos et d’accessoires que vous attendez ?
C’est un peu long d’énumérer toutes les marques représentées, mais nous aurons évidemment Giant Avignon puisque c’est le partenaire historique depuis la première édition. Ultime Bike sera là avec les gammes Cannondale, GT, Shimano et ensuite les autres exposants avec Bergamont, Specialized, Scott, Sunn, Cube, Castelli, Focus, Kona, KTM, Proxy Cycle, Néomouv, Orbea, Rotwild, Douze Cycles, PSIR, Tern, BH, Cicada,… des marques de vélo, d’accessoires et de prestige que nous retrouverons sur les stands des exposants présents dans le Hall B, du vendredi au dimanche.
– Est-ce la présence d’épreuves de BMX qui vous a poussés vers Avignon alors que la plupart des distributeurs sont en région parisienne ?
Ce qui nous a poussé vers Avignon avant tout, c’est l’amour de notre département, de notre région et le souhait de promouvoir les pratiques cyclistes autour de nous. Nous sommes les représentants du Comité Départemental de Vaucluse FFC et nous avons pour mission d’aider au développement des activités cyclistes… Par sa position géographique, Avignon est le carrefour entre le haut de la France, le côté Espagne et le côté Italie… Les distributeurs vont à Fréjus au mois d’Octobre, et peuvent très bien faire 200 kilomètres de moins pour venir à Avignon dans les prochaines années.
– Que pensez-vous de la désaffection de « grosses » marques de cycles (préférant les rassemblements autour de leur enseigne) pour les salons ?
Je pense que c’est un sujet très vaste, car il peut exister des tas de raisons de quitter progressivement les salons… le monde évolue en permanence, sans oublier qu’un évènement quel qu’il soit doit pouvoir convaincre et se mettre au gout du jour en permanence. On ne peut pas jouer uniquement sur la réputation, si cela devient lassant et trop répétitif, les gens peuvent changer de lieu. Les marques signent parfois des partenariats avec des stations, des villes, des lieux divers, des magasins et préfèrent se déplacer au cœur du public sans avoir les concurrents directs à côté d’eux comme sur les salons… et puis la question financière est également une raison importante, cela représente un investissement non négligeable. De notre côté, nous devons convaincre que notre Salon, la ville et le département ont des atouts et nous travaillons pour cela.
– Pouvez-vous nous dire pourquoi votre salon va réussir alors que les salons de Paris et de Lyon n’ont pas tenu la distance ?
Il va réussir car nous sommes déterminés, même si j’imagine bien qu’à Paris et Lyon, ils l’étaient aussi ! Et puis notre concept est particulier avec une réunion de compétitions sportives qui se développent au fil des ans. Toutes les épreuves que nous avons doivent impérativement s’inscrire dans les calendriers de début (ou de fin de saison). Nous aurons et avons déjà les compétiteurs, les accompagnateurs, les spectateurs et puis profiter de ces évènements pour attirer les amateurs et le public de masse. Nos épreuves vont s’étoffer et s’ouvrir au grand public… avec des thèmes qui se renforcent : la mobilité urbaine, le déplacement à l’école, la sécurité routière, le déplacement au travail… l’initiation, la découverte, l’écologie… des concepts divers… nous devons progresser et avancer par étapes tout simplement. Nous avons aussi une équipe réunie dans la passion, et je crois fermement que « l’amour » du vélo sous toutes ses formes est le propre de nos pratiques… la transversalité des disciplines, un vélo reste un vélo… qu’on aime le BMX, le VTT, le trial ou la route…
– N’y a-t-il pas un effet Internet avec toutes les infos et photos disponibles en quelques clics dans la certaine désaffection pour les salons ?
C’est possible, mais notre but n’est pas non plus de nous préoccuper sans cesse de la désaffection des salons. Des évènements se créent chaque jour et d’autres disparaissent aussi… c’est ainsi que va la vie, je n’ai pas à juger si tel ou tel organisateur a fait le bon ou le mauvais choix et quelles sont les raisons, même s’il faut s’en inspirer pour avancer. La seule question que l’on peut se poser, c’est de savoir où sont les absents ? Certains pratiquants ou représentants des fédérations ou présidents d’associations ou responsables ou élus ou des médias… qui ne viennent pas ou ne nous accompagnent pas alors qu’ils sont sur place ou dans la région ? Cela arrive, on ne doit pas chercher à les convaincre, mais leur absence et leur manque de soutien peut être une des raisons principales au découragement des organisateurs, alors qu’on leur sert un évènement sur un plateau. Et puis une présence sur place, vivre les évènements en direct vaut milles photos ou clics sur internet…
– Le succès d’un tel événement ne tient-il pas dans la possibilité d’essayer le matériel ?
Il y aura 2 zones d’essais sur AVP cette année, une juste derrière le Hall B et une autre sur l’esplanade entre le circuit de Cyclo-Cross et l’épreuve de Dirt. Les exposants pourront alors accompagner les visiteurs sur des séances d’essais et de ressentis sur le matériel présenté pendant le salon.
Enfin, je tiens à vous remercier pour nous permettre de nous exprimer à travers cette interview, un grand merci également à tous les organisateurs : Mme Méjean et toutes ses équipes, Frédéric Plauche (CX et VTT – VC Le Thor Gadagne), Stéphane Cecarelli (Trial), Gérard Garcia (Dirt et Flat), Christiant Martinez (Indoor BMX), Channey Guennet (Pump Track), Lionel Beccari (Communication), Noémie (exposants), Marine (coordinatrice) et Patrick (Technique) ainsi que toutes celles et ceux qui croient en nous.
L’équipe de Avignon Vélo Passion | © AVP