Pour rappel, cette équipe est le prolongement de BKCP-Powerplus devenue Corendon-Circus. Pour 2020, elle court avec une licence UCI Pro Team, c’est-à-dire en 2ème division.
Pour l’heure il est difficile de trouver un chiffre exact concernant le budget de fonctionnement de l’équipe mais Philip Roodhooft qui dirige la structure avec son frère Christoph parle de « moins de 10 millions d’euros ». Pour situer ces chiffres dans le contexte du cyclisme pro, AG2R La Mondiale est à 16, FDJ-Groupama à 19 et Ineos (le plus gros budget du cyclisme pro) arrive à 39 millions d’euros annuels.
© Alpecin-Fenix
Le cyclisme, un excellent vecteur de communication
Les annonceurs potentiels ne le savent pas tous (encore) mais investir dans le cyclisme est un excellent moyen d’augmenter sa notoriété. En termes de pourcentage de retour sur investissement, il s’agit là d’une bien meilleure méthode que celle de placer des spots à la TV, ou de s’intéresser au football ou à la voile dont les mises de départ sont incroyablement élevées. Par exemple, le seul Neymar qui évolue toujours au PSG « coutait » 180 millions d’euros fin 2019. Soit 4,5 fois le plus gros budget du cyclisme pro et environ 20 fois celui de l’équipe qui nous intéresse ici : Alpecin-Fenix.
Si l’on regarde de plus près AG2R La Mondiale, entre janvier et septembre 2017, l’équipe a généré un équivalent publicitaire de 100 millions d’euros HT d’achats d’espaces (étude Occurrence) soit 7 fois leur budget annuel, sur seulement 9 mois d’exploitation (correspondant à l’immense majorité de la saison sur route).
Yvon Breton, l’ancien directeur général délégué d’AG2R – La Mondiale expliquait alors que « le cyclisme offrait sans aucun doute le meilleur rapport qualité/prix du sponsoring sportif ». Et il ajoutait que « cet exceptionnel rapport qualité/prix est dû notamment au fait que ce sport offre une visualité médiatique importante dans beaucoup de médias et la citation systématique de la marque du sponsor, ce qu’offrent peu de sports. »
Cependant, et surtout s’agissant d’une équipe française, une grosse partie de ces retombées est liée à la participation au Tour de France. Dès lors, il est plus facile de comprendre les réactions mêlées de joie et de soulagement, de Jérôme Pineau qui a appris ces derniers que son équipe B&B Hotels-Vital Concept allait participer à l’épreuve française en 2020 après l’avoir manqué de peu ces dernières années, au profit d’autres équipes françaises. Il est évident que les sponsors derrière l’équipe avaient fait de cette participation une condition nécessaire à la poursuite de l’engagement.
Romain Bardet et Kenny Elissonde sur le Tour Down Under 2020 | © AG2R La Mondiale
Le « rapport qualité/prix » d’Alpecin-Fenix
Mais puisque nous évoquons ici le retour sur investissement, que dire d’Alpecin-Fenix dont le budget est environ 2 fois plus faible que ceux d’AG2R La Mondiale et FDJ Groupama alors que toute l’année l’équipe apparait sur tous les supports à travers son porte drapeau Mathieu Van der Poel ? Pour rappel, en 2019 le petit fils de Raymond Poulidor a été le cycliste le plus titré de la saison puisqu’il a remporté un total de 53 (!) victoires dans les trois disciplines dans lesquelles il a participés. Ceci donne ainsi 11 victoires sur route, 28 en cyclo-cross (sur 29 courses disputées !) et 14 en VTT (en comptant les victoires sur les Short Race en Coupe du Monde). Certes, une victoire sur un cyclo-cross peu connu au fin fond de la Belgique a forcément eu moins de retombées que sa victoire avec la manière sur l’Amstel Godl Race mais en lissant sur l’année complète, Mathieu Van der Poel gagne une course de vélo tous les 6,9 jours ! Sur la même période, AG2R La Mondiale c’est 14 victoires sur route et un beau titre de Champion de France de cyclo-cross avec Clément Venturini… qui n’exploite malheureusement que trop peu son talent dans les sous-bois et limite ainsi une exposition médiatique qui semblerait relativement facile à obtenir.
Mathieu Van der Poel s’écroule après l’arrivée de l’Amstel 2019 | © Alpecin-Fenix
A l’inverse, « MVDP » en gagnant sur tous les terrains et toute l’année permet à ses sponsors et ses partenaires d’être exposés sur le devant de la scène, tout ceci pour un investissement « modeste » par rapport au nombre de fois où le nom et l’équipe sont citées. Nous imaginons à quel point un partenaire technique tel que Canyon peut se frotter les mains, en termes de chiffres de vente pour les VTT, cyclo-cross et route.
Il est d’ailleurs presque étonnant qu’un sponsor de type Ineos n’ait pas encore mis un énorme billet sur la table pour s’attacher les services du champion néerlandais en lui demandant gentiment de remporter, en plus de tout le reste, quelques étapes sur le Tour de France…
Antoine Benoist | © Alpecin-Fenix
Et cette démonstration n’est faite qu’avec le seul Mathieu Van der Poel, mais s’il est évidemment le coureur le plus emblématique de l’équipe, n’oublions pas non plus ses « collègues » qu’ils soient masculins ou féminins et qui brillent aussi sur tous les terrains, comme par exemple Antoine Benoist ou Ceylin Alvarado (qui vise le titre mondial Elites dans quelques jours alors qu’elle pourrait encore courir en Espoirs) en cyclo-cross.
Ceylin Alvarado | © Alpecin-Fenix
Par Olivier Dulaurent