Mais c’était sans compter sur une chute lors du Tour du Pays Basque qui a provoqué plus de peur que de mal : survenue à 70 km/h, elle aurait pu avoir des conséquences bien plus graves pour le coureur français qui s’en est tiré sans « casse » et en ayant simplement mis le vélo de côté pendant 3 jours. Mais quand on connait le niveau du cyclisme d’aujourd’hui, la préparation de Julian Alaphilippe a forcément été remise en cause car il est évident que le 4ème jour qui a suivi la chute n’a pas pu être un jour d’entrainement normal.
Dès lors, il faut bien s’en remettre à la Flèche Brabançonne disputée mercredi pour tenter de juger du niveau physique du coureur de Deceuninck Quick Step. Avec sa 2ème place et son côté remuant dans les derniers kilomètres, il serait malhonnête de dire que cette sortie a été ratée. Mais voilà, Julian nous a maintenant habitué à faire mouche quasi systématiquement. Que ce soit sur son terrain du punch, lors des Strade Bianche ou au Pays Basque, dans un sprint en petit comité en réglant des coureurs supposés plus rapides que lui (sur Milan San Remo) ou même à une arrivée groupée comme sur Tirreno Adriatico.
Julian Alaphilippe à l’attaque sur la Flèche Brabançonne | © Deceuninck-Quick-Step
Mercredi donc, ses dernières attaques n’ont pas « sorti de la roue » des coureurs tels que Tim Wellens ou Michael Matthews qui ont pu s’accrocher jusqu’à la dernière ligne droite. Mais c’est bien Mathieu Van der Poel qui a marqué les esprits. Au-delà de son sprint victorieux car sa pointe de vitesse est redoutable, c’est la facilité du petit fils de Raymond Poulidor qui a impressionné, justement sur un registre proche de celui de Julian Alaphilippe : l’explosivité. Et c’est bien cette caractéristique qui permet de briller sur l’enchainement Amstel Gold Race – Flèche Wallonne – Liège Bastogne Liège.
Et Mathieu Van der Poel pourrait bien être l’os sur lequel Julian Alaphilippe pourrait tomber car le 1er nommé a déjà démontré cette année que l’endurance associée à la résistance sur les plus longues épreuves seraient 2 atouts supplémentaires dans son jeu, la barrière des 250 km n’en étant pas une pour lui.
Mathieu Van der Poel victorieux sur la Flèche Brabançonne | © Sirotti
Pour autant, les Ardennaises ne se résumeront évidemment pas à un duel entre ces 2 coureurs. Car Peter Sagan qui a décidé de prolonger d’une semaine sa campagne de classiques, finira bien par redevenir à un moment ou un autre de la saison, le Peter Sagan dominateur que nous connaissons. Alejandro Valverde qui n’a probablement plus son rendement de 2018, jettera certainement toutes ses forces de quasi quarantenaire dans l’une des 3 courses.
Michael Woods, discret mais toujours présent (3ème des Championnats du Monde 2018 sur un parcours réclamant des qualités proches de celles demandées la semaine prochaine) finira bien par en claquer une belle.
N’oublions pas non plus un autre aspect tournant habituellement à l’avantage de Julian est la force de son équipe. En effet, à la manière de Bob Jungels son coéquipier échappé puis victorieux sur Liège Bastogne Liège 2018, il est facile d’imaginer que si l’un des costauds de son équipe Deceuninck Quick Step s’isole dans les derniers kilomètres, Julian sera contraint d’en contrôler la fugue. C’est évidemment un immense point fort de l’équipe, mais elle ne sera pas forcément dédiée entièrement à sa cause durant les 3 courses, comme avaient pu l’être l’équipe Gerolsteiner pour Davide Rebellin en 2004 et Omega Pharma Lotto pour Philippe Gilbert en 2011.
Quoi qu’il en soit, avec 2 coureurs ayant réussi cet enchainement de 3 victoires en 8 jours lors des 20 dernières années, il apparait que l’exploit n’est pas « rare » dans le cyclisme moderne et que « lorsque c’est dur, c’est plus facile ». Sous entendu, pour le coureur qui domine physiquement largement tous ses adversaires sur de tels parcours.
La question à laquelle le principal concerné devra finalement répondre serait : à quel Julian Alaphilippe aura-t-on droit, celui de Milan San Remo ou celui de la Flèche Brabançonne ?
Julian Alaphilippe en route vers le triplé ? | © Deceuninck-Quick-Step
Par Olivier Dulaurent