Le 22ème salon Eurobike a refermé ses portes samedi 31 août sur une journée record pour les visiteurs. 20 411 entrées. Rapporté à l’étendue du salon (onze fois le stade de France), on pourrait penser que c’est tout relatif, mais au vu des 1883 représentants de médias venus de 45 pays, plus de 45 000 visiteurs professionnels venus de 111 pays , le salon Eurobike est bien le premier au monde pour l’industrie du vélo et il donne la tendance de ce que sera l’année à venir pour le monde du cycle. En quelques mots ou chiffres : VAE, 27,5″, 29″, disques, légèreté. L’importance de ce salon a été soulignée, si besoin était, par la présence de la chancelière Angela Merkel venue arpenter les allées mercredi, en campagne pour les législatives certes, mais à elle seule elle montre et démontre la place que prend le vélo sous toutes ses formes dans la vie quotidienne de plus en plus de citoyens du monde. En un mot le vélo va bien et c’est tant mieux.
Première grosse tendance donc, le vélo à assistance électrique (VAE), qui amène les organisateurs à de plus en plus pousser les murs pour installer les exposants, en particulier dans le hall A2 où un nouvel arrivant comme Cannondale a pris sa place alors que les gammes traditionnelles GT/Sugoï, Cannondale étaient présentes à leurs emplacements habituels. Une gamme complémentaire pour les grandes marques qui y viennent de plus en plus comme BH ou KTM ou un début de positionnement sur un segment comme Lapierre avec deux modèles de VTT électriques.
Le marché se développe, ceux qui arpentent les cols en été voient de plus en plus de dépassements avec un léger bruit de moteur ou comment allier sport, déplacement et dépassement donc, le tout avec maîtrise, que ce soit en ville pour aller au travail ou en dehors pour tous les usages. Côté revendeurs, au-delà d’amener un public nouveau au vélo, le VAE amène une augmentation du panier moyen, jamais négligeable, même si les immobilisations sont plus importantes. Côté compétitions, on commence à voir des catégories VTT électriques, comme sur la Transvésubienne. On ne devrait pas tarder à voir fleurir la même chose sur la route, que ce soit sur des cyclos ou plus vite encore sur des montées de cols où il faudra allier performance, pédalage et économie plus autonomie des batteries.
Côté VTT, le titre olympique de Jaroslav Kulhavy sur Specialized en 2012 avait donné la tendance : le 29″ est là et bien là, avec pas loin de 75 % du marché, largement vainqueur devant le 27,5 qui apporte plus de nervosité et loin devant le 26″ qui sert d’entrée de gamme ou disparaît quasiment comme chez Scott. Le marché du VTT vit donc sa valse des chiffres avec plaisir car derrière cette révolution dans les dimensions de roues, on bouleverse pas mal de postes, accessoires comme fourches, roues, pneus, etc. Et c’est toute l’industrie du VTT qui en bénéficie. Ce phénomène plus la maturation de l’enduro avec une Coupe du Monde qui a encore besoin de s’affiner mais qui est tout de même bien née ont non seulement multiplié les références chez les fournisseurs et les magasins mais bien au-delà redynamisé un marché qui avait du mal à se renouveler.
Les grandes années du boom du VTT où les Sunn 5003 étaient vendus avant d’être sortis du carton sont loin derrière ! Le monde du VTT vient donc sur le terrain de la route côté dimensions des roues. Ce qui prouve au passage la transition facile et logique entre les deux mondes que plus rien n’oppose, à l’instar de la pratique où la technique du VTT va encore mieux avec le physique de la route ! Transversalité côté marques de cadres mais aussi côté accessoires comme avec Poc, la marque freeride suédoise qui se lance sur les accessoires route avec casques et textile.
Sur la route, le carbone quelles que soient les fibres ou leur assemblage tient toujours le haut du pavé. On est dans une tendance lourde et l’étape majeure consiste à allier rigidité, légèreté et confort ! La quadrature du cercle que tentent de valider des marques comme Bianchi avec l’Infinito puis aux autres modèles et une fibre développée avec l’aéronautique aux USA. Même approche côté Cervélo avec le R CA « project California » où on se recentre, comme par hasard, sur une fabrication-maison en lien là-aussi avec l’industrie de l’aéronautique voire le monde de la voile. La légèreté est toujours aussi mise en avant pour les cadres route, elle reste un atout et un outil de différenciation entre les fournisseurs. Et Scott « casse » la barre des 1000 grammes en taille M pour le cadre et fourche du nouvel Addict SL qui sort à 5,880 kg avec des roues à pneus. On vous laisse imaginer à combien vont sortir les Addict équipés de roues carbone à boyaux !
Tous ces fabricants, qu’ils soient anglo-saxons, italiens ou français, n’attendent qu’une chose, que l’Union Cycliste Internationale « casse » la barre des 6.8 kg. Peut-être que les élections de septembre en Italie pour la présidence de l’UCI apporteront beaucoup de changements, des évolutions mais pas de révolution. C’est ce que beaucoup souhaitent et pas seulement sur la position quant au dopage dans le cyclisme. Même si on ajoute pédales et porte-bidon, on n’est pas loin des 800 grammes de tare qu’il s’agit d’ajouter aux vélos pour entrer dans les normes UCI. Autant les utiliser intelligemment. C’est ce à quoi s’attachent un grand nombre d’accessoiristes « utiles ».
On commence par les capteurs de puissance où Garmin revient, après son faux-départ il y a deux ans, avec le Vector. Le capteur est placé sur chacune des pédales fournies par Garmin, ce qui permet de comparer sa puissance sur chaque jambe. Système simple sur lequel Garmin n’a pas le droit de se louper et que Vélo 101 va vous présenter ces prochains jours dans un dossier spécial avant de le tester grandeur nature. Look et Polar (un des rares absents du salon avec Trek qui choisit de faire plus intime avec ses revendeurs puis avec les journalistes) ont réaffirmé leur coopération en intégrant la technologie Bluetooth pour une nouvelle génération de Kéo Power disponible sur le marché début 2014. Autre acteur notoire dans ce marché à fort potentiel, Pioneer qui a présenté son système SGX-CA900 développé avec l’équipe Belkin et déjà opérationnel sur la 100ème édition du Tour de France.
Autre produit à fort potentiel, mais que là aussi les règles de l’UCI n’admettent pas encore, les caméras embarquées, et l’arrivée sur le marché de Garmin avec la VIRB. Ou comment essayer de déloger GoPro, très présent à Eurobike, de son leadership sur le marché des sports freeride été ou hiver dont la compétition à haut niveau amplifie le phénomène tout en apportant un réel plus aux compétiteurs, comme sur les recos des Coupes du Mode d’enduro VTT.
Troisième secteur où les vélos vont gagner, en tout cas dans un premier temps, en poids « vivant », les roues et l’arrivée du freinage hydraulique avec disques ou étriers sur les vélos de route. On avait vu des vélos de cyclo-cross en 2012, chez Specialized comme chez Colnago, sans que ce soit d’ailleurs justifié car les vitesses atteintes ne sont jamais limites côté freinages. Là ce sont les modèles route qui en sont équipés dans le droit fil de l’avancée technologique des accessoiristes comme SRAM, avec son nouveau groupe Red 22, qui offre une option frein hydraulique à disque qui vous sera présentée très vite sur notre page technique réalisée à Eurobike, puis à Paris pour le Mondial du Cycle et enfin à Fréjus au Roc d’Azur.
Comme pour le VTT, avec le redimensionnement des roues, le marché du vélo de route devrait être dynamisé par l’arrivée des freins à disques qui vont faire bouger les mondes de la roue, des fourches, et plus généralement des accessoiristes. Dernier point souligné dans ce chapitre, l’arrivée de Lightweight sur le marché des cadres et celle de FSA sur celui des freins hydrauliques en VTT.