« Pour information, le projet d’investissement d’un hôtel 4 étoiles et ses équipements sportifs est abandonné » tel était le vœu des opposants au vélodrome de Bedoin et tel était le message du maire de Bedoin Luc Reynard, lors des vœux 2019. Débuté en octobre 2017, le combat contre pour les uns, le débat pour chercher des solutions d’avenir quant au développement de Bedoin pour les autres, tout cela est donc retombé comme un soufflé ou plutôt comme un coureur présomptueux qui fait demi-tour au virage de Saint-Estève, parce que le Ventoux, ça ne se monte pas en Play back.
© Collectif Citoyens
Retour en arrière sur ce projet All Bike Ventoux, ABV comme abréviation, un vélodrome couvert, homologué UCI, susceptible d’accueillir des spectacles, un musée, un hôtel 4 étoiles de 100 chambres, et une zone aménagée pour accueillir des projets liés au vélo. Je pose la hauteur du Ventoux : 1912 et retiens le nombre de cyclistes qui montent le Ventoux chaque saison : 150 000, mais ça ne pourra pas durer et j’arrive à un total d’investissements de 80 millions d’euros. Un rêve pour la municipalité de Bedoin qui y voit d’une part l’aménagement d’un hôtel, nécessaire mais aux étoiles peut-être trop suffisantes pour le remplir et d’autre part, la possibilité de créer une centaine d’emplois, là où les olives, la vigne et les cerises ne nourrissent plus « son homme et encore moins son jeune » que les opposants n’ont jamais imaginé capable de répondre aux profils recherchés pour les postes proposés, on se demande bien pourquoi.
© Vélo 101
Un cauchemar pour le Collectif citoyen, mixte d’écolos pour qui Bedoin doit rester dans son formol, paysages de rêves, lavande, « on ne change rien » sauf que, le monde lui change et que les cyclistes, aujourd’hui et encore plus demain ont et auront des destinations nouvelles à profusion et oublieront le Ventoux parce que, à la différence du Stelvio et de Bormio « la si belle et préservée », personne n’aura anticipé l’évolution. Bien évidemment, Bedoin c’est l’histoire d’un trop plein, de touristes et de cyclistes essentiellement entre Pâques et mi-septembre : 150 000 au total on l’a dit, dont les 2/3 montent par la face sud, la plus mythique, celle de Tom Simpson et de Chris Froome, en mode coureur à pied. D’un trop pas assez, pas assez d’accueil pour les vélos, pas de racks pour poser son biclou et faire une course, pas assez de toilettes donc incivilités ! et même pas assez d’informations celle du genre « amis cyclistes, n’oubliez pas qu’ici il fait 15 degrés, au sommet vous n’aurez plus que 5° maximum, pensez-y ». Bref, le Ventoux fait venir des cyclistes du monde entier et Bedoin ne les accueille pas. Enfin, Bedoin c’est l’histoire d’un trop pas du tout, comme la vie ou les animations d’un village « limite mortifère » en hiver où là, pas de cyclistes, pas de touristes, et où on a peine à trouver un restaurant ouvert du lundi au jeudi, c’est dire !
© Michele Aragon
80 millions d’euros c’était donc trop pour un investissement dont on sait que vélodrome égale déficit donc ça calme le premier qui s’y attèle. Trop ou pas assez, car ne rêvons pas, si la piste n’a pas sa place au pays des cigales, de la lavande, des oliviers, des fruitiers et du Géant, bref des paysages à couper le souffle, le vélo y a toute la sienne. La bicyclette et tout ce qui va avec est parfaitement légitime dans et autour du Ventoux. Que ce vélo soit traditionnel, ou moderne : VTT, vélos électriques, bref le vélo en tous genres sauf celui sans freins justement.
Non, ont dit les opposants du collectif citoyens, Non-dit Michèle Aragon, qui porte le projet depuis 3 ans. « Certes Bedoin m’a toujours semblé l’endroit idéal, mais s’ils ne veulent pas du projet, il reste de la place autour du Ventoux, mais pas forcément à Bedoin ». Quant au tour de table, Madame Aragon se révèle optimiste, battante, engagée toujours et, si elle ne donne pas de pourcentages, semble assez optimiste. Quoiqu’il en soit, elle se donne jusqu’à octobre, l’anniversaire de la date d’officialistion des prises de contact à Bedoin, pour dire stop ou encore.
© Michele Aragon
Alors en piste ! pour ne pas baisser les bras. Pourvu que des visionnaires, des politiques, des bonnes volontés, des gens qui aiment la Provence, le Vaucluse et encore plus le Ventoux sous tous ses aspects : agriculture, environnement, sportif, culturel, …dépassionnent le débat et se mettent autour d’une table, celle de la mairie par exemple pour créer un autre collectif, on va l’appeler Collectif Avenir Ventoux. Pourvu que tout ce petit monde oublie de se comporter comme dans un monde de petits, à courte vue et que tous ces visionnaires ne perdent pas de vue que le vélo s’écrit désormais partout dans le monde. A Vélo 101 qui a fait le choix du vélo, du Vaucluse et du Ventoux pour établir son siège social, nous recevons pas mal d’invitations liées aux entreprises et aux projets vélo, voici les dernières en date : Vénétie, Costa Blanca, Israël, et Ténérife.
Zéro pour le Ventoux, à l’heure où l’équipe Sky va s’arrêter et où, peut-être, la manne des touristes Anglais et des cyclistes Britanniques va se tarir, il n’est assurément pas trop tard pour s’investir car oui, des projets d’avenir existent, ils ne demandent même qu’à être actionnés. A suivre.