Quarante ans après les Clash et le sublimissime Revolution Rock, DT Swiss nous a conviés à Bienne, au cœur du Jura suisse-allemand. Un rendez-vous au pays de la précision horlogère (Rolex et Swatch y sont très bien installés !) pour nous faire vivre la première des trois étapes d’un Gran Fondo qui va nous amener à découvrir la révolution 2018 de la marque. La première étape a été à la hauteur, et on a déjà hâte d’être au printemps, en été même, puisque c’est DT dont il s’agit.
Au pays de l’industrie horlogère, BMC à Granges et DT Swiss à Bienne amènent leur lot de haute technologie, de précision et de passion pour que l’industrie du cycle fasse mieux que bonne figure dans un univers où comme par hasard le luxe commence à s’investir et d’investir. Ne dit-on pas du vélo qu’il est le « nouveau golf ». L’automne est déjà bien entamé, le solstice d’hiver pas bien loin, et pourtant DT a choisi le gris, le vent voire la pluie pour nous faire participer au Gran Fondo Bernese Seeland. Avec vue sur le lac, les vignobles de Fendant, les champs de culture, les routes, les chemins, avec roues carbone et pneus tubeless en 25 puis en 28 pour les secteurs typés gravel.
ERC 1100 Dicut n’est désormais plus un nom de code, c’est la nouvelle roue carbone conçue en étroite collaboration avec Swiss Side. Cette société a notamment œuvré pendant plus de cinquante ans sur la Formule 1, entre autres avec l’écurie Sauber. Et si les moyens ne sont pas tout à fait les mêmes, l’exigence de précision et de performance est semblable. Voilà au final une roue de très haute qualité, où tout a été pris en compte, et qui amène à bouleverser pas mal d’idées reçues. Le vélo traditionnel a bien besoin de lever la tête du guidon, en allant chercher l’expertise en F1, et autant dire que DT Swiss s’en donne les moyens.
La plupart des études préalables ont été menées et validées en Allemagne dans un tunnel à vent où les roues seules, puis l’ensemble homme-machine, ont été mesurés pour établir comment avoir un meilleur rendement, une meilleure aérodynamique, et, partant, réduire tous les effets perturbateurs à cette optimisation de la performance. Un chiffre pour commencer : le cycliste, c’est déjà 75 % de la résistance. La position, la notion de « faire corps avec sa machine » sont donc essentiels. Dès lors, tous les éléments qui vont rendre instable le pilotage, à commencer par les effets du vent, le confort, le grip, doivent être minimisés pour améliorer le rendu du coureur, quelles que soient les vitesses atteintes. Et on dira même aussi et surtout à des vitesses qui sont bien moindres que celles des pros. Un autre chiffre : une instabilité passagère qui vous fait vous relever de 40 millimètres, autant dire rien, ce sont 40 watts en moins ! Sur une cyclo où vous allez être à 200 watts de moyenne, ça parle.
En tant que constructeur, DT Swiss a l’avantage de pouvoir agir non seulement sur la jante – avec l’ERC 1100 on est sur 19 millimètres de large, ce qui permet plus de combinaisons de largeurs de pneus – mais aussi sur les moyeux, incroyablement fins, et sur les rayons, dont DT Swiss en produit rien moins que 40 000 kilomètres par an. Le tour de la Terre. D’où la fameuse expression suisse « en connaître un rayon » ! Là aussi, les sections de pneus plus larges permettent un gonflage moindre, donc un meilleur rendement. Les tests en soufflerie le prouvent, il va falloir changer les nombreux aprioris qui perdurent sur le gonflable, le tubeless, l’opposition pneus-boyaux, etc. Quand on vous dit que la révolution est en marche.
Encore des chiffres ! Sur le nouveau moyeu avant, on réduit l’effet de trainée pour économiser 0,4 watt. Un axe de 2 millimètres, c’est déjà 2,5 % d’énergie en plus. Et au niveau du moyeu arrière, c’est 0,9 watt économisé, c’est-à-dire 5,5 % d’efficacité en plus, merci les nouveaux moyeux céramique SINC.
Passons au révélateur de la route. D’abord une sortie de 75 kilomètres avec six secteurs gravel (disons chemins de fermes bien humides) et un secteur en forêt (KOM au sommet), des virages à angles droits typés Flandre, bref un mixte entre Strade Bianche (sans la poussière), Paris-Roubaix et le Tour des Flandres. Puis une sortie de 58 kilomètres pour éliminer la raclette (excellente) de la veille. On est bluffés par l’harmonie et l’impression de faire corps avec l’univers de pratique. Les vélos BMC utilisés (avec freins à disques) ont été largement mis à contribution pour la mise au point, c’est certain, les pneus tubeless Schwalbe aussi. Que ce soit en 25 mm sur les routes traditionnelles ou en 28 mm sur les sections grasses, glissantes et forcément aléatoires (après un changement express du type pit stop plus les 8 secondes de la barre Ovomaltine, tout ça pour vingt-cinq vélos), on confirme qu’on a bien affaire à une paire de roues de haut standing qui va vous aussi vous bluffer, tout ça avec une hauteur de jante de 47 mm.
On soulignera encore une donnée majeure pour le rendement de votre ensemble roue-pneu. Ce n’est pas du tout le pneu slick qui a le meilleur rendement, surtout à partir du paramètre aérodynamique, mais plutôt un pneu qui a des stries sur le côté. Après un benchmarking pointu, Swiss Side révèle, chiffres à l’appui, que c’est le Continental Grand Prix S qui met tout le monde d’accord. Vu les chiffres alignés, les heures passées à croiser les mesures, n’allez pas croire que c’est uniquement dû au rapproché Swiss Side, F1, Grand Prix, sinon c’est vous qui cirerez les pneus la prochaine fois.
Cette roue sera disponible en avril 2017 au prix public de 2400 euros. On est sur du haut de gamme, ce n’est pas un hasard si le service DT Swiss se veut lui aussi haut de gamme avec formations régulières des revendeurs. Côté français, DT Swiss va lancer la référence aux clients Premium. Une sorte de clubs où seront sélectionnés les magasins susceptibles d’avoir la gamme complète, mais surtout d’assurer un service tip-top, histoire de favoriser et mettre en avant les revendeurs qui en connaissent un rayon, qui se donnent les moyeux, en un mot, ceux qui auront su prendre la bonne roue. A suivre, vivement le printemps, chez DT.