Toute la planète média du vélo et même au-delà bruissait depuis pas mal de temps sur l’arrivée possible du frein à disque chez Campagnolo. A quelques jours du printemps, un séjour sur la Grande Canarie, deux sorties vélo sur les routes où Thibaut Pinot avait préparé son Tirreno 2015, et trois nouveautés produits plus tard, on sait que, comme dans tout bon scenario qui se respecte, il va falloir attendre encore un peu pour changer du disque japonais ou américain et écouter le son italien.
Avec le Potenza 11, Campa sort un groupe de moyenne gamme qui vise à concurrencer (un peu) l’Ultegra de Shimano. Surtout, il offre une option supplémentaire au consommateur, notamment sur le marché italien où l’on n’achète pas son vélo complet mais où on le compose pièce par pièce, histoire de se démarquer un peu du voisin dans le peloton. Le design de ce nouveau groupe est assez semblable aux précédents, toujours très soigné, avec leviers de freins en alu, changements de vitesses multiples et changements de rapports très précis. Le Potenza 11 est optimisé pour les développements extrêmes, et il faut bien ça pour venir à bout des sections vertigineuses des Canaries sur lesquelles les coureurs de Tinkoff viennent peaufiner leur préparation avant les gros objectifs. On peut aller ainsi jusqu’au 11/32 avec comme alternatives 11/25-27-29 et 12/27. Pour le pédalier, c’est toujours le système Torque qui est à l’action, avec 53/39 en version standard, 52/36 ou 50/34 en compact.
Côté freins, le Potenza 11 innove également avec des patins dont la composition a été revue afin d’améliorer le système. Et c’est vrai qu’avec les nouveautés dont on parle un peu plus bas, l’ensemble est très efficace.
Efficacité aussi pour le prix, annoncé aux alentours de 825 euros, pour une disponibilité immédiate. S’il n’est proposé qu’en version mécanique, le Potenza offre une option très intéressante aux amoureux de beau matos, de tradition, tout simplement d’efficacité sobre. Pour Campagnolo, dont le groupe Athena disparaît de la gamme, le Potenza 11 représente un atout majeur dans l’offre de première monte que la marque italienne entend reconquérir en offrant ainsi une concurrence plus forte aux constructeurs.
Deuxième nouveauté dont on avait déja eu un aperçu en août dernier au moment de l’Eurobike : My Campy App. Une application Campa gratuite, disponible sous Apple et Androïd, dont la vocation peut se résumer à faciliter la vie du cycliste, que ce soit avant, pendant ou après ses sorties. La section My Garage comptabilise tout ce qui est relatif à votre matériel, de l’usure de la chaîne aux kilomètres parcourus pour tous les composants du vélo, quel que soit le nombre de pièces stockées au fond du garage. Fini les cahiers d’écoliers pour noter les sorties, le client peut ainsi gérer l’ensemble des services nécessaires à l’entretien de son vélo en un seul clic. Deuxième partie, My Sessions reprend tous les paramètres classiques dont le coureur a besoin pour mesurer ses performances. C’est avec le système EPS que My Sessions semble le plus optimisé puisqu’on a instantanément le degré de déchargement de la baterie, mais aussi et surtout un alignement automatique de la chaîne quand on tombe le petit plateau, une option très intelligente pour ceux et celles qui se connaissent moins. On verra à l’usage et à l’avenir si, à partir de la pente, de la cadence, de la puissance dégagée, on aura le changement de plateau pour ceux qui tirent un peu trop gros ! A noter que l’application My Camy est proposée en cinq langues et téléchargeable dès à présent.
Troisième nouveauté, côté roues cette fois, la nouvelle Shamal Ultra C17, qui permet à Campa de rester dans le vent, les noms de roues de la marque ayant toujours un lien avec un vent – le Shamal souffle sur le golfe Persique. Cette version C17 présente un profil un peu plus élargi, compatible avec les nouvelles sections de pneus 25 ou 28 millimètres. Elle reprend les grandes lignes, que ce soit côté rayons, écrous ou moyeux, qui font le succès de la Shamal, qui dépasse désormais les 20 ans et allègrement en plus. Proposée en 2-way Fit donc compatible tubeless, elle affiche 1505 grammes (1495 pour la version classique), seize rayons à l’avant, vingt-et-un à l’arrière dont quatorze côté cassette.
La Shamal Ultra C17 présente un peu plus de matière que la version précédente, faisant là aussi usage des nouveaux patins qui sécurisent encore un peu plus le pilotage, surtout avec des sections de pneus plus larges. Le prix reste identique à la C15, soit 1200 euros. On peut donc avoir un groupe Potenza 11 et des roues Shamal Ultra C17 pour 2000 euros, ce qui rend le tout très attractif et offre une vraie alternative dans la paysage trop monocorde de « Ultegra ou Ultegra », sans oublier pour Campagnolo l’ambition de revenir fort sur le terrain de la première monte.
Il nous aura donc fallu attendre les cinq dernières minutes (ou presque) pour connaître la très grande nouvelle que tout le monde espérait et qui va sans doute aider l’UCI à aller encore un peu plus loin dans l’instauration du frein à disque dans les pelotons professionnels. Les trois équipes WorldTour équipées Campa (Astana, Lotto-Soudal et Movistar Team) ont à leur disposition le système de freinage à disque de l’équipementier italien. Très réussi au plan esthétique, il sera mis à contribution lors des entraînements et stages spécifiques. Ce n’est qu’une fois accepté qu’il sera utilisé en course par certains coureurs (on parle des Flandriennes). Les prochains épisodes (présentation officielle, versions, poids, prix…) viendront un peu plus tard, comme dans tout bon scénario. Le cinéma italien a toujours un parfum particulier.
Campagnolo et le vélo, c’est une tradition magnifiée et une modernité maîtrisée.