En ce mois de juillet, si important dans la vie d’un cycliste, les amateurs de la Petite Reine sont souvent beaucoup plus motivés. Ils roulent plus souvent, plus longtemps et effacent les quelques grammes encore en trop. Affûtés comme jamais, ils se demandent bien où est-ce qu’ils peuvent s’améliorer pour performer un peu plus. Alors, il ne reste qu’une solution : se tourner vers le matériel. Et la marque américaine Fuji nous a servis avec le SL 1.1, aperçu pour la première fois dans l’équipe Caja-Rujal sur le Tour d’Espagne 2015.
La surprise en accueillant le SL 1.1 se situe au niveau du poids de la machine. Il s’attrape et se soulève à une main avec l’impression qu’il ne pèse rien. Impression vite confirmée par la balance : 4,96 kilogrammes. Ce chiffre fait d’abord fantasmer et nous n’avons qu’une hâte, le tester en montée. Mais qui dit ascension, dit souvent descente. C’est ici que l’appréhension apparait : « Que va-t-il se passer si le vélo heurte un trou à 60 km/h ? » Trêve d’imagination, place au test, au concret.
Les premiers tours de roue sont perturbants. Le vélo est si léger qu’il y a une véritable appréhension quant au contrôle et au pilotage. Mais pas d’inquiétude, l’habitude du luxe vient vite. Esthétiquement, ce vélo arbore un style épuré : la géométrie est simple toujours dans l’objectif de chasser le poids. Pour produire une machine aussi légère, Fuji s’est d’abord attaqué au cadre. Pour réduire le poids, le fabricant américain utilise la « High Compaction Molding » : la technique consiste à compresser les fibres de carbone pour effacer les plis et réduire la quantité de résine. Avec seulement 695 grammes « tout nu », le cadre SL rend 237 grammes à son prédécesseur, l’Altamira. Malgré cet amincissement, Fuji annonce des gains en rigidité : + 11% pour la boîte de pédalier, +18% pour la fourche et + 9% pour la douille de direction. Mais pour un vélo, rigidité rime rarement avec confort. Alors, Fuji a cherché une solution et l’a trouvée au niveau de la tige de selle Ritchey SuperLogic Carbon Vector Evo. Le diamètre de celle-ci de 27,2 millimètres contrebalance l’absence de souplesse globale et crée un équilibre quasi-parfait.
Passons aux périphériques. Le Fuji SL 1.1 est équipé en SRAM Red22 mis à part les freins. En effet, le groupe SRAM Red22 est normalement composé de freins hydrauliques. Fuji y a préféré un ensemble à patins EE Cycleworks eebrake qui permet un freinage ni impressionnant ni décevant. En revanche, le groupe de transmission SRAM Red22, qui est mécanique et à 11 vitesses, est très performant. Il faut néanmoins s’habituer à la descente des pignons qui se fait en poussant le levier de vitesses vers le deuxième cran. Sur les premières montées avec ce vélo, il est possible qu’en cherchant à monter une vitesse, le cycliste en descende une par manque d’habitude. Pas d’inquiétude donc, le coup de main vient vite. En ce qui concerne le guidon, le Oval Concepts R910SL, est en carbone et est très agréable tant les mains dans le creux du cintre qu’en haut. La selle est une Ritchey SuperLogic Vector Evo est confortable. Après tout, Fuji aurait pu nous mettre une selle en carbone pour descendre sous les 4,9 kilogrammes. Mais la firme a été raisonnable.
Sur la route, le comportement de ce Fuji est nerveux et très dynamique. Chaque relance est une gourmandise pour le cycliste. Dans les montées, le (très) faible poids du Fuji est véritablement profitable donnant l’impression de voler et d’être dans une forme étincelante. La position en danseuse procure une véritable sensation d’énergie et de puissance. Cependant, dans des pourcentages à 12-13% ou plus, où la vitesse est réduite, il est plus difficile d’entraîner les roues à jantes hautes (43mm) Reynolds. Pour la haute montagne, il faudrait donc plutôt adopter une autre paire de roue tout en continuant à profiter de la légèreté du cadre. Sur le plat, le cycliste profite de l’extrême rigidité du SL 1.1 pour se dégourdir les jambes. De même, le sentiment d’avancer « tout seul » revient. Le profil des roues produit une inertie importante adaptée pour maintenir une vitesse élevée. Pour ce qui est du pilotage dans les descentes, il est vrai que la première prise de vitesse est troublante. Le faible poids de la machine et la légèreté de la direction peut laisser apparaitre une certaine peur mais encore une fois, après quelques kilomètres passés sur cet engin, tous ces sentiments s’évaporent. Le SL 1.1 se pilote très facilement et avec précision à condition d’exercer un freinage puissant et dégressif pour bien aborder les courbes afin de préserver les jantes en carbone.
Ce vélo est donc une machine à perfomances. Cela ne fait aucun doute puisqu’il est équipé en 53×39 avec une cassette 11×26, un braquet destiné aux compétiteurs plus qu’aux cyclosportifs. Au rang des défauts, il faut signaler l’absence de pièce plastique pour protéger le haubans arrière au niveau de la chaine. Ce petit détail s’est démocratisé sur les autres vélos pour couvrir cette partie des projections de cambouis. Pourquoi cette pièce plastique est-elle absente ? Evidemment pour abaisser encore un peu plus le poids du SL 1.1. On imagine bien qu’avec cette pièce, le vélo passerait au-dessus des 5 kilogrammes. Par ailleurs, la peinture de ce Fuji présente, par endroits, des petits ratés et il est regrettable que ce vélo ne soit disponible que dans un seul coloris (voir photos). Enfin, le plus grand défaut de ce vélo est évidemment son prix mais en accord avec le haut de gamme : 11 999 € avec les roues en carbone Reynolds à plus de 4 000 euros la paire. Le test de ces roues sera d’ailleurs bientôt à retrouver sur velo101.com.
En résumé, ce Fuji SL 1.1 est une bête de compétitions. Bien en-dessous de la limite de l’UCI (6,8 kilogrammes), il procure des sensations exceptionnelles notamment dans les ascensions. Il est néanmoins réservé à des compétiteurs qui seront prêts à mettre le prix pour s’offrir ce rêve à seulement 4,96 kilogrammes.
Plus d’infos sur Fuji sur www.fujibikes.com. Pour toute question sur ce test, vous pouvez nous contacter directement par e-mail : test@velo101.com.