Efficace ! S’il fallait décrire le R3 d’un mot, ce serait celui-là : efficace. Pour analyser toutes les qualités de ce cadre canadien, il faut revenir un peu en arrière et comprendre qu’il est né pour faire gagner Paris-Roubaix aux coureurs de la CSC. A l’époque, les pros de la formation danoise couraient avec le fameux Soloist, très rigide et aérodynamique, une véritable bombe sur le plat mais qui était un peu lourd et surtout pas des plus confortables. Le R3 devait donc être léger, rigide, robuste et confortable, rien que ça ! Et les ingénieurs Cervélo ont créé le vélo quasi parfait : le roi de Paris-Roubaix (Cancellara et O’Grady lui doivent leur victoire) et qui devient un vélo de grimpeur quand le mois de juillet arrive. Il est du matériel comme des coureurs. Celui qui est aussi à son aise sur les pavés que sur les pentes des cols Hors Catégorie mérite le respect. Il méritait aussi que l’on s’attarde un peu sur lui.
Une des caractéristiques les plus étonnantes des Cervélo, c’est leur provenance. Le Canada ! Mais ils se prennent pour qui ces Canadiens pour nous donner des cours de vélo ? Une chose est sûre : ils se sont adaptés à un monde qui bouge à toute vitesse et des matériaux qui évoluent sans cesse. On n’est plus au temps où, pour gagner du poids, il fallait jouer de la perceuse sur le pédalier ou les leviers de frein. Aujourd’hui, chaque contrainte est analysée, chaque pièce est optimisée, tout est pensé, et les ingénieurs Cervélo pensent beaucoup et pensent bien. Le facteur prépondérant dans un vélo est le rapport rigidité/poids. La légèreté pour la légèreté ne fait pas gagner, ça épate éventuellement les copains. Le rendement, l’efficacité, c’est la rigidité avec un poids réduit. C’est suffisant pour la montagne mais sur les pavés il faut en plus de la solidité et du confort. Le R3 a tout ça.
Le R3 n’a pas un secret mais une foule de secrets, en voici quelques-uns. D’abord, la garantie à vie, si vous ne le revendez pas. Mais pourquoi le revendre ? Ensuite la forme de son tube diagonal, squoval. C’est pas carré, c’est pas rond, c’est pas ovale, c’est un peu tout à la fois, c’est la quadrature du cercle que nous ont fait les gars de Cervélo. Il s’agit pour eux de la meilleure réponse pour lutter contre les contraintes de ce tube, en particulier en torsion. Enfin la boîte de pédalier est énorme. Pas de doute, quelle que soit la puissance développée, ce n’est pas par là que se perdront les watts !
Les bases arrière sont surdimensionnées pour des besoins de rigidité latérale et de transmission d’effort. Les haubans sont étonnamment fins et droits et donnent ce confort vertical nécessaire sur mauvais revêtement mais sans déperdition de puissance et en toute sécurité. La sécurité est prise en compte aussi à l’avant au niveau de la douille de direction, où il est ajouté un renfort en kevlar pour absorber les éventuels chocs frontaux. S’en passer aurait été moins cher et plus léger mais on se serait éloigné de la perfection…
A l’utilisation, il tient toutes ses promesses. C’est le vélo passe-partout par excellence. Envoyer du braquet en faux-plat montant, il adore. Sa rigidité fait merveille en relance, sa légèreté est un régal en bosse, et le plus étonnant c’est son confort pour un vélo de cette gamme. C’est en effet une bête de course, pas un vélo demi-ballon avec selle à ressort… Impressionnante aussi sa tenue de cap en descente, un vrai rail, la fourche droite 3T fait bien son travail. Alors, que des qualités ce R3 ? Pas un seul défaut ?
Aucun en effet, enfin aucun si on peut exploiter tout ce potentiel. Car rappelez-vous, c’est un vélo de pro, il faut donc une certaine condition physique pour l’exploiter au mieux. Il est certes moins brutal que d’autres « machines de guerre » au confort très spartiate, car lui est destiné à la Tranchée d’Arenberg, mais il ne pardonne pas une erreur de braquet le jour où l’on a des jambes en coton. De plus, sa géométrie est typée course, c’est-à-dire un cadre assez long et une douille assez courte. Pour exemple, notre 58 est un cadre « carré » 58 de hauteur, 58 de longueur pour 180 mm de hauteur de douille. On se trouve donc forcément relativement allongé sur une telle machine. Mais Cervélo a pensé à tout et à tous. Il existe deux variantes du R3 : un R3 SL encore plus léger pour les accros du light et le RS qui est un « R3 cyclosport, » donc plus court, avec une douille plus haute et des haubans cintrés pour encore plus de confort. Donc, à chacun son Cervélo !
Le R3 ne se vend qu’en kit cadre. Pour le test, notre Cervélo était équipé d’un groupe Ultégra 10 vitesses 2010 de composants Easton, potence EA90, cintre EC90, roues EA90 SLX, pneus WTS Camino Alto, Selle WTB, Tige Deus XC Race Face, pour un poids de 6,970 kg sans pédales en taille 58. On reste donc sous les 7 kg avec un grand cadre et des composants « maison » du distributeur Tribe Sports. Ainsi présenté, le montage dépasse à peine les 5000 € (5024 €) à partir du kit-cadre à 2799 €. Bien sûr, avec 1000 € de plus, on peut passer sous les 6,5 kg. Pas mal, pour un vélo de Paris-Roubaix…
Plus d’infos sur Cervélo sur www.cervelo.com. Pour toute question sur ce test matériel, vous pouvez nous contacter directement par email : testvelo101@velo101.com.