Ce Cannondale Topstone Carbon équipé de la Lefty Oliver est unique en son genre et embarque deux systèmes propres à Cannondale, la fourche Lefty Oliver et la suspension arrière KingPin. Dans la gamme Cannondale le Topstone Carbon est un vélo qui se veut polyvalent apportant confort et efficacité sur la route et sur les chemins.

Alors à première vue, on se pose la question de pourquoi ce vélo ? On s’éloigne du gravel originel, simple, et de la performance. On se rapproche du VTT, mais sans en avoir les capacités. Il fallait l’essayer ! et le moins que l’on puisse dire c’est que ce Topstone est aussi surprenant qu’il est abouti et performant.

Si l’on parle du Topstone il nous faut commencer par ses systèmes d’amortissements singuliers.

Le système KingPin

Le système kingpin est une innovation made in Cannondale, Cette suspension n’en est pas réellement une et a été pensée et conçue pour répondre aux besoins très spécifiques du gravel. On oublie les multiples points de pivots, biellettes et amortisseurs. Ici, nous avons simplement un pivot à axe traversant le tube de selle qui permet au carbone des bases arrière, du tube de selle et du tube supérieur de travailler et d’offrir 30mm de débattement.

Cela apporte donc une meilleure filtration du terrain et un confort supplémentaire à l’assise. Tout en s’affranchissant totalement des inconvénients de type perte de rigidité, prise de poids et pompage au pédalage que l’on peut retrouver sur un système de suspension plus classique. Sur le terrain ce système est redoutable, on reconnait bien ici tout le savoir-faire de Cannondale, ce système ne se contente pas d’apporter du confort au pilote, il permet aussi un bien meilleur rendement sur les chemins. Le gain en motricité, notamment dans les portions montantes un peu difficiles ou fuyantes, est bien présent. Sur un parcours test que j’emprunte avec tous les vélos de gravel que je peux tester, j’ai noté une nette différence et plus d’aisance et de grip.

Sur la route, est-ce que cette « suspension » vient tuer la rigidité ? Pas du tout, la puissance passe bien et on l’en sent que la boite de pédalier ne danse pas sous les accélérations, le cadre est vif et dynamique.

La Lefty Oliver

La Lefty Olier de Cannondale est une fourche suspendue de 30mm de débattement, simple T unilatéral, légère (1340g), spécialement conçue pour le gravel.  Ce modèle hérite des roulements à aiguilles utilisés dans la Lefty Ocho, sa cousine VTT XC. Ce modèle dédié au gravel a été pensé pour réduire au maximum les vibrations et les impacts tout en conservant un haut niveau d’efficacité pour les portions de routes ou de chemin très roulant. Elle est d’ailleurs dotée d’un blocage manuel très efficace.

Équipement de notre modèle de test

Nous avons eu la chance d’essayer le modèle le mieux équipé de la gamme, affiché à 7 999€. Le modèle Topstone Carbon 1 Lefty de Cannondale est un vélo de gravel haut de gamme donc. Sa plateforme Topstone Carbon est équipée du système de suspension Kingpin et est compatible avec le système SmartSense. Le cadre est prêt pour une tige de selle télescopique de 27,2 mm et est doté d’un boîtier de pédalier fileté BSA de 68 mm. La fourche Lefty Oliver Carbon offre 30 mm de débattement, un système de verrouillage et un amortisseur à chambre avec réglage complet.

Le pédalier est un SRAM Force avec un plateau de 40 dents, couplé à un dérailleur arrière SRAM Force eTap AXS XPLR et une cassette SRAM XG-1271 XPLR de 12 vitesses avec une plage de 10-44.  Le freinage est assuré par un système de frein à disque hydraulique SRAM Force eTap AXS avec des rotors CenterLine 6-bolt de 160 mm.

Les roues sont des HollowGram G 27 Carbon, compatibles tubeless, avec une largeur interne de 27 mm et une profondeur de 21 mm. Les pneus sont des Vittoria Mezcal  700x44c.

Le poste de pilotage est composé d’un guidon Cannondale 2 ShortDrop en alliage 7050, d’une potence Cannondale 1 en alliage 7050, d’un ruban Fizik Solocush Soft de 3 mm.

Pour l’assise, nous avons une selle Fizik Terra Argo X3 avec rails en kium. La tige de selle est une SAVE Carbon de 27,2x350mm. Le vélo est également équipé d’un capteur de roue Cannondale pour le suivi des performances et comprend un StrapRack pour le rangement des outils et des accessoires.

 

Un équipement homogène et adapté au programme, j’ai pesé le vélo avec pédales CrankBrothers Eggbeater 3 à 9,2kg.

Sur la route

On commence le test sur la route, fourche bloquée. La position est confortable, on se sent bien au guidon et l’on ne sent pas les 9,2kg au pédalage, l’ensemble est vif, maniable et on l’emmène très vite à 30km/h sans forcer le moins du monde. J’avais quand même peur d’être pénalisé par ces artifices que sont la fourche et le kingpin, associés aux pneus de section 44, mais il n’en est rien. Cannondale a su doser la rigidité pour rendre le vélo performant, mais pas trop exigeant. C’est tout ce que l’on attend d’un vélo qui peut se dédier à l’endurance, au bikepacking ou aux longues sorties gravel.

Sur les chemins

On quitte le bitume pour attaquer les chemins et j’ai mis à l’épreuve le topstone sur toutes sortes de chemins, de la grande ligne droite en gravier, aux singletracks défoncés en passant par des sentiers quelque peu accidentés. Sur les chemins assez lisses, le topstone les transforme en autoroutes, le kingpin associé à la lefty font des miracles en termes de filtration du terrain. J’attaque maintenant un chemin un peu plus cahoteux et je sens que l’arrière rebondit pas mal lors des relances ou lorsque je passe rapidement . J’ajuste la pression des pneus (que j’ai pu descendre à 1,65Bars) et je retrouve toute l’efficacité attendue. La pression, notamment à l’arrière, devra être bien ajustée pour permettre au vélo de s’exprimer, les pneumatiques jouent un rôle primordial, encore plus avec le kingprin.

Tant que l’on parle des trains roulants, les roues HollowGram G 27 Carbon se sont montrées très bien adaptées au vélo avec une rigidité bien dosée et maximum de contrôle. La Lefty apporte un vrai confort, mais aussi la possibilité d’engager un peu plus et de toucher les limites du VTT ces 30mm de débattement, dont la sensibilité est très bonne, se trouvent être très sécurisants. Lorsque l’on attaque le D+ en forêt, là aussi le Topstone fait des miracles, le grip est excellent, le combo hollowgram 27, Vittoria Mezcal et Kingpin travaillent en totale cohérence. Sur mon terrain très sec et rocailleux, j’aurais peut-être préféré une monte de pneu type Hutchinson Tundra mais c’est très personnel.

En résumé

En résumé, ce Topstone est un ovni. On se demande pourquoi Cannondale s’est lancé dans le développement de cette machine et l’on comprend pourquoi immédiatement dès les premiers coups de pédale. C’est un vélo confortable mais performant. Il permet de repousser un peu plus loin les limites du gravel pour proposer un véritable vélo à tout faire qui vous suivra dans n’importe quel voyage, bike-packing ou autre aventure à vélo. Il est difficile de lui trouver des défauts tant il colle au programme pour lequel il a été développé. On pourrait mentionner le poids tout de même à ce niveau de prix, mais l’équipement est cohérent, alors chercher plus léger pourquoi pas, mais la fiabilité doit être le maitre mot sur ce type de machine.

Il est tout de même possible de pousser encore plus loin avec le kit cadre Topstone Lab71, que j’ai eu en main et qui gagne 160g par rapport au cadre que nous avons essayé. Ce serait peut-être être l’occasion de créer un « dream build » gravel et de voir à combien on peut descendre en conservant un montage cohérent et de tester ce Topstone avec une fourche rigide. Je garde l’idée en tête !