L’été se termine, les vacances s’achèvent, la rentrée se fait pressante. Chacun quitte les belles plages ou les impressionnants monts qui ornent fièrement les cartes postales envoyées pour retourner retrouver la routine de l’année. Si le soleil et la chaleur vous ont un temps envoyé dans une position reculée à l’égard des informations et des nouveautés, il est désormais l’heure de vous replonger doucement dans le monde du XXIe siècle, en rattrapant tout le retard accumulé pendant deux mois. De ce fait, pour les plus précoces d’entre vous en termes de coupure estivale, vous avez sûrement manqué la sortie de la dernière édition de la série Pro Cycling Manager, logiquement nommée PCM 2019 ! Vélo 101 l’a testé et vous en livre son ressenti.Extrait du teaser du jeu | © France TV Sport
Une simulation de cyclisme toujours aussi aboutie dans sa précision
Avant d’entrer dans les détails, il faut avant tout considérer le jeu dans sa globalité. A cette épreuve-là, Pro Cycling Manager est un réel succès, au même titre que ses prédécesseurs. En effet, en dépit de quelques problèmes de licence (notamment avec le Team INEOS), le joueur a accès à une base de données sur les coureurs et les équipes absolument impressionnantes, avec une vingtaine de caractéristiques aux évaluations extrêmement proches de la réalité. Celui-ci peut y retrouver n’importe quel cycliste professionnel, qu’il soit une star mondiale ou un simple équipier en division Continentale, tout comme de nombreux coureurs espoirs s’apprêtant à percer au plus haut niveau. Les différents résultats et progressions sont d’ailleurs sidérantes, au point de voir Tobias Foss ou encore Marc Hirshi, auteurs de récentes prouesses respectives sur le Tour de l’Avenir et sur l’Eneco Tour, pointer leur nez au milieu des grands favoris au bout de deux ans. Le passionné de la Petite Reine, adorant passer au peigne fin les classements de courses de la journée, y trouve alors son véritable bonheur !Des données sur les coureurs toujours plus précises | © Vélo 101
Toutefois, le fondu de stratégie n’est pas non plus en reste ! En effet, Pro Cycling Manager 2019 est aussi et avant tout une formidable simulation de stratégie de course, rendant celle-ci toujours plus proche de la réalité. Dans les faits, il n’y a ainsi presque plus de différences entre le scénario d’une course regardée à la télévision ou simulée sur son écran d’ordinateur. L’IA se confond véritablement avec les esprits des vrais directeurs sportifs, et offre un déroulé d’épreuve collant sans exception à ce qui pouvait être attendu par le plus grand des connaisseurs. Ainsi, PCM dépasse le statut de simple jeu pour offrir une absolue mise en situation, que ce soit dans la voiture d’un manager ou dans la peau d’un coureur, selon le mode choisi. Chacun a donc à sa portée une expérience totalement immersive dans le milieu du cyclisme professionnel, où il a l’opportunité de prendre en main un peloton dont il n’était jusqu’alors que spectateur devant sa télévision, en se laissant rapidement saisir par une impression de réalisme. C’est d’ailleurs l’aspect le plus jouissif du jeu, celui qui est au cœur de la passion véhiculée chez ses nombreux fans !L’interface de jeu lors des courses 3D | © Steam
Une poignée de nouveautés qui ne parviennent pas à cacher un certain immobilisme
Toutefois, en dehors de ces derniers, achetant sans exception chaque opus dès leur sortie, Pro Cycling Manager peine à récupérer les déçus des années précédentes à cause de son sévère manque d’innovations. Après l’annonce du remplacement du groupe Focus Home par Big Ben à la tête de l’édition du jeu, on aurait ou penser que le changement était pour maintenant. Il n’en a rien été. Un habitué n’a nullement besoin du tutoriel proposé à l’ouverture du logiciel pour le reprendre en main. En effet, si le design de l’interface a quelque peu changé, le fond reste relativement similaire, et ses différents menus sont inchangés. Cet immobilisme est d’ailleurs encore plus extrême lors des simulations 3D de courses, où en dehors de la correction des quelques incohérences de la version 2018 en termes de résultats des coureurs, aucune différence n’est réellement visible. Les graphismes s’avèrent une nouvelle fois bien en deçà de ce que l’on peut trouver chez la majorité des jeux vidéo, en paraissant véritablement dépassés, trahissant une absence de travail profond des développeurs sur cet aspect. Le soin du décor, tout comme celui du physique des cyclistes, paraît donc une nouvelle fois être le principal point faible du jeu.L’interface générale de gestion hors course | © Vélo 101
De même, au sein du mode Pro Cyclist, où le joueur incarne un jeune coureur pour le faire progressivement accéder aux plus hauts sommets de la hiérarchie mondiale, les possibilités d’évolution de carrière et de communication en course sont encore trop limitées. Si le jeu a effectué des progrès non négligeables sur ces parties depuis l’introduction de cette section en 2015, il est toutefois loin d’être parvenu au stade de l’aboutissement. Sur le plan du « cursus honorum » du coursier, il est notamment extrêmement dommage de ne pas le voir débuter plus jeune qu’à l’âge de signer dans une équipe professionnelle. On aimerait plutôt le voir dans un premier temps faire ses preuves au sein des catégories espoirs, surtout que le calendrier des U23 est simulé par le jeu ! Ensuite, sa progression au sein des divisions s’avère beaucoup plus lente que dans la réalité : il paraît par exemple inconcevable qu’un champion du monde du contre-la-montre soit totalement ignoré par les formations du World Tour… Quant au plan de la communication et des missions, en dépit de sa nette amélioration depuis quelques années, il comporte toujours de nombreuses insuffisances et incohérences, dont le point d’orgue est l’aspect des objectifs : il est en effet quelque peu déconcertant sur une course par étape de se voir confier le but de jouer le classement général puis de devoir rouler en tête du peloton durant les étapes de plaine… Un ajustement sur ce point là reste donc à faire !
Enfin, il serait appréciable que Pro Cycling Manager s’adapte à l’air du temps. Au cours des dernières années, le sport féminin a connu d’incroyables progrès, atteignant des audiences inédites jusqu’à peu. Sa couverture médiatique s’est nettement améliorée, tout comme l’étoffement de son nombre de licenciées et de son calendrier. Le cyclisme féminin possède même désormais l’équivalent du World Tour masculin, avec de nombreuses compétitions extrêmement disputées. Il serait de ce fait l’heure pour PCM de s’aligner sur l’exemple de FIFA en intégrant à sa simulation une section féminine, sur le même modèle que ce qui a été pour le sexe opposé. L’occasion de satisfaire un nouveau public…
Toutefois, pour ne pas laisser injustement le tableau de l’évolution du jeu totalement noir, il est important de rappeler que malgré son immobilisme global, ce dernier opus est doté de quelques améliorations intéressantes. Parmi elles, figure l’introduction d’un arbre de compétences au sein du mode Pro Cyclist, permettant à la carrière de dépasser le stade des performances pures, pour s’intéresser également à des aspects tels que l’agilité, la connaissance de ses adversaires, ou encore le réseau de contacts. Complété au fil des 36 niveaux proposés par le mode, il renforce l’immersion du jeune coureur ayant à gérer l’ensemble de sa carrière, et pas simplement ses résultats ! De surcroît, le point des contrats connaît également une évolution au sein de la section Carrière, en offrant au joueur une simulation de négociation des accords plus réaliste et plus complète, avec en particulier la possibilité d’entamer les tractations dès le mois de mai. Une petite poignée d’améliorations donc, qui permettent de voir doucement se dessiner une longue et lente progression du jeu, sans qu’il ne connaisse la moindre révolution.l’arbre des compétences : la principale nouveauté de cette édition 2019 | © Vélo 101
Pour conclure, Pro Cycling Manager 2019 n’est pas le choc qui ferait des frustrés d’hier des fans aujourd’hui. Il n’est pas non plus fait pour les accrocs aux détails, aux fondus du graphisme. Il ne satisfera pas ceux qui recherchent le spectaculaire, ceux qui ne jugent que par leurs yeux. Il n’est en rien un choc, un chamboulement, un bouleversement dans le développement du jeu. Mais il reste conforme à son identité, prônée depuis sa création, celle d’un jeu fait pour les passionnés de stratégie, les fous de cyclisme, et leur permet de pouvoir gérer sur leur écran d’ordinateur ceux qu’ils passent tant de temps à admirer au bout des routes ou à la télévision. Pour apprécier PCM 2019, il ne faut donc pas s’arrêter à son apparence décevante, mais il faut aller l’explorer en son cœur, où bat l’âme de la course cycliste en elle-même, et se laisser séduire par son charme de pure simulation tactique.