Marine Strappazzon a tout juste 25 ans mais déjà une carrière professionnelle bien construite. En effet, en parallèle de sa vie sportive, Marine est professeur de sport en région parisienne depuis plus d’un an. Originaire des Contamines-Montjoie, elle mixait entre le ski alpin l’hiver et le vélo l’été. Elle finit par faire un choix et il tendra vers le cyclisme, elle rejoint alors le club de St Julien en Genevois en passant dans les rangs cadettes. Puis, elle quitte le cocoon familial et intègre le pôle espoir de Besançon. Cela lui a permis un palmarès impressionnant puisque la féminine brille autant sur Route, CLM qu’en VTT : 2 médailles d’argent et de bronze au France CLM en junior, 2 médailles de bronze sur route et en XCE en espoir. Ses médailles ? « un réel aboutissement de toutes les personnes qu’elle a pu rencontrer pendant toutes ces années où elle était à la DN Morteau Montbenoit ». Rencontre avec celle qui vit à 101% :
Marine Strappazzon sous les couleurs de St Michel-Auber 93 | © St Michel Auber 93
« Tu obtiens ton concours de professeur de sport, te voilà alors mutée en région parisienne. Comment as-tu appréhendé cela vis à vis de ton « double projet » ?
Et oui ensuite les années se sont enchaînées plus vite que prévu, un concours de Professeur d’EPS en 2016, 2 années de boulot sur Besançon puis direction la vie parisienne depuis maintenant plus d’un an. Au début c’était clair pour moi, vie parisienne = fin du vélo, puis au bout de quelques semaines j’ai bien vu que j’avais besoin de mon vélo comme petit moment d’évasion et c’est alors que j’ai pu rejoindre la DN st michel auber. Donc me voilà maintenant à tourner en rond sur un parcours fermé aux voitures de 3km, et le fait de ne pas avoir toutes les routes d’entraînement que j’aimerais me fait beaucoup relativiser.
Comment gères-tu cette situation maintenant ? Qu’est-ce qu’une semaine type pour toi ?
Mon emploi du temps reste le même toute l’année, et il me permet largement de rouler. Donc lorsque je ne suis pas devant les élèves je suis sur mon vélo. Et je vis ces 2 activités à plein temps, de toute façon je ne sais pas faire quelque chose à moitié, c’est 100 % ou rien chez moi. Mais mon métier de professeur d’EPS reste mon métier, et les moments sur le vélo représentent ma passion, mon moment d’évasion et ma façon de vivre. On vit tellement d’émotions grâce à notre sport. C’est l’école de la vie.
Appelée en Équipe de France l’an passé pour les classiques Bretonnes et le Tour de Bretagne, malheureusement tu y chutes. Que t’est-il arrivé ? A ce moment-là, est-ce que ton métier t’a permis de relativiser ?
Et oui malheureusement il nous arrive parfois de tomber, ce sont les aléas et il faut faire avec. Dans une ligne droite, une fille chute devant moi, impossible de l’éviter et me voilà à terre. Avec cette fracture du bassin j’étais dans un premier temps très déçue de ne pouvoir représenter les couleurs de l’équipe de France mais surtout d’aider Audrey et Juliette sur le tour de Bretagne. Pour une fois que j’allais avoir le même maillot qu’elles !!
Dans ces moments-là on se rend compte qu’on perd un peu notre source de motivation de tous les jours, mon métier ne m’a pas fait relativiser dans la mesure où je ne pouvais plus travailler. J’ai donc dû apprendre à faire autre chose que mon « vélo vélo vélo » et ma famille ainsi que mes proches m’ont beaucoup aidé à relativiser, je les remercie. C’est maintenant du passé. »
2020 peut alors débuter pour Marine qui a un seul objectif : gagner des courses avec son équipe. Que ce soit en tant que coéquipière ou en jouant sa carte. Et surtout : prendre sa revanche sur Plumelec (qui accueillera d’ailleurs les prochains Championnats de France). Impossible donc pour elle de s’imaginer faire un choix entre ses deux passions. Avec son tempérament d’hyperactive, elle s’épanouie dans son équipe et cela n’empêche pas de réaliser son travail à 101%. Quand on lui demande si son métier serait compatible avec celui de cycliste professionnelle, Marine est sure d’elle : « en adaptant les périodes de stage avec des périodes d’absence au boulot, en créant un lien entre la FFC et l’Éducation Nationale, tout est jouable.»
Notre deuxième profil est quant à lui encore étudiant. A 19 ans, Nathan Reina est en dernière année de BTS par alternance dans le domaine de la chimie. Rentré dans le monde du vélo par le biais de son père avec qui il partage encore des entraînements, il roulera cette année sous les couleurs de Charvieu-Chavagneux Isère Cyclisme, DN1. Nathan s’est d’ailleurs déjà fait remarquer en début de mois en remportant la cyclosportive « La Route de l’Etoile ». Après cette première apparition dans ce genre de course, Nathan ne pourra en revanche pas rééditer cela tout de suite car son programme de courses avec son équipe est « bien chargé ». Entretien avec le jeune Isérois.
Nathan Reina vainqueur à la route de l’Etoile | © Stéphane Barbier
« Comment s’est passée ta préparation hivernale ?
Ma préparation hivernale s’est très bien passée, mon entraîneur Christophe Jonard (Cyclisme Coaching) m’a fait reprendre l’entraînement début décembre puis j’ai fait un gros bloc de foncier, ce qui est très important. J’ai fait peu d’intensité avant la première compétition mais cela vient avec les courses. Charvieu Chavagneux Isère Cyclisme a su me faire confiance pour ma première saison en élite, il y a un très bon staff, merci à eux.
On t’a vu remporter la première cyclo sportive de l’année. Comment s’est déroulée ta course ?
J’ai remporté la Route de l’Étoile le 9 Février dernier. Nous étions un peu plus de 300 partants et après 5 kms, nous avons pris le large à 9 coureurs. L’entente était très bonne et je connaissais la plupart de mes compagnons d’échappée : Nicolas Reynaud, Andréa Costa ou encore Benjamin Buchetet. J’ai vite compris qu’on allait se disputer la victoire. Dans la dernière difficulté à 10 kms de l’arrivée, nous avons basculé à 3 coureurs et cela s’est joué au sprint dans les rues d’Alès. Je suis très content d’avoir remporté cette cyclosportive, ça met de la confiance pour la suite et ça montre que le travail hivernal a bien été réalisé.
Quel est selon toi les grosses différences entre course FFC et cyclo ? Qu’est ce qui manque à l’un ou à l’autre selon toi ?
Il est pour moi difficile de juger mais le niveau est plus hétérogène en cyclosportive comme il y a plus de partants, c’est moins basé sur la compétition et c’est ouvert à tous, on peut côtoyer les professionnels donc c’est une très bonne expérience ! Les parcours des cyclosportives possèdent souvent plus de dénivelés que les courses en FFC. Je pense qu’il manque beaucoup de reconnaissance médiatique au cyclisme en général ! Pour les organisateurs, les bénévoles et les participants. »
Nathan voit d’ailleurs d’un bon œil la présence de professionnels au départ des cyclos, selon lui, ça attire plus de participants et permet aux amateurs de se comparer à eux ou tout simplement de les rencontrer. Concernant l’Etape du Tour, il a longtemps été freiné par le nombre de participants et que, sans dossard prioritaire, il est difficile de s’exprimer entièrement mais cette année, il aimerait en faire une belle expérience. Rendez-vous pris alors pour Nathan même si ses principaux objectifs cette année seront d’acquérir de l’expérience, aider les équipiers et remporter une course.