Evita Muzic était destinée à faire du vélo. A peine savait-elle marcher qu’elle réalisait déjà ses premiers coups de pédale dans le jardin familiale. Née d’une famille de cyclistes, elle commence les compétitions dès l’âge de 5 ans dans la catégorie pré-licenciée. Son caractère de compétitrice montre le visage d’une jeune fille prête à faire des sacrifices pour exceller, quitte à vivre loin de sa famille. Aujourd’hui, Evita est installée du côté de Grenoble avec son petit copain lui aussi professionnel au sein de l’équipe Cofidis : Eddy Fine. Rencontre avec la jeune espoir considérée comme l’une des meilleurs grimpeuses Française avec dans les lignes de son palmarès, 3 titres de Championne de France.
Evita meilleure jeune des Strade Bianche 2019 | © Thomas Maheux
« Quel a été ton parcours sportif (depuis toute petite) ?
J’ai commencé en école de vélo au guidon bletteranois puis je suis allée à l’amicale cycliste bisontine en minime où j’ai commencé à faire des courses nationales. Puis j’ai quitté mon chez moi pour intégrer le Pôle Espoir Franche-Comté en sport étude. J’ai été par la suite Championne de France cadette de cyco-cross. En junior, je suis allée au club de Morteau Montbenoit et j’ai commencé à faire des courses internationales. Lors de ma dernière année j’ai été Championne de France junior et ai gagné la Classique des Pyrénées, ce qui m’a permis d’intégrer l’équipe professionnel FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope lors de mon passage chez les espoirs ! Je continue maintenant ma progression au sein de cette équipe.
Que penses-tu de la différence de traitement entre le cyclisme féminin et masculin ? Penses-tu que les équipes masculines devraient se calquer sur le modèle de la Movistar, CCC ou encore de la Michelton-Scott et ouvrir chacune une section féminine ?
Je pense que les mentalités évoluent dans le bon sens mais qu’il reste encore du chemin à faire. Je ne vois pas pourquoi cela n’est pas égal. Nous faisons le même métier, les mêmes efforts et même sacrifices que les hommes !
Oui je pense que cela serait une bonne chose. Je ne vois pas pourquoi certaines équipes masculines n’auraient pas leur déclinaison au féminin. Les plus grandes courses telles que les Strade BIanche ou les classiques ardennaises commencent elles aussi à faire leur version féminine. Je pense que cela pourrait leur apporter un plus : partager et voir les choses d’un autre point de vue.
C’est sûr que pour les filles, c’est un plus au niveau structurelle et budgétaire. D’ailleurs, on constate que les meilleures équipes au niveau UCI sont celles qui ont leur section masculine.
Tu étais en ce début d’année à Tenerife avec l’Équipe de France pour un stage en hypoxie. Comment s’est-il déroulé ?
Cela s’est plutôt bien passé, on a vraiment bien roulé, enchaîné les heures de selle et surtout le dénivelé positif ! Car c’est vrai qu’il fallait tous les jours remonter le volcan pour revenir à l’hôtel et c’était si long que l’on ne faisait pas grand-chose d’autre ! (rires) Tout cela s’est déroulé dans un cadre magnifique, avec des conditions météorologiques idéales et un staff de l’équipe de France au top !
Qui fait quoi à la maison ? Repassage, ménage, vaisselle, à manger, mécanique ?
Alors déjà on ne repasse rien comme ça, ça fait quelque chose en moins à faire. (rires)
Ensuite, nous avons conclu que je fasse les repas et lui la vaisselle.
Pour le reste des tâches ménagères, on fait souvent ensemble mais c’est vrai qu’il fait peut-être plus le ménage que moi. Et la mécanique, c’est lui bien sur ! »
Alors que l’an dernier, à cette même époque elle terminait meilleure jeune sur la classique Italienne des Strade Bianche, Evitava devoir patienter pour tenter de réitérer son exploit. Son statut au sein de son équipe n’est autre que d’apprendre auprès de ses leaders en apportant au maximum son aide. La Lédonienne espère être à son pic de forme aux classiques ardennaises et sur le Giro Rosa cet été. Porteuse du maillot national en septembre dernier du côté du Yorkshire, elle compte bien refaire partie de l’aventure cette année.
Des points communs dans ce jeune couple ?
Tous les deux sont professionnels au sein d’une formation World Tour, ils ont été poussé par leur famille dans le monde du vélo et sont tous les deux Champion de France de cyclo-cross catégorie junior. Eddy Finé a quant à lui réalisé ses débuts dans le club de C2S près de Grenoble puis a rejoint le club de Charvieu-Chavagneux en juniors pour finalement montrer tous ses talents sur route au sein de la DN1 VC Villefranche Beaujolais l’an passé. Après une saison qu’il conclut avec une 3èmeplace au Championnat de France amateurs, il décroche son premier contrat professionnel chez Cofidis. Entretien avec le jeune puncheur.
Eddy Finé lors de son stage hivernal à Calpe avec son équipe Cofidis | © Mathilde Lazou
« Comment s’est passée ton intégration au sein de la Cofidis ? Qu’est-ce qui a le plus changé pour toi depuis ton passage chez les pros ?
Mon intégration s’est bien passée ! Je fais au mieux pour que l’équipe ait une totale confiance en moi. J’essaye de donner mon maximum sur chaque course pour apporter à l’équipe. Je pense qu’on gagne sa place sur le terrain et c’est ce que j’essaye de faire !
Au final pas grand-chose n’a changé ! J’avais déjà auparavant une vie « pro » ! En fait c’est un peu comme avant mais en mieux. Avec plus de confort et de minutie. C’est sûr que toutes les infrastructures de l’équipe sont très impressionnantes au début.
A l’avant sur l’ultime étape du Tour des Alpes-Maritimes et du Var, cela était-il prévu ? Comment s’est passée ta journée ?
C’est une étape que je connaissais bien. Je voulais faire la course à l’avant et j’ai pu le faire, c’était top ! On a eu la chance d’aller au bout. Faire 5ème en haut du Faron c’est de bon augure pour la suite.
Suis-tu le cyclisme féminin ? Le suivrais-tu si tu n’étais pas en couple avec Evita ?
C’est vrai qu’avec Evita je m’intéresse encore plus au cyclisme féminin, mais je m’y intéressais déjà auparavant étant passionné de sport en général !
Que penses-tu de la différence de traitement entre le cyclisme féminin et masculin ? Trouves-tu normale la différence de salaire entre les deux ? A quoi expliquerais-tu cela ?
C’est vrai que c’est un sujet délicat, je pense que l’argent est la cause de cette différence de traitement ! Comme dans beaucoup de sport, les investisseurs recherchent ce qui leur rapporte le plus. Heureusement cela va dans le bon sens quand même je pense, ça avance et c’est une bonne chose. On le voit déjà avec les primes qui sont égales sur certaines courses et aussi avec la multiplication des retransmissions télé ! »
Eddy s’épanouie dans sa nouvelle vie, lui qui ne s’était jamais imaginé faire autre chose que devenir coureur professionnel, savoure chaque instant sur son vélo. En revanche, le grenoblois garde les pieds sur terre et sait que seuls la persévérance et le travail lui permettront de rester dans ce monde le plus longtemps possible.