Directeur sportif de la division nationale 1 du VC Pays de Loudéac, Steve Arbault a de l’expérience. En effet, le natif de Nevers (Nièvre) en est à sa 7ème année. Agé de 27 ans, il ne s’est pas posé de question et a sauté sur l’occasion lorsqu’un poste de directeur sportif lui a été proposé chez Sojasun Espoir. Il a alors mis un terme à sa propre carrière sportive en 2013, lui qui avait commencé le vélo dès la plus jeune catégorie : pré-licencié. Venant d’une famille (paternelle et maternelle) issue du cyclisme, il a donc commencé dans le club de sa ville jusqu’à être junior 2 puis a signé au SCO Dijon tout en faisant en parallèle des courses, une formation DEJEPS au Creps de Poitiers et un stage au pôle espoirs Bourgogne à Dijon. Rencontre avec le DS de l’équipe Bretonne, avec à son actif, déjà 3 victoires en 2020 :
Portrait de Steve Arbault, DS du VC Pays de Loudéac | © FRJ Design&photography
« Comment se sont passées ces 2 premières années au sein du VC Pays de Loudéac ? Quelles difficultés as-tu pu rencontrer et quel a été ton meilleur souvenir ?
C’est deux premières années se sont bien passées. Le club avait un projet depuis longtemps, puis je suis arrivé en même temps que la création de l’équipe pro de Jérôme Pineau. Nous avons mis en place un nouveau projet basé toujours sur la formation, mais d’une façon différente et avec de très jeunes coureurs. Aujourd’hui notre moyenne d’âge est de 21,2 ans au sein de la DN1. Puisqu’en effet nous avons 11 coureurs espoirs et 3 coureurs plus expérimentés. Cependant, le plus ancien, Stylianos Farantakis n’a que 25 ans.
Le plus difficile a été de se séparer de certains coureurs au sein de l’effectif durant ces deux années. Nous devions faire comprendre notre nouveau projet aux coureurs aillant connu autre chose. Aujourd’hui le projet est en route et tous nos coureurs l’ont compris, c’est ça l’essentiel. L’an dernier, le meilleur souvenir a été de voir un garçon comme Maxime Chevalier réaliser un exploit sur l’une des courses les plus dur es du monde, le Giro Valle d’Aosta. Il termine 4e du général. Aujourd’hui, les premiers de l’édition 2019 sont dans le World Tour.
Vainqueur du CLM des Plages Vendéennes en début de saison, comment se passe une journée de course comme celle-ci ?
C’est une journée qui s’est super bien passée. Le jour J, il n’y avait plus grand-chose à faire. Nous avions beaucoup travaillé dès le stage en Espagne grâce au soutien de l’équipe professionnelle (2 journée de CLM). Puis nous avions effectué des stages CLM dans notre centre de performance à Theix. Les gars étaient prêts et savaient ce qu’ils devaient faire. J’ai même dû laisser Alan, victime de problème de santé la semaine précédent le CLM, sur le banc de touche car l’équipe était limitée à 7. Le jour J, après un dernier briefing le matin, tout était réglé et tout s’est déroulé comme prévu. Les gars se sont surpassés. J’avais prévu du personnel pour créer des intermédiaires supplémentaires. Notre mécano avait bien préparé les vélos Nos assistants toujours présents pour les gars jusqu’au départ. Il n’y avait aucune tension, juste l’envie de se surpasser. Je savais l’équipe forte. Ils m’ont montré de belles choses même s’il nous reste encore de petits points à travailler. En tout cas, ils nous ont fait plaisir ce jour-là, vraiment.
Malheureusement, quelques semaines plus tard, le monde du vélo est mis en stand-by. Comment gères tu cette situation avec tes coureurs ?
Et oui, malheureusement pour le cyclisme, ce virus a mis fin aux compétitions. Les gars continuent à rouler sur home-trainer, à effectuer leur préparation physique… Nous avons des projets à long terme avec l’ensemble de nos coureurs. Ils savent que le travail réalisé aujourd’hui payera dans quelques mois pour les plus anciens et dans quelques années pour les plus jeunes. Ils sont forts mentalement, et j’aime ça. Nous relativisons, l’essentiel aujourd’hui est de pouvoir contribuer à la diminution de ce virus et sauver des vies en restant le temps qu’il faudra à la maison, et le temps qu’il faudra sans courses.
Certains pensent qu’il serait nécessaire de créer des nouvelles catégories : junior 3, espoir 5, qu’en penses-tu ?
J’ai vu passé cette rumeur sur les réseaux. Honnêtement, c’est vrai que les années juniors sont belles et c’est dommage pour eux. La décision appartient à la fédération mais je ne vois pas comment on pourra redescendre à 2 années de juniors dans le futur. Pour les années Espoirs, je trouve que 4 années espoirs c’est déjà énorme. Ça ne change rien pour eux horsmis quelques courses. Qu’ils gagnent des courses Elites Nationales, Classe 2 en espoir 4 ou « Elite 1 » ne changera rien. S’ils doivent passer pro, ils passeront. Beaucoup de coureurs passent pro avant cette catégorie. Et comme je le dis, même en étant plus espoirs, on peut toujours passer pro. Nous avons 3 coureurs non espoirs dans notre effectif et ils ont le même projet, intégrer l’équipe pro. Si on les a pris, c’est qu’on croit en eux. Notre seul espoir 4, se retrouvera Elite 1 et pourra disputer un calendrier fourni en terme d’Elite Nationale et Classe 2 qui pourra lui permettre d’atteindre le niveau professionnel. Alors non je ne suis pas pour une année espoirs 5. »
On l’a donc compris, le VC Pays de Loudéac représente pour certains la possibilité de faire le saut dans l’équipe professionnelle B&B Hotels-Vital Concept p/b KTM. En tant que réserve, les coureurs bénéficient donc du matériel mais aussi de l’expérience. Durant cette période de confinement, les 6 directeurs sportifs des 2 structures sont en constante discussion. Mais aussi avec les DS extérieurs à la Bretagne, là où les régions sont plus impactées en terme de cas, de gens en réanimation et de décès. Mais comme le dit si bien Steve Arbault, « les discussions tournent en rond et continueront tant que nous ne saurons pas quand les compétitions reprendront ». Car en effet, si pour les professionnels, des nouvelles dates de courses sont annoncées, pour les amateurs, les courses ne cessent de s’annuler. En tout cas, une chose est sure pour Steve, une fois que la saison reprendra, le seul objectif sera de gagner des courses en « élevant le niveau des gars pour qu’ils puissent atteindre les pré-requis avant de passer chez les pros. »
Et d’ailleurs, comment se passe ce confinement pour les coureurs de Steve Arbault, quoi de mieux que d’en rencontrer un.
Nous sommes donc allés à la rencontre d’Alan Boileau, membre du VC Pays de Loudéac et stagiaire chez B&B Hotels-Vital Concept p/b KTM en fin d’année 2019. Espoir 3ème année, Alan Boileau est lui aussi prêt à faire toutes les concessions qu’il faut pour attendre son objectif. Un objectif de taille : être cycliste professionnel. Pour ce faire, il a décidé d’arrêter l’école et de se focaliser uniquement sur sa carrière. Comme beaucoup d’enfants, il a commencé le sport avec le foot mais s’est vite tourné vers le vélo dès l’âge de 6 ans. Pour 2020, le Breton a décidé de changer d’équipe en passant de la DN2 Dinan au VC Pays de Loudéac DN1. Entretien avec le coureur de 20 ans.
Portrait d’Alan Boileau, nouvelle recrue du VC Pays de Loudéac | © FRJ Design&photography
« Vainqueur de la dernière étape de la Sportbreizh l’an passé, comment s’était passée cette journée pour toi ?
A l’origine je devais protéger et éventuellement aider mon ancien équipier pour le classement général. Finalement, sur le circuit final, il m’a laissé carte libre j’ai tout de suite senti l’opportunité. Remporter sa première élite nationale c’est une sensation assez bizarre, drôle et j’espère bien regoûter plus d’un fois à cela.
Tu es en fin de saison stagiaire au sein de l’équipe de Jérôme Pineau, comment s’est effectué ce « stage » et les courses réalisaient avec eux ?
Malheureusement, j’ai du me résoudre à une seule course avec l’équipe. En effet, manque de chance les dents de sagesses ont eu raison de moi sur la fin de saison. Puis une blessure à la hanche est aussi arrivée à ce moment-là, j’ai donc du arrêter plus tôt que prévu ma saison.
L’an passé chez Dinan et suivi par Arkéa Samsic, cette année chez le VC Pays de Loudéac qui est l’équipe réserve de B&B Hotels-Vital Concept, pourquoi ce choix ?
Honnêtement, c’est le programme de courses que me proposait le VC Pays de Loudéac qui m’a aidé dans mon choix de changement. Mais il est vrai que savoir que l’équipe professionnelle est au dessus, ça a permis de peser dans mon choix.
Près de 2 mois de confinement, comment gères-tu cette situation ?
Nous sommes dans une situation où il faut s’adapter. Je continue à m’entraîner comme il faut. En soi, l’entraînement se rapproche d’un entraînement de début de saison avec de la musculation, de la course à pied et pas mal d’home trainer.
Es-tu en contact avec ton DS, Jérôme Pineau ou d’autres pendant cette période ?
Oui, j’échange régulièrement avec mon DS et mon entraîneur Gaël Le Bellec. L’un comme l’autre me disent de bien rester chez moi, de continuer à bien m’entraîner et d’être prêt pour la reprise, car ce sera une reprise courte et intense. »
Alan Boileau devrait donc pouvoir s’illustrer sur les prochains Championnats de France qui devraient se disputer du 20 au 23 août prochain. Sur le circuit iconique Breton de Plumelec, le jeune coureur au profil puncheur-grimpeur compte bien montrer ce qu’il vaut autant en contre-la-montre que sur la course en ligne. Jouant 3 fois la gagne sur les 5 courses dont il a pris le départ en 2020, Alan espère poursuivre dans sa lancée. Le Breton reste optimiste et espère le meilleur pour cette nouvelle décennie.