C’est en suivant son frère aîné de 5 ans que l’envie de monter sur un vélo est venue à Nans Peters. Le jeune homme de 25 ans est alors devenu l’un des meilleurs baroudeurs français et ne cesse de le montrer. Constant il l’a été toute la saison et il est même parvenu à remporter sa première victoire sur un Grand Tour cet été sur le Giro lors de la 17èmeétape. C’est en tentant qu’il réussit et son profil l’en oblige aussi : il « grimpe bien mais n’est pas un pur grimpeur, sprinte mal mais aime les effort typés CLM ». Justement, cet effort type CLM, il le retrouve aussi dans le cyclo-cross où il a été aperçu cet hiver. Rencontre avec le coureur d’AG2R La Mondiale.
Nans Peters remporte sa première victoire du calendrier World Tour à 25 ans | © GettySport
« Professionnel depuis 2017, quelles sont les plus grandes évolutions, changements que tu as constatés sur toi-même et autour de toi ?
Physiquement, le fait de courir des courses plus longues et plus rapides fait prendre beaucoup de force qu’on ne peut pas acquérir chez les amateurs. D’un point de vue extérieur cela ne change rien pour les gens, amateur ou professionnel on me pose toujours les mêmes questions : « est-ce que tu fais le TDF ? » et « de quoi vis-tu ? ». En revanche mes proches comprennent lorsqu’il faut faire des sacrifices, que je suis absent aux rassemblements de famille etc… Ils ont bien compris qu’il s’agit de mon travail et que ce n’est plus seulement une passion.
Vainqueur d’étape au Giro, comment s’est passée ta journée ? Sentais-tu que c’était ton jour ? Quels sentiments une fois la ligne passée ?
Sur la 17eme étape du Giro on savait que l’échappée avait des chances d’aller au bout, le profil s’y prêtait bien. Dès le début de course j’étais très motivé et tout le temps avec un temps d’avance, dans les bons coups. Cela m’a permis de bien gérer mes efforts. Ensuite je n’avais aucun complexe, je me suis dit allé essaye, tu n’as rien à perdre au milieu de tous ces grands noms et palmarès. J’ai tenté et ça a fonctionné. J’ai toujours fonctionné comme ça depuis les amateurs et je n’ai pas changé ma manière de courir. En franchissant la ligne j’avais un peu de mal à y croire, j’étais presque mal à l’aise en levant les bras mais je voyais derrière la ligne tout le staff qui sautait dans tous les sens et ça me rendait heureux. Ça faisait aussi 10km que tous mes coéquipiers, DS, et mécanos étaient comme des dingues dans l’oreillette. C’était un grand moment.
Depuis le début de l’hiver on te retrouve dans les sous-bois. Dans quelle optique ? Pourrait-on te retrouver sur une manche de coupe du monde ?
J’adore cette discipline. J’en ai beaucoup fait dans les catégories jeunes puis en espoirs j’ai donné la priorité à la route. Je continue d’en faire pour le plaisir mais sans pression ni entraînement spécifique. Le CX du weekend est ma séance intensive de la semaine. C’est aussi une manière d’assurer une sortie qualitative lorsqu’on n’est pas sûr de la météo à cette période de l’année. Je reste sur des cross locaux, je n’ai pas la prétention de pouvoir jouer plus haut. Même en CDF, je n’ai pas envie de faire autant de route, c’est beaucoup de logistique, de préparation. Le calendrier route est déjà assez prenant pour ne pas faire une vraie saison hivernale de cyclo-cross
Beaucoup de coureurs ne trouvent plus de contrat ou tout simplement décident par eux même d’arrêter leur carrière et disent que le monde professionnel n’est pas comme on le pense. Comment expliques-tu cela ? As-tu été « déçu » par ce monde professionnel ?
Je suis passé par le CCF, c’est une bonne école du vélo je pense. On n’a pas d’agent, si on passe pro c’est qu’on y a notre place. J’estime qu’un coureur qui doit se vendre dans tous les sens via un agent pour passer pro n’y a pas trop sa place. C’est un peu pareil pour y rester. Si personne ne veut du coureur c’est qu’il y a une raison. Bien-sûr il y a des exceptions et ça m’embête beaucoup pour eux, quand je vois qu’un coureur comme Kevin Le Cunff ne trouve rien c’est dingue ! Il mériterait de courir au minimum en Conti pro et là il est prêt à arrêter ! En revanche ceux qui ne s’y plaisent pas chez les pros je peux comprendre. C’est un milieu particulier où on ne vit pas comme tout le monde, il faut faire sa place, performer et tout le temps. Ça peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre donc on n’a pas le droit de se relâcher. Certains ont réussi à passer pro sans être trop sérieux et ça ne peut pas fonctionner l’échelon en dessus, ça peut aussi être un point de frustration. Ce n’est pas facile, ça se saurait sinon ! Par ma part je m’y plais pleinement ! »
Nans lui est plus serein sur son avenir puisqu’il a renouvelé son contrat pour les 3 prochaines années au sein de la formation de Vincent Lavenu. D’ailleurs, il ne va pas tarder à retrouver tous ses coéquipiers puisque le premier rassemblement se fera ce mois-ci pour 10 jours de stage à Gandia puis 8 jours à Altea toujours en Espagne. Une bonne préparation avant de reprendre sur le calendrier français en février puis un enchaînement avec Paris-Nice et Catalogne. Son seul gros souhait ? Participer au Tour de France. Chose qu’il préparera en passant probablement par le Romandie et le Tour de Suisse. Bonne saison à toi, Nans !
Tandis que le premier s’éclate dans ses sous-bois régionaux, la deuxième en est privée mais a trouvé des solutions pour se défouler.
Après une saison 2019 en demi-teinte avec un manque de sensations en fin de saison sur les gros objectifs tels que les Championnats du Monde, Pasquine Vandermouten doit combler sa préparation hivernale par d’autres sports que le cyclo-cross. La raison ? Vous allez la connaître. C’est donc dans la course à pied et la moto que Pasquine se défoule et s’éclate avant de remonter sur son vélo avec « la rage et l’envie ». Rencontre avec la quadruple Championne de France.
Une nouvelle saison sous les couleurs de Massi pour Pasquine | © MASSI
« Premier hiver où tu es absente des sous-bois, à quoi cela est dû ?
Depuis l’hiver dernier je savais que j’allais passer mon hiver sans cyclo-cross. Ça n’a pas été facile pour moi de prendre une telle décision car c’est une discipline que j’adore mais mes problèmes de santé m’ont rappelé à l’ordre l’hiver dernier. En effet, lors des cyclo-cross dans le froid, la neige, la boue, mes extrémités se paralysent et je suis incapable de forcer, je souffre de la maladie de Raynaud depuis mes débuts en cyclisme mais l’hiver dernier a vraiment été compliqué (j’ai même dû abandonner certaines courses). Même en ce moment je souffre déjà à l’entraînement ! Cet hiver sans cyclo-cross va aussi me permettre d’éviter un grand nombre de déplacements et donc d’éviter d’accumuler de la fatigue pour la saison prochaine en VTT : ce sera un bon test !
Comment gères-tu cela ? N’est-ce pas difficile de résister surtout quand on voit l’engouement du cyclo-cross l’hiver notamment sur les réseaux sociaux ? Justement, t’en éloignes-tu ?
Pas faire de cyclo-cross me manque énormément, je suis souvent en train de dire à mon père que j’aurais bien aimé faire une ou deux courses sans objectif cet hiver mais c’est un peu tard pour me procurer des vélos.. donc ça attendra l’hiver prochain ou du moins je l’espère. Je ne m’éloigne pas des réseaux sociaux pour autant, je reste en contact avec des copines que je voyais sur les weeks-end de courses et je continue à suivre les résultats de chaque rendez-vous.
Tu as annoncé ton changement d’entraîneur dû à son incapacité à être présent sur les courses de VTT. Pourquoi est-ce aussi important pour toi ?
J’ai effectivement changé d’entraîneur quelques temps après les championnats du monde. Je me suis tournée vers un entraîneur spécialisé dans ma discipline car j’ai besoin d’avoir quelqu’un présent avec moi sur les compétitions, j’ai besoin d’avoir des conseils. C’est primordial pour moi au vu de l’évolution des circuits qui sont de plus en plus engagés. L’année prochaine en espoir il ne faudra rien négliger donc je pense que c’est une bonne chose.
De qui et quoi est composé ton cercle de performance ?
J’ai donc mon entraîneur qui me fait mes plans d’entraînements et me donne quelques conseils sur la nutrition. J’ai la chance d’avoir à 15 minutes de chez moi le kiné/ostéopathe de l’Équipe de France donc je n’hésite pas à aller le voir régulièrement. Après les grosses charges d’entraînements je vais également faire des séances de cryothérapie pour récupérer plus vite. Les thermes du Boulou m’aident précieusement, lors de mes journées off j’en profite pour aller passer du bon temps et me faire cocooner.»
Pour 2020, Pasquine a décidé de mettre toutes les chances de son côté, la jeune espoir de 18 ans va consacrer sa saison au vélo mettant de côté les études. L’objectif sera de passer correctement le pallier junior-espoir et d’être à 100% à l’entraînement. Sans se fixer de résultats concrets, elle veut surtout engranger de l’expérience pour la suite dans cette discipline où l’on connaît les avantages de l’expérience notamment sur les circuits de Coupe du Monde. La sociétaire du team Massi va commencer ses cycles à la salle de sport afin de prendre de la force et bien bosser la technique grâce à la moto. Ce qu’on lui souhaite pour 2020 ? De « belles surprises, du plaisir et passer du bon temps avec son équipe ».
Par Jade WIEL