On a fait la semaine dernière tout un pataquès autour du retrait obligatoire des oreillettes, une mesure prise par les hautes instances internationales il y a tout de même un an et demi et qui n’avait pas ému grand-monde jusqu’alors. Il aura fallu un sacré temps de réaction de la part des réfractaires à ce retour en arrière sain et bénéfique pour notre sport. Tout cela pour qu’ils nous pondent des arguments qui ne tiennent guère la route. Il faut garder l’oreillette, disent-ils, pour des raisons sécuritaires. Soit. Alors qu’on mette en place un système semblable à celui de radio-course pour les directeurs sportifs mais à l’attention des coureurs et contrôlé par l’organisation de la course : un seul canal pour tout le monde et tout le monde sera content. Sauf les directeurs sportifs, bien entendu, puisque ce n’est pas seulement de sécurité qu’il est question…
Toujours est-il que les mouvements de protestation, un an et demi après l’adoption de cette mesure, arrivent un peu trop tard. Et trop tard, on n’y est pas passé loin pour Riccardo Ricco. Pendant que ses collègues menaient leur fronde du côté de Majorque, lui était en train d’agoniser sur un lit d’hôpital, à l’article de la mort après s’être réinjecté son propre sang, conservé depuis un petit mois dans son frigo. Pauvre Ricco, contrôlé positif à l’EPO Cera il y a deux ans et demi et qui avait promis, après s’être bien moqué du monde de son air arrogant, qu’il ne recommencerait pas. Pauvre Ricco, qui avait voulu se racheter une conduite en prêchant la bonne parole auprès de jeunes athlètes ou d’écoliers afin de dénoncer les dangers du dopage (ceux-là auraient mérité une oreillette avec de la bonne musique plutôt que d’écouter les sornettes d’un faux repenti). Pauvre Ricco, qui ignorait sans doute que l’autotransfusion est une méthode interdite, passible de la peine capitale. Pas devant la justice mais devant son propre corps, qui ne peut tolérer tous les écarts.
Riccardo Ricco a bien failli passer l’arme à gauche ce week-end. Et il est temps, entre autres réformes bénéfiques pour l’avenir de notre cyclisme, de songer à des sanctions plus lourdes et plus dissuasives en matière de dopage. Nous n’en voyons qu’une qui puisse sauver notre crédibilité… et la vie de quelques inconscients : la suspension à vie au premier contrôle positif ! Bien sûr, me direz-vous, on a tous le droit à une seconde chance. Mais tolérer un premier écart sous ce prétexte, c’est déjà offrir aux tricheurs l’occasion de commettre l’irréparable. Il est temps, grand temps, de mettre un terme à ces largesses, puisque deux ans de suspension ne suffisent pas à réfléchir. Il en va de la vie de nos coureurs et de la crédibilité de notre sport. Quiconque transgressera la règle doit être radié à vie. Malheureusement, vous le savez comme nous, pareille mesure est encore utopique. Encore une fois, on réagira trop tard. Quand un drame sera survenu.