Etrange qu’aucune marque de lessive ne soit encore partenaire d’une équipe ou d’un événement de cyclo-cross. Peut-être simplement parce que le défi qui se présenterait à elle serait tout bonnement impossible à relever. Nous voilà entrés de plain-pied dans la période hivernale, celle qui rime avec l’attente des compétitions dominicales. Les nuits sont de plus en plus longues – on perdra encore des minutes de pseudo-soleil jusqu’au solstice d’hiver le 21 décembre – le mercure a entamé sa périlleuse descente et les rares feuilles jaunâtres qui s’accrochent encore aux branches des arbres dépouillés iront maintenant rejoindre les parterres gadoueux à la prochaine bourrasque. L’hiver s’installe pour quelques mois et les circuits de cyclo-cross ont donc pris leur véritable apparence. Les visages tirés des compétiteurs qui s’y affrontent également.
C’est dur, le cyclo-cross, mais qu’est-ce que c’est beau ! Dimanche dernier, il ne fallait pas avoir peur de se mouiller ni de se salir sur la troisième manche du SuperPrestige organisée dans le bourbier de Hamme-Zogge. Les coureurs ont fini rincés, essorés, lessivés, le programme qu’ils allaient infliger par la suite à leurs combinaisons, si toutefois on pouvait encore espérer en tirer quelque chose après le passage en machine ! Ces crossmen, ce sont des guerriers, au sens propre (si l’on peut dire) du terme. C’est bien simple, on ne leur en demanderait pas davantage sur un stage commando : sprinter comme des forcenés pour se précipiter les premiers sur un terrain de glaise, tenter de progresser sur un sol bourbeux, courir le vélo sur le dos dans des pataugeoires vaseuses jusqu’à mi-mollet… Et revêtir les traits, progressivement, d’un seul et même soldat, le visage camouflé par la boue et les maillots uniformément crottés.
Au spectacle qui envoûte les spectateurs sans distinction s’ajoutent des enjeux qui captivent les plus initiés. Dimanche à Miramas, ce sera déjà la deuxième des trois manches du Challenge National. L’occasion d’y retrouver les cadors du cyclo-cross français et de vibrer au rythme du duel qui opposera à nouveau le Lorrain Steve Chainel au Franc-Comtois Francis Mourey. A Saverne il y a trois semaines, le challenger avait enfin fait jeu égal avec le multiple champion de France. Chainel a ouvert une brèche. Peut-être ne seront-ils pas nombreux à pouvoir s’y engouffrer – on a vu Nicolas Bazin le faire par la suite à Nommay mais saura-t-il renouveler pareil exploit sur le Challenge National – mais toujours est-il que le cyclo-cross français, dont la popularité ne se dément absolument pas, a vu s’ouvrir de nouvelles perspectives réjouissantes. Un beau dimanche de sport nous attend dimanche à Miramas. L’hiver a aussi son charme.