Il ne pouvait en être autrement. Sur les pentes vertigineuses de la désormais légendaire côte de la Croix-Neuve, rebaptisée Montée Jalabert, la révolte a grondé une nouvelle fois après les affrontements des derniers jours. Cette fois-ci, l’insurrection est venue d’Espagne. Secoué sur son trône de vainqueur sortant depuis une semaine, le Roi d’Espagne a voulu répondre à cet insouciant prince du duché du Luxembourg, sans complexe, qui fait les yeux doux à son bien. Pavés, Alpes, et maintenant les Cévennes, les duellistes ne se font aucun cadeau. Tout les terrains sont bons pour gagner du terrain sur l’adversaire. Avec leur gueule d’ange qui cachent de vraies personnalités charismatiques, Contador et Schleck ressuscitent le combat au corps à corps, le duel épique sur les cimes d’un Tour vaincu, ses dernières années, sur l’autel d’un cyclisme aseptisé. Le Tour 2010 revisite, en quelque sorte, l’esprit chevaleresque qui faisait défaut aux années post-Armstrong, quand les diadoques de l’Américain se disputaient les restes de l’Empire, dans les méandres d’une guerre de succession démunie d’imagination. Ce n’est pas encore du Merckx-Ocana, mais ces deux-là apportent une bouffée d’air rafraîchissante à un Tour assommé par la chaleur.
Laurent Galinon