Vous, tous fans de la route, avez, sans nul doute, en tête, la fameuse couleur « céleste », également connue sous le nom de « vert Bianchi ». Et, c’est là la preuve de la réussite de ce fabricant de vélo, qui a réussi à travers cette teinte de turquoise si emblématique à marquer les esprits des amoureux du cyclisme pour des générations. Voici donc le portrait d’un maillot mythique dont la classe restera encore longtemps dans les livres.

 

C’est en 1885 à Milan que naît la marque Bianchi, à ses débuts spécialisée dans la production de bicyclettes mais qui se lance à partir de 1899 dans la fabrication de véhicules motorisés. L’entreprise italienne conçoit et produit alors des motos, puis des automobiles, ce qui fait d’elle une marque polyvalente. En 1901, Edoardo Bianchi marque le monde du vélo grâce à l’un de ses modèles : la toute première bicyclette à transmission par cardan. Il fait de nouveau parler de sa marque un peu plus tard, en 1913, à travers l’invention du système de freinage avant, également une première mondiale. Grâce à ces innovations, Bianchi se bâtit une une réputation des plus solides et devient rapidement un leader sur le marché en Europe ; en 1914, ce sont ainsi 45000 vélos produits, environ 1500 motos et 1000 voitures. Ce succès commercial permet à la marque d’accéder au monde des courses cyclistes et motocyclistes : c’est alors le début d’une belle aventure qui dure encore de nos jours.

 Ainsi, l’équipe cycliste sponsorisée par le fabricant de cycles a existé avec différents co-sponsors en 1899 et 1900, puis de 1905 à 1966, et de 1973 à 1989. La marque italienne fait deux nouvelles apparitions dans le peloton en 1993 puis de 2003 à 2006, et sponsorise également des coureurs en VTT dans les années 1990 et 2000. C’est donc en 1899 que Gian Ferdinando Tomaselli remporte les premières victoires internationales pour Bianchi lors de compétitions sur piste : le Grand Prix de Paris et le Grand Prix de l’UVF (course sur piste organisée par l’Union vélocipédique de France de 1894 à 1945). Mais le nom qui restera associé à l’équipe Bianchi dans les mémoires est surtout celui de Fausto Coppi, qui rejoint l’équipe en 1945 et y reste jusqu’en 1956 avant de revenir pour une dernière année en 1958. L’équipe Bianchi, dirigée par Giovanni Tragella et Franco Aguggini, connaît dans ces années une période faste, et est ainsi construite autour de Coppi — qui remporte le Tour de France en 1949 et 1952 alors que la compétition est à cette époque disputée par équipes nationales. Heureusement pour Bianchi, leur leader remporte également le Giro sous la tunique de couleur « céleste » à quatre reprises (1947, 1949, 1952 et 1953). Fausto Coppi devient donc en 1949 le premier coureur de l’histoire à réaliser le doublé Giro-Tour la même année, et il est alors considéré comme l’un des plus grands coureurs cyclistes de tous les temps.

 

C’est dans les années 1970 que la marque italienne revient en tant que sponsor principal sur l’asphalte, avec l’équipe Bianchi-Campagnolo. Elle peut alors compter sur des coureurs de renom comme les champions du monde 1972 et 1973 Marino Basso et Felice Gimondi, ou encore  le colombien Martin Emilio Rodriguez, quadruple vainqueur du Tour de Colombie. On compte d’ailleurs deux nouvelles éditions du Giro remportées sous le maillot Bianchi par Gimondi en 1976 et Johan de Muynck en 1978. A cette époque, l’ancien champion du monde Vittorio Adorni dirige l’équipe pendant une année avant que son adjoint, Giancarlo Ferretti, n’en reprenne les rênes. Bianchi disparaît ensuite du peloton pour ne réapparaître vraiment qu’en 2003 lors de l’édition du centenaire du Tour de France. En effet, Team Coast n’ayant cette année-là plus les moyens de payer leurs coureurs, Bianchi décide de sponsoriser l’équipe. Ils font alors signer Jan Ullrich, qui se classe second derrière Lance Armstronf pour seulement 61 secondes, soit la plus petite marge d’avance pour l’Américain lors de ses sept Tours victorieux. Bianchi avait dans ses plans de continuer à sponsoriser une équipe professionnelle, mais les départs d’Ullrich — qui retourne chez Telekom — et d’Ángel Casero, les deux leaders de l’équipe, conduisent naturellement à la disparition de celle-ci puisqu’elle ne peut plus justifier son rôle d’équipe de premier plan. Bianchi continue toutefois de s’investir dans les courses cyclistes en devenant co-sponsor de l’équipe Alessio-Bianchi, puis de l’équipe Liquigas-Bianchi pour les saisons 2005 et 2006, et fournisseur de l’équipe Vancansoleil-DCM en 2012.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier de mentionner la réussite de la marque dans le monde du VTT dès les années 1990, grâce à des coureurs comme Bruno Zanchi — qui remporte le premier championnat du monde de descente juniors en 1991 — ou Dario Acquaroli — champion du monde de cross-country juniors. De 2000 à 2006, les équipes Bianchi-Motorex puis Bianchi-Agos dominent largement la discipline avec José Antonio Hermida et Julien Absalon, multiple champion du monde et champion olympique en 2004. On peut également — une fois n’est pas coutume — féliciter Bianchi pour leur investissement dans le cyclisme féminin depuis 2016 à travers l’équipe cycliste féminine Giusfredi-Bianchi basée en Italie.Enfin, pour ce qui est du maillot, le beau « vert céleste » Bianchi est, je le disais en introduction, devenu une teinte à part entière dont la beauté a toujours été saluée par tous les amoureux du vélo et même par le grand Salvador Dali. La légende dit que ce turquoise était celui du ciel de Milan, mais également la couleur des yeux de la reine d’Italie Margherita de Savoie à qui Edoardo Bianchi apprit à faire du vélo — l’aigle couronné qui figure sur le logo de la marque est d’ailleurs une adaptation des armes royales. De quoi comprendre l’aura de ce fabricant de vélos et la fascination pour ce « vert céleste »…