Thomas, pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre carrière ?
Je suis passé professionnel grâce à mon titre de champion de France en 1991. J’ai rencontré le soir même Cyrille Guimard qui m’a fait signer un contrat dès le lendemain, pour l’équipe Castorama, avec qui j’ai commencé en 1992. Cette année là j’ai gagné une étape du Tour de l’Avenir, le général en 1993. En 1994 j’ai été meilleur jeune du Tour de France pendant deux semaines, grâce à ma 6ème place avant de terminer 21ème. Puis j’ai couru deux ans chez Banesto, où nous avons gagné un Tour de France avec Miguel Indurain en 1995. Ensuite j’ai fais la première année de La Française des Jeux en 1997 avant de mettre un terme à ma carrière car j’avais une proposition de reconversion.
Vous aviez donc anticipé votre reconversion. A quoi vous êtes vous destiné à ce moment là ?
Avant de passer professionnel, j’avais un DEUG en STAPS car j’étais parti pour être professeur de sport. Pendant ma carrière pro, j’ai continuer à aller, l’hiver, passer certaines épreuves pour avoir ma licence, donc quand j’ai arrêté j’ai repris au niveau Maîtrise-Master, ce qui m’a permis de rentrer ensuite chez Adidas. J’étais représentant chez eux et au bout de six mois j’étais devenu responsable sponsoring France et j’avais sept fédérations.
Au moment d’arrêter votre carrière, vous vouliez véritablement changer d’orientation ?
J’avais bien conscience qu’à 29 ou 36 ans il y avait un bout de chemin à faire pour la suite de ma carrière professionnelle. J’ai préféré faire le choix d’arrêter à 29 ans mais avec une possibilité de reconversion. Je pense que j’ai fais un bon choix. Maintenant, cela me permet de revenir encore sur le Tour de France, c’est mon 23ème, et je suis bien content d’y être.
Vous êtes sur le Tour pour Bostik. Quelles ont été les étapes après Adidas ?
Chez Adidas, j’étais responsable sponsoring pour le vélo, l’athlétisme, le running pendant cinq ans et j’ai monté un projet pour développer le cyclisme chez Adidas. A l’époque, Adidas avait racheté Salomon et Salomon avait racheté Mavic, le projet a muté chez Mavic où j’ai passé dix ans en tant que responsable international. J’étais responsable de la route, du VTT, du triathlon, de la piste. Il y a deux ans, j’ai voulu monter ma boîte en tant que consultant avec des projets en Chine, ce qui n’a pas forcément marché, donc j’ai appelé l’ensemble de mes clients l’hiver dernier, parmi lesquels Bostik, Ekoï, Hugo Evénement et ASO. Et j’ai signé un CDI en janvier dernier avec Ekoï, à travers le partenariat Quick-Step et Ag2r. L’aventure avec Bostik dure depuis trois ans. C’est une belle aventure car Bostik c’est la colle officielle des dossards, le partenaire du profil de l’étape, qui est très apprécié par les équipes.
Est-ce que, selon vous, mener une carrière de professionnel et faire des études en parallèle est facilement réalisable ?
Maintenant, oui. A mon époque, ce n’était pas forcément évident, je crois que seuls Laurent Fignon et moi avions le bac dans le peloton français. Mais maintenant oui, les jeunes en ont conscience, j’ai de très bons exemples avec Chambéry Cyclisme Formation qui est une très bonne école. Comme quoi il y a moyen de mener les deux de front et je suis persuadé que c’est un très bon équilibre. Penser qu’au vélo n’est pas forcément la meilleure solution. Cela permet de se libérer l’esprit sur autre chose et pas de se focaliser que sur le vélo.
Auriez-vous souhaité, pendant votre carrière, avoir des propositions de formations comme cela se fait aujourd’hui avec l’UNCP ?
Oui, bien sûr, c’est très important. Le problème est que quand on est coureur cycliste, on ne se rend pas compte de ce qu’il y a autour, on est dedans, on vit la passion à fond et on ne pense pas à la suite. Coureur cycliste, on se dit que c’est pour toute la vie mais non, on n’a pas conscience que cela va s’arrêter un jour.
Vous diriez que ça passe très vite ?
Cela passe très vite et on profite tous les jours au maximum mais le jour où ça s’arrête, on se dit mince, j’aurais peut-être dû faire autrement.
Y a-t-il des anciens coureurs qui sont pour vous des modèles de reconversion ?
Oui, Gérard Rué par exemple. Il a monté son troisième magasin Intersport. Il y a des entrepreneurs, je trouve qu’il y a pas mal de cyclistes qui ont l’esprit entrepreneuriat. Le vélo est aussi une bonne formation pour cela.
Vous étiez sur le Tour pour Bostik. C’est vous qui leur avez conseillé d’être présent dans le vélo ?
En amont cela avait déjà été bien enclenché, mais derrière je pense que je peux leur apporter pas mal, par rapport aux rouages du vélo, et l’intérêt peut-être d’être cosponsor d’une équipe. Bostik est monté en gamme cette année et je pense qu’ils ne sont pas mécontents.
Quels dispositifs gérez-vous et quels sont ceux que Bostik avait sur ce Tour ?
Bostik avait trois véhicules sur la caravane, pour la troisième année, nous sommes montés en gamme en terme de qualité de la caravane. Cela permet de distribuer pas mal de goodies sur le bord des routes. L’année dernière nous n’avions qu’un seul véhicule d’invités, nous en avions deux en juillet, donc cela veut dire que la mayonnaise a pris au sein de l’entreprise car les invités reviennent et les voitures sont pleines. C’est intéressant, cela permet aux clients et aux commerciaux de Bostik de nouer un contact différent. Beaucoup d’entrepreneurs du bâtiment ne connaissent pas du tout le Tour et ils sont enchantés de le découvrir.