Joop Zoetemelk, si vous ne deviez retenir que quelques lignes à votre palmarès, quelles seraient-elles ?
Pour commencer, j’ai été champion olympique du 100 kilomètres par équipes à Mexico chez les amateurs en 1968. L’année suivante, j’ai remporté le Tour de l’Avenir avant de passer professionnel en 1970 et ce jusqu’en 1987. J’ai notamment remporté le Tour de France en 1980, et terminé six fois deuxième de l’épreuve derrière Eddy Merckx (1970 et 1971), Lucien Van Impe (1976) et Bernard Hinault (1978, 1979 et 192). J’ai été champion du monde en 1985 sans oublier ma victoire sur le Tour d’Espagne en 1979.
En 1970, l’année de votre passage au sein du peloton professionnel vous exerciez une autre activité en parallèle, celle de charpentier. Votre employeur vous laissait-il du temps libre pour vous entraîner ?
Non, pour lui, j’étais ici pour travailler. Malgré tout, en 1969 j’ai quand même eu un peu de temps libre afin de m’entraîner.
L’arrêt de votre carrière en 1987 était-il anticipé ?
J’ai toujours eu peur de faire l’année de trop. Surtout en fin de carrière, notamment lorsque je deviens champion du monde en 1985. Je voulais arrêter après ce titre. Mais le maillot arc-en-ciel m’a poussé à effectuer une année de plus dans le peloton. On va dire que 1987 était l’année de mes adieux. Je ne voulais pratiquement plus courir sur de grandes courses. Mon seul résultat significatif est ma victoire sur l’Amstel Gold Race.
Au moment de pendre le vélo au clou, aviez-vous des pistes de reconversion ?
Ma femme avait acheté un hôtel donc nous avons travaillé ensemble dans un premier temps. Puis j’ai eu une proposition du manager de Superconfex, ma dernière équipe, pour occuper un poste de relations publiques que j’ai accepté spontanément. Lorsque j’ai reçu cette proposition de Jan Raas, je n’ai pas hésité une seule seconde. C’était vraiment l’endroit où je voulais être. Je me sentais bien et je n’ai jamais eu en tête de quitter le milieu. J’ai occupé ce poste jusqu’à la fin de l’appellation Rabobank. Malgré le changement de sponsor régulier, Jan Raas m’a gardé à ses côtés.
Auriez-vous pu être séduit par un poste de consultant ?
Non, ça ne m’a jamais intéressé. Créer ma propre marque comme Eddy Merckx l’a fait non plus. Je préfère rester dans l’ombre. En revanche, la possibilité de travailler avec une marque, de textile par exemple, aurait pu m’intéresser. C’est vrai que ça me plaît beaucoup plus que l’hôtellerie.
Ce métier ne vous passionnait donc pas plus que cela ?
C’est surtout que j’ai vécu dans des hôtels tout au long de ma carrière et je ne voulais plus que cela se reproduise.
Etiez-vous épaulé dans votre reconversion ou au contraire livré à vous-même ?
Non, la fédération n’est jamais intervenue là dedans. Ils ne nous ont jamais aidés. Personnellement, je suis resté dans le milieu donc je n’ai pas eu forcément besoin d’aide à ce niveau-là. Maintenant, la fédération joue un rôle beaucoup plus important dans la reconversion, mais à mon époque ce n’était pas le cas.
Le fait de parler plusieurs langues vous a-t-il aidé lorsque vous étiez en charge des relations extérieures ?
Je pense en effet que cela m’a beaucoup aidé puisque je parle trois langues, le Néerlandais, le Français et l’Allemand. J’ai aussi appris l’Anglais, langue avec laquelle je suis de plus en plus à l’aise aujourd’hui.
Quel est pour vous le modèle de reconversion réussie pour un ancien coureur cycliste parmi tous ceux que vous avez côtoyés ?
Chaque coureur est différent. Certains sont dans le commerce, d’autres restent dans le milieu en tant que directeurs sportifs. Il n’y a pas vraiment de reconversion parfaite.