Sur la planète vélo, le nom de Gilbert est associé à un certain Philippe, qu’on ne présente plus. Pourtant, un autre Gilbert a brillé lui aussi dans les pelotons. Il s’agit de… Jérôme, son frère, que nous avons rencontré à Banneux, petite bourgade belge située à quelques encablures de Remouchamps, patrie des Gilbert, et de la Redoute, forcément !
Jérôme, le vélo chez les Gilbert, c’est une affaire de famille ?
En effet. Mon frère Christian, de 13 ans mon aîné, a lui aussi couru à vélo : débutant, junior, amateur. Il dirige aujourd’hui une entreprise de parcs et jardins et occupe également le poste d’échevin des sports à Aywaille, commune voisine de Remouchamps. Mon cousin Cédric a tâté également à la compétition vélo. Donc oui, dans la famille, le vélo on connaît !
Quelles restent les grandes lignes de votre carrière pro ?
J’ai été pro de 2012 à 2015. J’ai effectué ma première course au Grand Prix de Francfort, en Allemagne. J’ai roulé pour Accent Jobs, puis Wanty-Groupe Gobert. J’ai terminé avec Verandas Willems. Typé puncheur, j’avais un rôle d’équipier. Je garde un bon souvenir par exemple des 4 Jours de Dunkerque, ou encore du Tour de Wallonie. Mais le top a été de faire les Ardennaises, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège, avec mon frère Philippe en champion du monde, ainsi que le Tour des Flandres. Des monuments, quoi… En matière de résultats, j’ai pas mal de Tops 10 dans des épreuves en Belgique, mais mon rôle était avant tout d’épauler le leader de l’équipe.
Quand avez-vous pensé à votre reconversion ?
Au bout de ces quatre années pro, je me suis mis à la recherche d’une nouvelle équipe. J’ai participé à quelques courses comme Elite sans contrat, mais j’avais de plus en plus de mal à aller chercher la motivation pour faire des résultats. L’enthousiasme n’était plus vraiment là. Aujourd’hui je roule pour le plaisir.
Y a-t-il en Belgique un syndicat des coureurs qui assure un passage vers la reconversion comme en France ?
Non, et c’est regrettable. Ceci dit, on a des contacts, on rencontre des gens, mais il n’y a rien d’organisé. Dans mon cas, être « le frère de… » entrouvre quelques portes bien sûr, mais cela ne suffit pas. Après, c’est à soi de jouer. Après ma carrière, j’ai repris des études de gestion (formation de chef d’entreprise). Se retrouver sur les bancs de l’école n’a pas été évident mais cela s’est bien passé.
Regrettez-vous certaines orientations qui auraient peut-être changé le cours de votre carrière ?
Non, je n’ai pas de regrets, je suis heureux d’avoir participé à de grandes courses, d’avoir côtoyé les plus grands, et d’avoir beaucoup voyagé. Parfois je me dis que j’aurais pu jouer davantage ma carte personnelle, mais on ne refait pas l’histoire et je ne qualifierai pas ceci de regret.
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes coureurs pros ?
De bien prendre conscience que c’est un métier d’une rare exigence et que derrière un résultat il y a un énorme travail, tant mental que physique. D’écouter et de suivre les consignes des directeurs sportifs. Ils ont une vision différente de la course, un recul que nous n’avons pas. De trouver un juste milieu entre la composante individuelle et l’équipe. Comme on dit, le vélo est un sport individuel qui se court en équipe… Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Puis, aujourd’hui, il y a les réseaux sociaux qui prennent de plus en plus d’importance, on est (presque) des personnages publics ! On est jugés sur la performance évidemment mais aussi sur la qualité de notre communication. Il faut être attentif à cela.
Aujourd’hui, que faites-vous ?
Après la formation « chef d’entreprise », j’ai rejoint mon ami Benoît Banneux qui venait d’ouvrir un magasin de cycles dans le village de… Banneux ! Et nous sommes administrateurs de la sprl BBikes. Nous vendons notamment les vélos et cadres BH et Time, ainsi que tous les produits liés à la pratique du cyclisme : accessoires, groupes, vêtements, alimentation, etc. Nous sommes présents aussi dans le VAE (vélo à assistance électrique) et le VTT. Nous proposons chaque type de vélo à l’essai. Plus évidemment toute l’activité réparation et entretien. Nos points forts sont le service au client, la compétence, le rapport qualité/prix.
Vous pratiquez donc encore le vélo ?
Oui, aux alentours de 14 000 kilomètres par an. Chaque semaine, nous organisons au départ du magasin une sortie vélo de maximum 110 ou 120 kilomètres avec un groupe de cyclos. Avec parfois des surprises : en avril, nous avons roulé un bout de temps avec un certain… Greg Van Avermaet. Il était en reconnaissance sur le parcours de Liège-Bastogne-Liège. Chacun est le bienvenu, les infos se trouvent sur notre page facebook (@1bbikes).