Geoffroy, quelles ont été les grandes étapes de votre carrière ? J’ai commencé en signant dans l’équipe du Crédit Agricole Espoirs. Il y avait ce vivier avec Roger Legeay en 2002. C’était quelque chose d’important en tant que jeune coureur pour arriver ensuite directement sur les courses au plus haut niveau quand tu passes dans l’équipe première. C’est ce qu’il s’est passé en 2004 lorsque j’ai intégré le Crédit Agricole. Ensuite il y a eu un gros coup dur dans ma carrière fin 2005. J’ai pris un poteau en plein visage à Hambourg et j’ai failli arrêter ma carrière et presque y rester. Je m’en suis très bien sorti, je m’en suis remis et dans ce même temps j’étais en contact avec Cofidis. Eric Boyer m’a fait confiance même si j’étais sur le lit d’hôpital et j’ai signé deux ans pour Cofidis. Ensuite j’ai rejoint l’équipe Agritubel d’Emmanuel Hubert en 2008 et 2009 où j’ai gagné l’un des plus grands succès de ma carrière, le Tour d’Angleterre en 2008. Et suite à l’arrêt d’Agritubel en 2009 j’ai signé dans la nouvelle équipe de Lance Arsmtrong quand il a fait son come-back, l’équipe Radioshack avec un fait marquant où je manque la victoire à 300 mètres près sur Paris-Tours. Puis suite à la fusion des équipes Trek, Radioshack et Léopard, je n’ai pas signé de nouveau contrat avec eux et j’ai fait mes deux dernières années de contrat avec Bretagne.
On se souvient de vous ayant designer le sportswear d’Agritubel, cela veut dire que votre après-carrière a été pensée vers la fin des années 2000 ?
J’ai toujours été baigné dans le créatif. J’avais besoin entre deux hôtels, deux avions, de me sortir la tête du milieu du vélo donc c’était vraiment pour décompresser que je faisais ça. J’ai commencé à designer, j’avais un gros fan-club et finalement cela a un petit peu débuté comme ça. Je faisais des maillots, des banderoles, des choses un petit peu différentes en terme de design. Ma chute en 2005 a joué un rôle important. Tu réfléchis et tu te dis, du jour au lendemain, qu’est ce que je vais faire ? C’est là où j’ai commencé à penser à ma reconversion. Je passais un petit peu comme le designer du peloton. Alors aujourd’hui je dirais que c’était vraiment des très bons moments puisque je m’éclatais et j’étais comme ça ! J’étais moi. En 2008 je crée cette première collection pour Agritubel à partir du Tour de France et en 2009 ils me donnent la possibilité de créer tous leurs vêtements sportswear. C’est parti de ça, je signe dans l’équipe d’Armstrong et de là est venu G4. Mon surnom était la 4L chez les français et G4 chez les américains. Je crée ma marque G4 fin 2010 à l’époque où j’étais chez Radioshack.
Au début c’était vraiment pour m’amuser. C’était un passe-temps qui au final devient une reconversion. Cela a été fait un petit peu naturellement. J’ai voulu ouvrir ça pour m’éclater dans ce que je faisais, proposer aux amis et aussi à une communauté qui se retrouverait à travers G4. On a lancé un site internet et tout s’est développé progressivement. Bien sûr qu’en étant dans le milieu du vélo les gens s’y sont intéressés, les journalistes sont venus voir, ils en ont fait aussi un partenariat avec l’équipe d’Eurosport. Puis de fil en aiguille l’équipe Cannondale. Nous avons pu sponsoriser cette équipe en 2014 et également Peter Sagan à titre particulier qui aimait ce que l’on faisait. On a finalement perdu ce contrat mais tout ce développement se fait naturellement, et en étant dans le milieu il est évident que c’était beaucoup plus simple pour moi de faire ma marque. Au commencement c’est avant tout plus une passion que vraiment un business. C’est devenu une reconversion mais aujourd’hui je propose des choses que j’aime et que j’aurais aimé porter pendant ma carrière, c’est aussi ce qui m’a motivé à passer à l’acte en créant ma marque.
On sait toujours qu’en France c’est assez difficile quand on est un jeune entrepreneur de se lancer, avec les banques par exemple, comment avez-vous été accueilli en tant qu’ancien cycliste professionnel ?
Je n‘ai jamais flambé dans ma carrière, au lieu de m’acheter une grosse voiture j’ai investi dans G4. J’ai créé cette marque en fonds propres et monté une SARL.
Oui, en tant que cycliste professionnel c’est une marque d’un professionnel, avec un slogan « pro cycling ». C’est intéressant parce que je sais ce que représente le vélo professionnel. Il y en a certes qui le font très bien aujourd’hui, comme Sky avec Rapha, qui est quelque chose d’énorme, mais je pense que j’ai cette patte à apporter. J’ai l’avantage d’avoir mon avis de cycliste professionnel, d’avoir une marque en nom propre avec des idées bien établies. Je sais où je veux aller avec un ressenti de cycliste professionnel en proposant des choses uniques, performantes et superbement designees. Aujourd’hui, il y n’a pas un deuxième concept sur le marché comme G4. Je suis le seul cycliste pro, désormais ex, qui développe et design en personne les collections et les models ! C’est moi qui design, qui les crée, qui ressens et qui teste les vêtements avec bien entendu nos ambassadeurs et équipes. Il y a toute cette équipe G4 derrière qui aide au développement mais c’est vrai que se poser en tant que designer, testeur de produits et de développement, en sachant ce qu’il y a comme besoin, je pense être le seul à pouvoir en parler.
Est-ce que le montant des investissements par rapport au retour sur investissement, vous savez comme ça se passe chez les pros, ça coûte cher une équipe pro, ça ne vous fait pas reculer aujourd’hui ?
Non je pense pas, à un moment donné il faut être intelligent dans la démarche. Autant pour les équipes que pour les marques il y a des tarifs qui s’envolent. Je pense qu’il y a des choses qui sont à voir, des discussions à avoir. En tant que marque qui veut sponsoriser, il y en a qui font peut-être n’importe quoi pour faire des équipes. Je suis du milieu, je connais les chiffres et je sais ce qui est possible de faire ou pas. C’est là aussi où je me positionne. Quand tu rentres dans une équipe et que tu proposes quelque chose, c’est que tu connais ce qui est possible de faire.
Oui c’est une vraie première étape parce qu’on est à la création d’un projet qui nous semble énorme par ce que le cyclo-cross va devenir. On a aussi besoin d’aides, de la part de la fédération et une structuration du système cyclo-cross pour être capable de pouvoir développer correctement et être capable d’avoir une belle équipe française avec des moyens nécessaires. Aujourd’hui c’est avec nos partenaires privés qu’on développe tout ceci. Un programme national pour élever le cyclo-cross au rang mondial et avoir des champions du monde français serait à mettre en place. Il y a des jeunes qui sont dans cette optique là et Steve fait partie de ces gens qui veulent donner la chance à ces jeunes.
On compare souvent le football avec le cyclisme en disant que le cyclisme est un peu ringard, avec le même maillot du 1er janvier au 31 décembre et qu’il y a plusieurs maillots dans le foot, domicile, extérieur, coupe d’Europe, quel est votre sentiment par rapport à ça ?
Je me rappelle de Cippolini qui mettait une autre couleur de maillot et qui prenait une amende. Armstrong l’avait fait aussi. Je ne vois pas pourquoi on interdirait ça. Moi si demain j’ai une équipe je m’amuserai à faire des choses extraordinaires et à le proposer au public. Alors il y en a qui vont le faire du coté commercial, mais il faut aussi avoir quelque chose de fun dans le vélo. On a été l’un des premiers à le faire quand on a sponsorisé Cannondale, d’avoir fait des t-shirts par événements, et je pense que ça peut-être quelque chose d’idéal de voir ça dans le peloton. Nous sommes dans un vélo qui est en train de changer, ça bouge et on va faire partie de ceux qui vont faire bouger les choses.
Aujourd’hui vous êtes essentiellement distribué sur internet ?
Nous avons aussi un distributeur français. On est sur internet avec les mêmes politiques de prix et puis on est en train de développer un réseau à l’international également. L’Eurobike sera également un tremplin important pour nous afin de s’ouvrir vers d’autres distributeurs. On est chaque année en progression, et dans une importante phase de progression et de création.