Dominique, pouvez-vous nous faire un petit récapitulatif de votre carrière…
Je suis passé professionnel sur route en 1988 et ce pendant neuf saisons. Mon résultat le plus significatif est ma victoire sur la première étape du Tour de France 1992. J’ai également concouru en cyclo-cross où j’ai obtenu un titre de champion du monde en 1993. Ensuite, en 1997, j’ai décidé de me consacrer au VTT jusqu’en 2002. Puis, après un bref retour vers le cyclo-cross lors des hivers 2003 et 2004, j’ai définitivement arrêté la compétition pour finalement entrer en tant que directeur sportif chez Bouygues Telecom en 2005.
Vous êtes passé par beaucoup de disciplines…
J’ai toujours été plus passionné par le cyclo-cross que par la route. C’était difficile de faire les deux, et au bout de neuf ans de cyclisme sur route j’ai eu la sensation d’avoir fait le tour de la question. Ensuite, le VTT ressemblait pas mal au cyclo-cross donc j’ai eu envie d’essayer également. Par la suite j’ai eu l’opportunité de passer directeur sportif et j’ai donc pris la décision d’arrêter la compétition.
A cette époque, du fait de votre attrait pour le cyclo-cross, n’avez-vous jamais pensé à monter votre propre team, un peu à la façon de Steve Chainel ?
Si, mais c’était déjà compliqué de trouver de l’argent sur route alors en cyclo-cross… Autant en Belgique il y a des structures, des finances, des athlètes vivant de cette discipline, autant en France c’est impossible d’en vivre. Il y a très, très peu d’équipes et de coureurs se consacrant à l’hiver.
Dans votre carrière dite de transition, c’est-à-dire avant d’entrer chez Bouygues Telecom, avez-vous pensé suivre une formation, obtenir un diplôme ?
La transition s’est faite très vite pour moi. J’ai participé à mon dernier cyclo-cross en octobre et un mois après j’étais embauché en tant que directeur sportif. Je n’ai pas eu le temps de souffler. Cela fait maintenant douze ans que je pratique ce métier, et le temps passe. Je suis toujours dans le milieu.
Auriez-vous aimé, lorsque vous êtiez encore coureur, avoir une formation dispensée afin de préparer l’avenir et la reconversion ?
Vous savez, le métier de coureur cycliste est prenant à 100 %. Vous n’avez pas trop le temps d’y penser. Même si on commence quand même à y songer en fin de carrière, moi mon but était de rester dans le milieu. C’est ce qui s’est passé, j’ai eu de la chance.
Aujourd’hui, beaucoup de nouvelles technologies sont à la disposition des jeunes coureurs. Y a-t-il des choses en particulier que vous auriez aimé connaître à votre époque ?
Non, pas forcément. Je ne suis pas du tout nostalgique de mes années de coureur. Maintenant, certes, les équipes sont beaucoup plus structurées, beaucoup plus pointues au niveau de l’entraînement. A mon époque, les coureurs arrivaient au départ des courses en voiture, les bus n’existaient pas. Je trouve par contre que nous étions beaucoup plus proches du public. Désormais les coureurs sont tellement bien dans ces bus qu’ils ont moins de contact avec les supporters. Chaque période est différente.
En tant que directeur sportif, y a-t-il des aspects que vous aimeriez développer comme par exemple la psychologie des coureurs, les capteurs de puissance…
Là on est sur les compétences des entraîneurs. Moi j’interviens plutôt au niveau de la stratégie de course. Tout ce monde moderne, ce n’est pas trop pour moi. Honnêtement, j’aurais eu du mal à être professionnel à l’époque actuelle avec les oreillettes. Je suis un coureur à l’ancienne, je trouve dommage que les radios pour les coureurs soient encore autorisées. Pour moi ça gâche un peu le spectacle et il y a plus de chutes à cause des oreillettes.
Afin précisément de favoriser le spectacle, quelles idées retiendriez-vous : supprimer les oreillettes, les capteurs de puissance ou réduire le nombre de coureurs par équipes ?
Supprimer les oreillettes et réduire le nombre de coureurs, je ne pense pas que cela serve à quelque chose. Le gros problème c’est que parmi les neuf coureurs alignés sur le Tour de France par l’équipe Sky, six au moins pourraient être leaders dans une autre formation. C’est là le cœur du problème. Ils ont tellement d’argent qu’ils peuvent se permettre d’acheter les meilleurs coureurs.