Andy, peux-tu rappeler les grandes lignes de ta carrière ?
J’ai commencé ma première année pro en 2005, avant ça j’ai fait 3 mois en tant que stagiaire avec l’équipe CSC et puis après en 2014 c’était ma dernière année. Ma victoire à Liège-Bastogne-Liège, ma deuxième place au Tour d’Italie avec le maillot du meilleur jeune. Après j’ai eu beaucoup de podiums, comme à l’étape de Morzine-Avoriaz et les deux plus belles, au Tourmalet et au Galibier. Ce sont des moments forts.
On parlait de 2014. Tu as arrêté pour ne pas faire l’année de trop ou parce qu’il y avait d’autres opportunités ?
Ma fin de carrière était très dure, j’ai été hospitalisé suite à ma chute en Suisse. J’ai été opéré plusieurs fois au genou. J’ai essayé de revenir et je suis reparti avec de l’entrainement mais je ne pouvais plus rouler sans une douleur dans le genou. Je ne voulais pas non plus trop attendre avant d’arrêter. Je suis retourné aussi souvent en Suisse mais à un moment les docteurs ont dit que ça ne changerait rien. J’ai pris la décision parce que j’étais jeune, je voulais avoir une vie différente et que je ne voulais pas reprendre pour des courses d’un jour. Une fois en haut, tu ne veux pas retourner avec plein de traitements et autres. C’était donc ma décision.
Tu savais vers où tu allais aller ?
Pas du tout. J’ai eu des moments très durs. D’un moment à l’autre une décision est prise et ce n’est pas moi qui l’ai prise. A ce moment-là tout le monde du cyclisme manque. Donc je me suis mis sur zéro, j’ai pris vraiment 4-5 mois où j’ai disparu. Et je me suis posé la question, comme une assemblée générale dans ma tête pour savoir ce que je voulais faire. C’était une réflexion vraiment solitaire même si ma famille était là. Je ne voulais pas un job ordinaire. J’avais beaucoup d’opportunités mais j’avais encore envie de faire quelque chose qui me plaisait donc j’ai ouvert mon magasin, presque l’un des plus beaux du monde. Donc je vis une deuxième vie.
A l’entame du Galibier | © Photo libre de droit
L’idée de manager, de monter une équipe, c’est quelque chose que tu aurais aimé faire ?
Non, pas vraiment. J’aime bien être dans le milieu mais j’aime bien ma position actuelle. J’aime bien travailler avec des jeunes mais aussi, je pense que notre rôle ce n’est pas de faire de la promo mais on a des invités et on a envie de faire vivre cette passion du cyclisme aux gens tellement c’est un sport fantastique. On peut rouler à vélo partout dans le monde, c’est vraiment diversifié donc c’est un peu « My life, My challenge ».
On te connaît à trois activités. Tu tiens ton magasin, tu es ambassadeur Skoda et aussi Tour de France, c’est ça ?
Oui, pour ASO à l’étranger. Je parle 6 langues. La marque Tour de France est de plus en connu. Je suis quand même un champion alors si je peux promouvoir ces événements à l’étranger, je suis plus que content.
Tu reconnais donc les étapes du Tour à l’étranger ?
Oui, c’est ça. L’année passée, j’ai fait la Chine, la Corée du Sud, Taiwan et Hainan. Et cette année, j’ai aussi une famille donc je vais faire l’étape Californie et puis en Octobre en Chine.
Il y a une valeur du vélo que tu utilises aujourd’hui encore ?
Oui, dans le vélo j’étais connu pour être disponible auprès des fans et des journalistes. Je suis toujours resté les pieds sur terre et je n’ai pas oublié d’où je viens donc ce sont des valeurs que je communique aujourd’hui.
Podium du TDF 2011 (A.Shleck à droite) | © Flickr
Dans tous les coureurs que tu as connus, il y a des modèles de reconversion ?
Je pense à tout le monde. Mais pas de personne en particulier. Mon magasin, c’est mon troisième enfant. C’est un gros risque, on investit beaucoup d’argent et on doit vendre par contre c’était un challenge. Mais quelqu’un comme Laurent Jalabert fait aujourd’hui un superbe job. Je viens de parler avec Thomas Voeckler et c’est pareil, c’est super ! Mais je ne pense pas que je peux faire ça, je ne suis pas trop à l’aise à la télévision. Je préfère être sur le terrain.
Il y a une explosion des réseaux sociaux aujourd’hui, tu aurais aimé évoluer dans le milieu pro aujourd’hui ?
Le vélo a beaucoup changé. En mon temps on était un petit groupe et le soir, même sur le Tour on était là on mangeait ensemble le soir et aujourd’hui c’est plus ça. La QuickStep tient encore vraiment là-dedans. Quand on va sur une course, c’est toujours dur de partir de la maison. Surtout quand on fait le Tour de France. Les femmes c’est à Paris. Mais le reste c’est de la souffrance et si on doit partir, qu’on sait que tout le monde est sur son téléphone voilà … A l’époque on n’avait pas de Wifi dans le bus, parce qu’on ne voulait pas en avoir ! On était une bande d’amis. Aujourd’hui c’est plus comme. Nous, on jouait aux cartes après dîner.