Homme du terroir, plutôt footeux que cycliste, ce n’est pas vers l’organisation d’épreuves cyclistes que semblait se prédestiner Christian Girard. L’ancien directeur de la Caisse d’Epargne des Alpes est venu au vélo sur le tard, en 2006, à l’invitation d’un président d’association qui disposait d’un compte en banque dans son entreprise et sollicitait son intervention après quelques problèmes de trésorerie. « Je me suis pris rapidement au jeu et leur ai proposé mon aide dans l’organisation du Tour de Haute Provence, c’est comme ça que je suis arrivé au vélo », se rappelle celui qui préside dorénavant l’Association du Tour des Communautés de Communes de Haute Provence (ATCC04).
L’association a su faire rebondir le Tour de Haute Provence dès 2007. La belle épreuve amateur organisée sur trois jours reçoit chaque année trente-cinq candidatures d’équipes pour une grosse vingtaine de places. Soit un budget de 60 000 euros. Un dynamisme qui a séduit il y a cinq ans la mairie de Gréoux-les-Bains, à un moment où elle s’interrogeait sur l’avenir des Boucles du Verdon, la cyclosportive organisée jusqu’alors par l’association les Boucles du Verdon. Déplorant que l’association en question ne lui fournisse aucun bilan comptable, la mairie s’est rapprochée de l’ATCC04, à laquelle elle a demandé avec insistance de reprendre l’événement une fois l’association organisatrice déboutée de l’organisation. En 2011, c’est donc la structure représentée par Christian Girard, Claude Nard, Alain Grimaud et les « chemises rouges » (les bénévoles de l’association sans qui rien ne serait possible) qui a récupéré le droit d’organiser les Boucles du Verdon.
Dès sa reprise, Christian Girard et son équipe ont défini une nouvelle ligne de conduite. Une convention a été signée entre les mairies de Saint-André-les-Alpes, Castellane et Gréoux-les-Bains, lesquelles communes verront désormais les Boucles du Verdon s’installer chez elles par alternance, les années paires à tour de rôle pour Saint-André et Castellane, les années impaires pour Gréoux. Quand les éditions organisées autour de Gréoux-les-Bains ne peuvent s’aventurer au-delà de La Palud, ces éditions aux départs alternatifs permettront dorénavant d’utiliser le Verdon de haut en bas et de le faire connaître sur sa longueur. « Economiquement parlant, nous permettons surtout à ces trois grosses communes de bénéficier des retombées de la cyclo, explique Christian Girard. C’est un atout pour les commerçants et restaurateurs de Castellane et Saint-André-les-Alpes, des communes qui vivotent en période hivernale, de septembre à mai. »
Reste encore à fidéliser des cyclosportifs sur la retenue qui n’ont pas encore tous saisi l’intérêt évident de proposer des tracés alternatifs d’une édition sur l’autre. « Nous avons pris la mesure des critiques qui étaient faites à l’ancienne organisation et avons apporté les améliorations nécessaires, poursuit le président. Aujourd’hui notre manière de recevoir les coureurs comme nous le faisons depuis trois ans plaît énormément. »
Pour faire tourner les Boucles du Verdon, un budget de 35 000 euros est nécessaire. La commune de Gréoux-les-Bains apporte un gros soutien financier à l’épreuve, le Conseil Général lui octroie 4000 euros… bien que les subventions n’arrivent pas toujours à temps pour l’épreuve. Ce fut notamment le cas l’an passé. « Nous avons une caisse commune qui regroupe plusieurs de nos compétitions, dont le Tour de Haute Provence, et que nous avons utilisée pour avancer le budget des Boucles du Verdon, explique Christian Girard. Et en tant que banquier, je n’hésite pas à faire appel à un découvert ponctuel. Il faut savoir se débrouiller mais ce n’est pas si compliqué. »
C’est qu’avec un président comme Christian Girard à la tête de l’Association du Tour des Communautés de Communes, les Boucles du Verdon n’éprouvent pas de difficultés à réunir le budget, à la date voulue, auprès des partenaires privés ou institutionnels. Ces dernières années, l’ancien banquier a habilement su actionner son large réseau. « Quand vous travaillez depuis quarante ans dans une banque et que vous gravitez dans deux départements, les gens vous connaissent. C’est très important. Les gens avec lesquels je travaille savent qu’ils peuvent me faire confiance. C’est ce qui fait la force de notre association aujourd’hui. »
Christian Girard en a bien conscience, il incarne cette image ô combien capitale dans toute organisation : la sécurité. « La confiance qu’on accorde à un organisateur est très importante, souligne l’ancien directeur de la Caisse d’Epargne des Alpes. Chez nous dans les montagnes, on ne vous ouvre pas la porte tous les jours. Je bénéficie des retombées d’un travail de plus de quarante ans. Quelle est la collectivité locale qui n’est pas venue nous demander un peu d’argent ? Les gens me font aujourd’hui plus confiance à moi qu’à quelqu’un qu’ils ne connaîtraient pas. »
« Economiquement, nos organisations sont des réussites », insiste Christian Girard. Les retombées sont assez faciles à mesurer s’agissant du Tour de Haute Provence, dont 50 % du budget (soit environ 30 000 euros) est réinjecté dans l’économie locale pour la restauration et l’hébergement. De telles retombées sont plus difficilement quantifiables pour les Boucles du Verdon. « Le nombre important d’hôtels-restaurants présents sur Gréoux-les-Bains ne nous permet pas d’en faire le tour, précise Christian Girard. Mais à Saint-André-les-Alpes en 2012, en l’espace de dix visites, nous avons su que nous avions rempli les hôtels et les restaurants. » Certains participants en profitent d’ailleurs pour prendre une semaine de vacances et profiter des charmes de la région. L’édition 2013 organisée le week-end de Pentecôte a permis de combler bien des chambres d’hôtes.
Et Christian Girard de rappeler cette anecdote qui illustre les retombées indirectes liées aux événements organisés par son association. « En 2008, j’avais hébergé l’équipe Junior de la Quick Step dans un hôtel-restaurant de Saint-Etienne-les-Orgues. Depuis, à partir du mois d’avril jusqu’au mois de septembre, toutes les deux-trois semaines, un car de cyclistes belges s’arrête dans cet hôtel. Les jeunes ont été tellement bien reçus qu’ils ont fait la promotion de cette destination. Aujourd’hui le restaurateur me remercie encore. »