Votre rubrique « Les nouveaux métiers du vélo » d’octobre vous permettra de voyager. Un voyage au long cours, ou plutôt plein de voyages, de projets, d’explorations du monde, …avec, et sur le vélo. Stéven Le Hyaric n’est surtout pas un influenceur, il vit sa vie, vient en vélo au Roc d’Azur depuis la région Parisienne. Un personnage, une vision du monde, du vélo, de la vie… à découvrir chez un cycliste dont le non-métier est Explorateur à vélo !!!
Bonjour Stéven, nous sommes actuellement chez Look, peux-tu te présenter s’il te plaît ?
Je m’appelle Stéven Le Hyaric, je suis aventurier-explorateur. J’ai 33 ans et j’ai passé une bonne partie de ma vie sur le vélo, ça fait un peu plus de 25 ans que je fais du vélo, j’ai eu 24 licences à la FFC, jusqu’au niveau Elites où j’ai notamment été équipier d’Arnaud Démare et d’autres qui sont chez les pros aujourd’hui. J’ai arrêté le vélo à 24 ans, car j’étais trop vieux pour passer au niveau au-dessus et je ne trouvais plus de sens à ma pratique. Aujourd’hui, je vais au bout de mes rêves dans le monde entier, soit dans des déserts hostiles, ou dans d’autres univers un peu fous comme l’Himalaya que j’ai traversé en VTT.
Aujourd’hui, par rapport à Look, tu te définis comme un ambassadeur ?
Oui, comme d’autres, je suis ambassadeur sur différents segments de ce qu’est le vélo, en partie du « Lifestyle », c’est-à-dire prendre de jolies photos et toucher d’autres communautés du vélo. J’ai d’autres communautés qui viennent et ce sont plutôt des gens qui vont vers l’aventure et qui essayent toujours de se dépasser à travers le vélo. Je dis toujours que l’aventure commence quand on sort de chez soi. Depuis cette année, je suis ambassadeur de Look et ça se passe super bien d’autant plus que j’ai roulé sur Look quand j’étais coureur.
Stéven Le Hyaric1 | © Vélo 101
Comment est-ce que la relation est née ?
On s’est parlé avant mon Paris-Dakar à vélo, que j’avais envie de faire en 20 jours. J’avais envie de rouler sur Look, mais ça a été compliqué, les choses étaient en train de changer comme beaucoup de boîtes. Après le Dakar, il y a eu beaucoup de médiatisation et une responsable de Look est venue, on a reparlé ensemble et je lui ai exposé les choses notamment mon futur projet dans les déserts, ce que j’avais envie d’en faire au niveau de la médiatisation, puis elle a validé l’opération. On a ensuite objectivé le matériel et principalement les vélos, car j’étais déjà ambassadeur des pédales. Il faut différencier ce qu’est un ambassadeur Gravel et un ambassadeur Aventure chez Look, c’est quand même nouveau.
Tu es uniquement ambassadeur pour Look ou as-tu l’ambition d’avoir d’autres marques ?
Oui, je suis sponsorisé par une quinzaine de marques qui me suivent comme Mavic pour les roues et il y a d’autres marques qui arrivent et qui s’intéressent à ce que je fais. Il y a aussi des marques où je suis vraiment considéré comme athlète sponsorisé comme Garmin, c’est très important, car je fais des longs trajets et c’est essentiel d’avoir un tel modèle. J’ai réussi à faire Paris-Dakar avec un Garmin avec une autonomie de 24h presque tous les jours et c’est super. C’est ce qui se passe aussi avec Look, le fait de donner de la crédibilité à des produits dans des univers un peu hostiles.
Stéven Le Hyaric2 | © Vélo 101
Ces partenaires t’aident à aller plus loin, qu’est ce que ça représente sur les réseaux sociaux ?
Mes communautés sont digitales, donc j’ai entre 10 000 et 20 000 abonnés par réseau social, mais il y a de grandes visibilités. Par exemple, quand je poste une vidéo de l’Himalaya, elle touche 250 000 personnes du fait que c’est partagé, et ça fait un gros rebond. Ensuite, les projets sont médiatisés, par exemple, Paris-Dakar a été diffusé lors d’un festival de film d’aventure au Grand Rex. Je vends également mes documentaires à la télévision. Par exemple, ma traversée de l’Himalaya est vendue à la chaîne « Voyage » mais a été aussi diffusée sur « Stade 2 », ce qui touche 6 millions de personnes. Il y a peu de personnes « influenceurs » qui ne font pas de médias importants notamment dans le vélo.
C’est indiscret de te demander si ta rémunération est fonction des retombées que tu as, ou, au contraire, tu n’as pas à tenir compte de ça, par rapport à tes partenaires ?
Moi, je ne sais pas parler d’argent avec les partenaires. J’ai déjà du mal à budgétiser quelque chose. Pourtant, avant, j’étais directeur de la communication notamment pour la fédération française de triathlon. À Rio, je me suis occupé d’athlètes qui gagnaient bien leur vie et qui étaient obligés de gérer leur image, leurs audiences, etc. Je connais très bien ce milieu, mais je ne sais pas parler d’argent. Du coup, je propose des projets et on le valide ou pas. Après, je n’ai pas de contraintes à me dire que je dois faire tant de vues, car je ne sais pas faire. En plus, je ne suis qu’un « micro-influenceur » comparé à des gens dans d’autres milieux qui ont 2 millions de personnes derrière eux. Effectivement, ça reste à l’échelle car on est dans le vélo, mais même dans le vélo, il y en a qui ont des grosses communautés, mais moi, ce qui m’importe c’est des gens qui sont engagés, passionnés et à qui je transmet quelque chose.
Stéven Le Hyaric | © Vélo 101
Dans ce cas, comment fais-tu les « fins de mois » ?
Moi, beaucoup de gens me disent que j’ai trop de chance, mais, depuis que j’ai arrêté la fédé de triathlon, j’ai plus de logement, j’ai perdu ma copine et je me fais aider par des gens que je rencontre quand je suis guide de haute montagne lors de mes projets. Mon « business model », c’est plus de faire des conférences, des cours dans des universités. Faire rêver les gens, ça fait gagner un peu d’argent, mais pas énormément non plus à mon niveau.
Comment est-ce que tu te vois dans 10 ans ?
C’est drôle, on m’a posé exactement la même question hier soir (rires). Je pense que je ferais toujours des aventures, sans doute un peu moins engagées physiquement, mais, par contre, j’aurais toujours cette envie de transmettre cette passion du vélo et de l’aventure, de faire des conférences, de donner plus de cours, d’aller voir les jeunes, et aussi de parcourir d’autres territoires. Par exemple, mon futur projet est d’aller dans les 6 déserts les plus hostiles du monde, ce sont peut-être des territoires qui, dans 10 ans, auront disparus, comme l’antarctique, par exemple. Ce que je vais voir va témoigner du réchauffement climatique. Il faudra la conscience et la maturité, aujourd’hui, j’ai 33 ans, j’en aurai donc 43 et on ne pense pas pareil quand on a 43 ans. Je reste quand même un enfant qui a des rêves et qui a envie de faire des conneries dans des déserts et dans les montagnes avec son vélo, c’est toujours une intention pure et ça va le rester.
Par Nathan Malo