Il fait le sport autant qu’il le pratique. Participant fréquent de l’Etape du Tour ou du Roc d’Azur, engagé régulier du triathlon ou encore skipper occasionnel au cours de sa jeunesse, il a construit sa maîtrise de l’organisation d’épreuves grâce à sa connaissance des disciplines physiques. Son existence est ainsi celle d’un véritable passionné, d’un homme embrassant le sport de toute son étreinte, l’associant aussi bien à son parcours professionnel qu’à sa vie privée, de son bureau en semaine aux routes d’Ile de France le week-end. Ainsi il n’est pas seulement une personne qui décide du sport, mais aussi quelqu’un qui le teste, qui le perçoit de l’intérieur, visant l’omniscience de sa conception. Alors que l’hexagone a la chance de posséder sur son territoire l’une des plus grandes instances d’organisation sportive du monde, possédant des épreuves aux quatre coins du monde, du Tour de France au Dakar, du Marathon de Paris à l’Open de France, il est celui qui a réussit à en prendre la direction générale, pour faire rayonner sur la planète le savoir-faire d’ASO. Voici donc son portrait, celui de Yann Le Moenner.
Son parcours :
Dans la liste de ses qualités, figure haut-placée la fidélité. Parcourant les bureaux d’Amaury Sport Organisation (ASO) à Boulogne-Billancourt depuis plus de 25 ans, il y a rapidement acquis des postes prépondérants. Longtemps directeur du département marketing et médias, à la tête duquel il a prouvé l’ampleur de ses compétences, Yann Le Moenner a ensuite profité d’une valse des têtes au sommet de la société pour accéder à la fonction suprême. En effet, alors que le binôme Patrice Clerc – Gilbert Ysern est révoqué en octobre 2008, Jean-Etienne Amaury, héritier des fondateurs du groupe, s’empare du poste de PDG alors que Yann Le Moenner est promu à la direction générale. Sorte de ministre des finances de l’instance d’organisation sportive, premier relai de son président, il est avant tout chargé des dossiers de sponsoring et de droits TV, s’inscrivant ainsi dans le prolongement de ses activités précédentes. Ces accords de partenariats et l’image médiatique des évènements étant primordiaux pour ASO, l’importance de sa fonction en découle alors.
D’ailleurs, l’un de ses premiers faits d’armes, le rachat du Tour de France à la Voile en 2012, est à l’image de ces qualités. En effet, si l’épreuve nautique existait avant cette transaction, c’est bien sa reprise en main par la société française qui en a nettement développé la renommée et la popularité, en lui permettant notamment d’avoir quelques minutes d’antenne au cours de la retransmission de la Grande Boucle sur France Télévision, mais aussi en s’associant avec de nombreux médias écrits ou audiovisuels, en France comme à l’étranger.
Alors que Yann Le Moenner avait été l’un des éléments moteurs de ce rachat, ses motivations concordaient parfaitement avec l’esprit ASO, celui de mêler professionnels et amateurs dans une même épreuve. D’ailleurs, le breton en est même l’étendard, puisqu’il est lui-même un participant fréquent du Roc d’Azur, évènement VTT phare de la fin de saison où des amateurs confirmés peuvent se mesurer à un beau plateau de professionnel. De même, s’il ne possède pas de facultés en rallye, il est un acteur primordial du Dakar, l’un des décideurs de son transfert du désert d’Atacama aux dunes d’Arabie Saoudite, offrant aux spectateurs un spectacle qui les a tenus en haleine jusqu’à l’ultime étape au cours du mois de janvier. Enfin, c’est également sous sa direction que l’étape du Tour, épreuve reine du calendrier des cyclosportives, a connu une expansion sans précédent. En effet, Yann Le Moenner est à l’origine de son dédoublement avec Paris-Roubaix en 2011, mais aussi à l’initiative de son développement à l’international, permettant aux coureurs amateurs du monde entier de s’aligner sur une course dans les mêmes conditions que les professionnels.L’étape du Tour, une cyclosportive que Yann Le Moenner s’est attaché à internationaliser | © L’Etape du Tour
Son statut aujourd’hui :
Ainsi, plus de dix ans après son accession à la direction générale d’Amaury Sports Organisation, Yann Le Moenner peut se glorifier d’un bilan impressionnant, en termes de développement d’épreuves mais aussi d’une véritable réflexion sur le spectacle offert aux spectateurs. En effet, au cours de la dernière décennie, une partie non négligeable des évènements ASO ont connu une refonte quant à leur lieu d’organisation ou leurs parcours, afin de bousculer les stratégies toutes faites ou les scénarios écrits à l’avance. Dans l’innovation constante, ASO a fait de ses deux courses d’une semaine, Paris-Nice et le Critérium du Dauphiné, des formes de « test-event » de la Grande Boucle, en introduisant régulièrement sur la Ronde de Juillet des cols ou des tronçons empruntés quelques années plus tôt par les pelotons de ces épreuves World Tour. De même, le Tour de l’Avenir, également possession de la société basée à Boulogne-Billancourt, a notamment été à l’origine du passage par le Plateau des Glières en 2018 ou 2020, quelques années après la victoire de Julian Alaphilippe à ce même endroit.Photo de profil de Yann le Moenner sur Strava | © Strava
Enfin, parce que c’est un sportif amateur averti et par-dessus tout un fan de sport, Yann Le Moenner est un homme sincèrement préoccupé par l’organisation épreuves ouvertes à tous, offrant ainsi la magie de faire cohabiter professionnels et pratiquants occasionnels sur de mêmes parcours. Avec le fantastique développement du Roc d’Azur depuis 2011, l’expansion du Tour de France à la Voile à partir de 2012 ou encore l’explosion planétaire de l’Etape du Tour au cours de son mandat de directeur général, il fait véritablement figure de Saint-Père des athlètes amateurs de France et du monde. Ainsi ses actions professionnelles reflètent parfaitement ses loisirs privés, celles d’un homme profondément passionné de sport.
Par Jean-Guillaume Langrognet