Pour lui, le cyclisme allie autant passion qu’argent. Diplômé d’HEC, Directeur Général du groupe Arkea, il a souhaité mettre son amour du sport au service de ses affaires. De jeune étudiant en école de commerce à titan du monde de l’entreprise, son ascension a été fulgurante. Portrait d’un homme qui tente de faire rayonner le nom de son groupe sur l’ensemble de la planète, des territoires français aux pelotons internationaux en passant par l’océan. Portrait d’un personnage à la fortune croissante, portrait de Ronan le Moal.Ronan Le Moal | © L’assurance en Mouvement
Son parcours :
Tout commence en 1995 pour Ronan Le Moal, lorsque ce jeune élève d’école de commerce se voit remettre le prestigieux diplôme d’HEC, véritable marque des grands dans le domaine. L’entrée sur le monde du travail est alors l’occasion d’un retour aux sources pour le natif de Brest, puisqu’après quelques années d’études en région Parisienne il décide de rejoindre le département d’Organisation Générale du Crédit Mutuel de Bretagne. Déjà haut placé dans la hiérarchie, il en atteint rapidement le sommet en s’emparant en 2000 des commandes de l’entreprise. Naviguant par la suite entre les différentes fonctions de direction au sein du groupe Arkea, allant de la mutuelle d’assurance-vie et de prévoyance Suravenir au courtier en ligne Symphonis, il atterrit en 2006 aux mannettes de l’opération de fusion entre cette dernière et Fortuneo Direct Finance, pour donner naissance à Fortuneo, numéro 2 du courtage en ligne français. C’est le point de départ de l’envol du Finistérien : associé à Jean-Pierre Denis, président nouvellement élu du groupe, il lance en 2008 le Crédit Mutuel Arkea, via le projet stratégique Horizons 2015. Il en devient immédiatement le directeur général, récupérant une rémunération supérieure au million d’euros par an. De plus, il s’attèle à la tâche de faire grossir cet ogre en devenir : aux banques Fortuneo et Crédit Mutuel de Bretagne, il rajoute ainsi la cagnotte en ligne Leetchi, la plateforme de paiement en ligne Pumpkin ainsi que de nombreuses société liées au domaine bancaire et aux assurances. Pourtant, le monstre financier n’en reste pas moins affamé, si bien qu’il s’attaque rapidement au sport, pour lequel Ronan Le Moal a une certaine faiblesse.Photo de profil de Ronan le Moal sur son compte twitter | © Compte Twitter de Ronan le Moal
Son statut aujourd’hui :
C’est l’étude de la société de conseil et de marketing Kantar Media, selon laquelle 100 euros dépensés dans un partenariat sportif professionnel seraient équivalents à 500 dans un spot publicitaire, qui lui permet d’allier affaires et passion. Il passe alors le pas en 2016, en faisant de Fortuneo le co-sponsor de l’équipe cycliste locale, alors renommée Fortuneo-Vital-Concept. Profitant de la Wild-Card que reçoit annuellement celle-ci depuis 2014 pour participer à la Grande Boucle, il exploite ainsi cette formidable vitrine commerciale pour afficher sur les télévisions du monde entier le nom de la banque bretonne. Constatant la relative faiblesse de son équipe vis-à-vis des grandes écuries du World Tour, il n’hésite pas à investir de manière croissante pour fournir à son manager général, Emmanuel Hubert, les moyens de grandir. Pourtant, en dépit des transferts retentissants de Warren Barguil et d’André Greipel en 2018 et 2019, corrélés à une forte hausse du budget de l’équipe, les résultats ne décollent pas. Pire : les bouquets se réduisent comme peau de chagrin… En deux ans, seul le titre de champion de France obtenu par Warren Barguil à la Haie-Fouassières est motif de satisfaction pour Ronan Le Moal. Le bilan sur la Grande Boucle se limite quant à lui à un anecdotique top 10 du coureur breton cette-même année, sans que celui-ci ne soit capable de réitérer ses exploits de 2017.
L’équipe Arkea-Samsic sur le Tour de France | © Compte twitter du Team Arkea-Samsic
Cela étant dit, le businessman finistérien a vu les choses en grand pour 2020 : il s’est offert le luxe de recruter Nairo Quintana accompagné de son frère Dayer et de son fidèle lieutenant Winer Annacona, mais a également réussi à s’attacher les services du grimpeur italien Diego Rosa et du sprinteur aquitain Thomas Boudat tout en donnant une nouvelle chance à Nacer Bouhanni. Un recrutement digne de l’équipe INEOS, toute proportion budgétaire gardée, qui exige naturellement un fort retour sur investissement. Après les échecs répétés des premières années, Ronan le Moal ne peut pas se permettre un nouveau flop, compte tenu des sommes déboursées dans l’opération.
Mais pour lui et pour Arkea, 2020 peut être l’année du rayonnement : avec une équipe cycliste prometteuse, une formation de rugby actuellement deuxième du Top 14 (Arkea est aussi partenaire de l’Union Bordeaux-Bègles) et un voilier au départ de la 9e édition du Vendée Globe (le bateau Arkea-Paprec de Sébastien Simon), la marque bretonne pourrait se voir associer à de nombreux titres et exploits. Et marquer ainsi par la même occasion un beau point symbolique dans la lutte qui l’oppose au Crédit Mutuel. Et cela, Ronan le Moal l’attend avec impatience.
Par Jean-Guillaume Langrognet