Marion, la saison est maintenant bien entamée. Comment jugez-vous vos premières performances ?
Je n’ai fait que de grosses courses depuis le début de l’année. J’ai commencé au Tour du Qatar. Le début de saison est conforme à ce que j’attendais. Lotto-Belisol Ladies a fait un très bon recrutement, notamment avec Liesbet De Vocht. J’ai fait beaucoup de boulot pour elle, mais aussi pour Jolien D’Hoore. Cela me permet de prendre plus de caisse, de pouvoir rouler sur de grandes courses pour mes leaders. Je préfère les aider à aller chercher des podiums sur de belles courses, plutôt que faire une place de 15ème ou 20ème.
Votre préparation s’est-elle déroulée comme vous l’espériez ?
Oui, cela a été pareil pour tous les cyclistes. Nous avons eu un hiver assez agréable. Nous sommes toutes arrivées en assez bonne forme. Cela avait été un peu plus difficile l’année dernière pour s’entraîner. Le beau temps est annoncé pour les prochaines classiques donc tant mieux, parce que je déteste la pluie ! En début de semaine, on annonçait beaucoup de pluie pour le Tour des Flandres dimanche, mais finalement il ne devrait y avoir que quelques averses en fin d’après-midi.
Vous y serez encore pour travailler pour vos leaders ?
Exactement. L’an dernier, j’avais réussi à être dans le groupe d’une trentaine qui était à l’avant. Je vais essayer de faire aussi bien cette année. D’être dans le premier groupe pour pouvoir éventuellement tenter ma chance personnellement. Le fait d’être équipier peut parfois jouer en notre faveur aussi. Mais si je suis présente dans le bon groupe dans le final, je ferai tout pour aider Jolien et Liesbet. Jolien est une des meilleures sprinteuses du monde alors nous avons vraiment une belle carte à jouer.
Pourquoi n’avez-vous pas participé aux deux premières manches de Coupe du Monde, le Tour de Drenthe et le Trophée Binda ?
Je n’ai jamais fait le Tour de Drenthe. Ce sont les Pays-Bas. La course est vraiment toute plate et j’entends dire qu’il y a beaucoup de chutes. Le Trophée Binda dimanche dernier avait lieu en même temps que Gand-Wevelgem. Lotto-Belisol voulait que les filles qui participent au Tour des Flandres fassent Gand-Wevelgem pour créer un esprit d’équipe et courir sur les pavés. Normalement, je participerai à toutes les autres manches d’ici à la fin de la saison.
Comment organisez-vous vos entraînements ?
Quand Tony (NDLR : Gallopin, son compagnon) est à la maison, on roule beaucoup ensemble. Ça me motive ! Le lundi, je suis en récupération. Le mardi, je remets en route sur deux ou trois heures pour voir les sensations après la course et pour voir si j’ai bien récupéré. Le mercredi, c’est le gros entraînement. Jeudi, je fais des intensités. Vendredi et samedi, c’est de la récup en prévision de la course. Je marche beaucoup sur la fraîcheur, donc il ne faut pas que j’en fasse de trop.
A quelle fréquence roulez-vous avec Tony Gallopin ?
Nous ne sommes pas souvent ensemble à la maison. Dès que l’on est ensemble, on fait nos sorties à deux. On fait aussi beaucoup de derrière derny.
Comment s’est déroulée votre adaptation dans une équipe à forte consonance néerlandophone ?
C’est dur de se mettre au flamand car c’est une langue très compliquée. Je n’avais aucune base avant d’arriver dans l’équipe. Même si je ne parle pas encore tout à fait néerlandais, j’arrive à comprendre pas mal de choses. Je me suis acheté un livre pour apprendre à parler néerlandais. Cette année, je suis vraiment motivée pour ! Il y a une supère ambiance avec mes coéquipières, on rigole pas mal. Elles m’apprennent quelques petites choses. En plus, les Flamands parlent aussi français. Cela m’aide beaucoup. Il y a aussi pas mal de Britanniques dans l’équipe et l’anglais, ça va plutôt bien pour moi. On arrive toujours à se faire comprendre. Ça parle trois langues à table, c’est plutôt sympa.
La structure Lotto-Belisol Ladies est-elle liée à l’équipe WorldTour ou les deux structures sont-elles séparées ?
Généralement, non, on ne se voit pas tant que cela. On a certes fait la présentation de l’équipe ensemble, mais les deux structures sont bien distinctes. Quand les courses sont au même endroit, nous avons les mêmes intérêts que les garçons. Cela reste compliqué. Si je prends l’exemple du Tour des Flandres, le départ n’est pas au même endroit ni à la même heure. C’est donc difficile de rassembler les deux équipes. En revanche, à l’arrivée, nous aurons un stand VIP où nous pourrons assister à la fin de la course des garçons et ensuite être tous ensemble.
En temps normal, de quoi est constitué l’encadrement de votre équipe ?
Nous avons un bon staff avec deux directeurs sportifs pour les courses. Nous avons deux kinés, un mécano… Il y a beaucoup moins de personnes que pour les garçons, mais cela reste l’équivalent amoindri.
Est-ce quelque chose que vous ne pourriez pas retrouver en France ?
Peut-être chez Poitou-Charentes-Futuroscope. Là-bas, il ne nous manquait que l’argent. Mais au niveau encadrement, on était plutôt bien. Cela reste la meilleure équipe en France. De plus en plus de filles partent à l’étranger, tentent l’expérience, chose qu’elles ne faisaient peut-être pas auparavant. Le cyclisme féminin commence à évoluer au niveau des médias, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Je vois vraiment la différence entre les filles et les garçons avec Tony. C’est parfois un peu démotivant de voir ce fossé qu’il y a entre nous, alors qu’au final, je m’entraîne aussi dur que lui. Mais Brian Cookson, le nouveau président de l’Union Cycliste Internationale, essaye de mettre en place pas mal de choses pour le cyclisme féminin. C’est pareil pour ASO qui organisera une course à Paris le jour de l’arrivée du Tour de France. Cela progresse, mais il y a encore du chemin à faire.
Propos recueillis le 3 avril 2014.