Laura, tu as terminé 2ème des Championnats de France à Lignières. Où s’est faite la différence avec Emeline Gaultier ?
Au niveau technique je me sentais plus forte qu’elle et physiquement je me sentais égale à elle. En fin de compte, j’ai perdu la course tactiquement. Sur un circuit comme Lignières, dès que l’on perd quelques mètres, on le paye cash. C’était difficile tactiquement. Elle est passée devant moi dans une partie technique. J’ai glissé, j’ai dû passer à pied et elle est passée à vélo. Elle a vu que j’étais derrière elle. Elle a embrayé et je ne suis jamais rentrée. Tout simplement. Mais je suis sûr que ce jour-là, physiquement je pouvais rivaliser.
On t’a senti très émue sur le podium. Quelles émotions t’ont traversée durant la cérémonie ?
Cela faisait deux ans que j’avais le maillot tricolore. Quand j’ai vu que c’était Emeline qui l’endossait, ça ne m’a pas rien fait. C’est une première chose, mais il y a aussi la décompression de toute la saison. Ça a été une saison très dure. J’ai eu des soucis personnels qui ont eu une grosse répercussion sur le vélo. Mentalement c’était très difficile. Mais je ne dis pas que j’ai fait une mauvaise saison. Je termine tout de même 2ème du Challenge National et 2ème du Championnat de France. Mais au niveau des sensations, j’avais l’impression de ne pas avancer. Même si la saison est bonne, mais elle n’est pas à la hauteur de mes attentes.
Penses-tu que cette saison te fera progresser ?
Oui, la saison va me faire progresser mentalement. On apprend de ses victoires, mais on apprend aussi de ses défaites. Les problèmes que j’ai eus vont renforcer mon mental. Je vais aussi prendre de l’expérience dans mon organisation. J’ai fait une erreur dans la gestion de mon Championnat du Monde sur route. J’aurais peut-être dû faire une croix sur une des manches de Challenge National. Il y a beaucoup de choses que j’ai apprises cet hiver.
Comment as-tu géré ta récupération après les Championnats de France ?
C’est simple, juste après la course, j’étais en coupure. Ma saison de cyclo-cross est terminée.
Tu ne seras ni à Nommay pour la Coupe du Monde ce week-end, ni aux Championnats du Monde. Est-ce une volonté personnelle ou un choix qui t’a été imposé ?
C’est une bonne question ! Vu mon état de forme, je ne sais pas si j’aurais dit oui pour une sélection aux Championnats du Monde. Ça ne sert pas à grand-chose de faire des déplacements inutiles. Je ne dis pas que si j’y étais allée, j’aurais fait un résultat, loin de là. Mais y aller pour être collée et terminer dernière, ce n’est pas intéressant non plus.
Ce sont tes problèmes personnels qui ont pesé sur ta forme physique.
Oui, le psychologique a une grosse influence sur le physique. Ça m’a beaucoup touché à ce niveau-là. C’est un cercle vicieux. À cause de cela, je ne me sentais pas bien sur le vélo. Je me démotivais. C’est tout un engrenage.
Dans ces moments difficiles, comment t’ont soutenu tes proches ?
Ils étaient au courant des problèmes que je traversais, mais je n’en ai pas trop parlé. Finalement, j’ai pu compter sur mon entraîneur, sur mon copain et puis le reste, j’ai géré toute seule.
C’est donc l’heure du bilan. Quels ont été tes plus beaux moments et tes moments les plus difficiles ?
J’ai deux bons moments. D’abord ma victoire à Saint-Etienne-les-Remiremont pour la première manche du Challenge National. La seconde, c’est ma 2ème place aux France. C’est toujours bien de monter sur un podium national, même si j’étais déçue. Les mauvais moments, c’est justement ce que j’ai vécu à côté durant une bonne partie de la saison, quand à l’entraînement ça n’allait pas, qu’en course ça n’allait pas et que j’ai perdu le titre.
En quoi consistera ta coupure avant la saison de route ?
Je suis en coupure pendant encore une semaine. Je ne reprendrai pas tout de suite le vélo. Je ferai d’autres sports comme de la course à pied. Je ne reprendrai le vélo que dans trois semaines. Je suis dans une phase où j’ai besoin de prendre du repos et de me changer les idées. Je pense que tout sportif a besoin de ça plusieurs fois dans sa carrière. J’ai envie de faire autre chose et de me reposer.
Une fois ces trois semaines écoulées, comment prépareras-tu la saison de route ?
Je reprendrai tranquillement par des sorties foncières. Fin février, début mars, j’aurai un stage avec l’équipe de France sur route. La saison va se lancer comme cela. Les plans d’entraînements s’enchaîneront. Je vais surtout viser la période des Championnats de France. J’ai réparti mes pics avec mon entraîneur. Mais l’objectif c’est d’être là à différents moments de la saison. Pour l’instant, je n’ai pas prévu d’augmenter mes charges d’entraînement. Je vais continuer à m’entraîner comme j’ai l’habitude de le faire. Pour ma saison Espoir, on changera les entraînements, mais pour l’instant, il n’y a pas de changement en vue.
Habituellement, comment gères-tu tes entraînements pendant la semaine ?
Il va falloir que je voie par rapport à mes objectifs. Pour le moment, je ne vais reprendre que sur du foncier. Généralement, sur une semaine, je fais entre 10 et 15 heures de vélo. J’ai la possibilité de rouler tous les jours avec un jour de repos dans la semaine. Mais là encore, tout dépend des objectifs.