Perrine, tu as repris la compétition le 5 mars dernier à Guéret. Quelles ont été tes sensations à ton retour en course ?
A Guéret pour ma reprise, c’était un chantier pas possible, avec de la pluie, du vent, du froid et de la boue ! C’était assez désagréable mais même si j’ai eu un peu de mal au début, n’ayant pas encore trop fait d’intensités à l’entraînement, je me suis rapidement débloquée pour gagner, ce qui est plutôt satisfaisant pour une reprise. De là, nous sommes partis chercher le soleil espagnol à L’Escala pour un stage avec le team Scott-Creuse Oxygène-Guéret, semaine que nous avons conclue à Banyoles, où j’ai pris la 4ème place sur un terrain très sec pour le coup. Même s’il a un petit peu changé, je connaissais le circuit pour y avoir déjà couru en 2016 (7ème). Et dans ces conditions c’était vraiment agréable.
Ta condition physique actuelle suit donc le schéma établi jusqu’alors ?
Oui, je suis dans les temps. J’ai plutôt basé ma forme sur les premières manches de la Coupe du Monde à Nove Mesto (21 mai) et Albstadt (28 mai). Taper dedans trop tôt ne sert à rien. Il ne s’agit pas d’avoir un pic de forme en avril, sans quoi il n’y aura plus grand-chose en mai. Je vais courir la Coupe de France à Marseille ce week-end sur la forme de Banyoles, ce qui reste correct, puis je commencerai seulement à faire des intensités à l’entraînement pour les échéances du mois de mai.
Comment se décomposent traditionnellement tes semaines d’entraînement entre deux compétitions ?
Au lendemain d’une compétition, je mets le lundi à profit pour récupérer en ne touchant pas au vélo. Le mardi, je fais du biquotidien avec de l’intensité et un peu de musculation. Je consacre mon mercredi à une sortie d’endurance avant de reprendre les intensités le jeudi. Le vendredi est placé sous le signe de la récupération avant la course du week-end : ça se limitera à une petite sortie de décontraction. Avant un gros objectif, je roule normalement la semaine, sans faire d’intensités, avant de réaliser un déblocage le samedi avant la course.
Au cours de ces semaines, tu alternes donc VTT et vélo de route ?
Oui, car la route apporte beaucoup pour le VTT. C’est un apport important physiquement mais aussi mentalement car une semaine exclusivement dédiée au VTT me paraîtrait long. C’est un paramètre commun à tous les vététistes. Tout le monde fait de la route. Les deux vont de pair.
Tu pars aujourd’hui pour Marseille et la première manche de la Coupe de France. Comment organises-tu un tel déplacement ?
Je pars généralement le jeudi pour la course du week-end. J’habite dans l’est, il est rare qu’on ait des courses proches de la maison, ce qui implique souvent de traverser la France pour rejoindre un site. En arrivant sur place, je fais généralement une sortie de récupération sur la route. En revanche je consacre le vendredi et le samedi à la reconnaissance du parcours.
Sur quoi concentres-tu tes tours de reconnaissance ?
J’essaie de faire deux voire trois tours. J’effectue un premier tour pour bien prendre connaissance du circuit. Je n’hésite pas à m’arrêter s’il y a quelque chose à voir. L’objectif est de repérer les trajectoires, d’être attentif à la nature du terrain pour faire les meilleurs choix de matériel : le choix des pneus, le réglage des suspensions… L’utilisation du bon matériel est primordiale. Puis, sur les tours suivants, je vais faire des sections du circuit à allure tempo pour débloquer un peu la machine.
Avec Scott, tu as le choix cette saison entre le Scale, semi-rigide, et le Spark, tout suspendu, que tu as découvert. Essayer un tout suspendu te l’a-t-il fait adopter ?
Faute d’avoir réceptionné à temps le semi-rigide, j’ai en effet roulé tout l’hiver avec le tout suspendu. Il m’a fallu du temps pour m’y faire car les sensations ne sont pas les mêmes et il faut porter une attention supplémentaire à cette suspension en plus. Les réglages sont différents, ça travaille forcément plus qu’avec un semi-rigide dont seule la suspension avant bouge, ça nécessite donc un temps d’adaptation. Mais j’ai couru sur mon tout suspendu à Guéret comme à Banyoles, et j’ai vu la différence dans les parties techniques. C’est beaucoup plus fluide, ça gomme un peu les petites erreurs que l’on peut faire en descente. Ça tape moins qu’avec un semi-rigide, bref, on s’économise. J’ai réceptionné le Scale pour Marseille, et je sais que la question va maintenant se poser avant chaque course importante. Je ferai vraiment mon choix en fonction du circuit pour opter pour celui qui m’apportera le plus.
En revanche, en matière de roues, tu es restée fidèle au 29 pouces…
J’aurais pu choisir un 27.5, qui aurait aussi représenté une bonne solution pour moi qui suis assez technique, mais je roule depuis plusieurs années sur un 29 et nous avons fait le choix de rester sur ce modèle. Je dispose en outre d’un large choix de pneus avec Hutchinson, une marque sur laquelle j’avais déjà roulé chez les Cadettes. Je vais aussi découvrir de nouvelles structures de pneus cette saison.
Quelle est ta relation au matériel ?
J’aime le vélo et j’aime aussi son aspect mécanique, mais je ne me considère pas comme une spécialiste. J’appuie avant tout sur les pédales, et puis c’est tout ! J’essaie de m’y intéresser mais quand on se plonge vraiment dans la technique, sur la façon dont marche une fourche par exemple, c’est vite complexe. J’ai du mal à comprendre le mécanisme, même si ça commence à aller un peu mieux, grâce à des explications simples. Quand je vais rouler, je sais exactement comment je dois régler ma fourche, mais quand il s’agit de tester des suspensions sur un circuit, ça devient vite compliqué. Malgré tout je sais que ça va venir au fil des courses. En revanche je n’ai pas de souci pour estimer la pression que je dois mettre dans mes pneus. Disons que ce sont essentiellement ces deux paramètres auquel il convient d’être attentif.
Et quelle pression mets-tu généralement ?
Ça dépend évidemment des circuits. Avec les tubeless, on peut descendre sacrément bas. J’essaie de mettre plus à l’entraînement pour éviter de crever, mais en course je mets entre 1 et 1,1 bar. Il m’est même déjà arrivé de descendre légèrement en-dessous de 1 bar. Maintenant, je mets rarement la main à la patte car nous bénéficions de mécaniciens autour de nous sur les compétitions. Nous nous concentrons sur la performance, sur la récupération, et laissons l’aspect mécanique au staff.
Les pilotes du team font-il remonter à Scott et à ses partenaires leurs ressentis de manière à participer au développement des produits ?
Oui. C’est hyper important pour la marque d’avoir des retours, ça lui permet de faire évoluer ses modèles. Nos partenaires veulent toujours savoir ce qu’on aime ou ce qu’on n’aime pas sur leurs produits. Ce n’est pas systématique mais nous essayons de faire remonter les informations.