Benoît, tu passeras professionnel au mois d’août chez Ag2r La Mondiale. Comment as-tu géré ton intersaison ?
Avoir le contrat déjà en poche est un plus pour aborder une nouvelle saison, mais pour autant je n’ai pas modifié radicalement mon intersaison. Je suis resté dans la même lignée que les années passées, même si j’ai augmenté mon volume en diversifiant davantage mes activités. J’ai pu bénéficier de différents stages avec Ag2r La Mondiale, l’équipe de France Espoirs et bien évidemment le Chambéry Cyclisme Formation. Mais tous ces stages se sont déroulés sans vélo ! J’ai donc entamé la saison avec moins de kilomètres mais un plus gros volume que les saisons dernières. Je pense dès lors avoir un pic de forme plus tardif, d’autant plus que je n’ai pas ciblé de périodes précises.
En période de coupure, es-tu sujet à la prise de poids ?
Forcément, dès que l’activité sportive est réduite et complétement arrêtée, je prends du poids. Mais pas énormément, seulement 2 kg. Cela ne m’inquiète pas car ce surplus est vite perdu quand la charge de travail augmente et que les sorties s’allongent. Une bonne hygiène de vie accélère en plus le processus.
L’intersaison te permet-elle de mettre davantage l’accent sur les études ?
Je peux passer plus de temps à la maison pour travailler mes cours et préparer mes partiels. Mais au CESNI (Centre d’Etudes des Sportifs Nationaux et Internationaux), nous avons des horaires adaptés : 8h00 à midi du lundi au jeudi et ce toute l’année. En plus, si nous sommes absents pour des partiels du fait des compétitions ou des stages, l’établissement met en place une session de rattrapage. Bien évidemment, il faut tout de même justifier et prévenir de son absence par une convocation de l’équipe ou l’inscription de la compétition.
On t’a vu prendre le départ de quelques cyclo-cross durant l’hiver, pourquoi ?
C’est un peu ma discipline de cœur ! C’est celle-ci qui m’a permis de me révéler lors de mes saisons Juniors. J’avais intégré l’équipe de France Juniors dès ma saison en J1 en terminant 6ème du Challenge National. Mais au CCF, nous ne pouvons pas participer à tous les cyclo-cross que nous voulons, je trouve ce point un peu dommage. Cet hiver, je n’ai pris le départ que de deux cross or je pense que six à sept cyclo-cross répartis sur toute la période hivernale seraient un plus pour préparer la saison. Ce que j’apprécie sur ces épreuves, c’est le fait de passer presque une heure en haute intensité, de manière ludique, ce qui permet de varier des entraînements classiques sur route. En plus, lors d’un cyclo-cross, on fait de gros pics de puissance sans forcément chercher à les faire.
Tu es originaire de Normandie, est-ce mieux pour rouler en période hivernale ou préfères-tu le climat savoyard et ses nombreux sports complémentaires ?
Ce sont deux climats très différents. J’apprécie l’hiver savoyard mais chez moi il fait moins froid en moyenne, il est très rare que les routes soient enneigées. C’est pourquoi nous pouvons rouler presque tout le temps. L’avantage qu’offre la Savoie en hiver est sa diversité de sports à portée de main, ou plutôt de spatule ! Ici je me suis mis au ski de fond, à la randonnée en montagne, mais aussi aux raquettes. J’ai un petit faible pour le ski de fond car ma compagne est une ancienne biathlète reconvertie en fondeuse. Elle m’emmène souvent avec elle sur ses entraînements. J’ai même participé au marathon de Bessans (42 km en skating, une des plus grandes épreuves de ski de fond en France), mais loin de la tête en 2h48. J’ai pris goût à cette glisse et je remets ça le 7 mars pour une course nocturne en équipe de deux, ma compagne et moi, au-dessus de Chambéry : la Savoyarde du Hibou à la Féclaz.
Avec quel entraîneur travailles-tu et comment avez-vous étagé votre reprise et ton hiver ?
Depuis mon arrivée au CCF, je suis suivi par Vincent Terrier, de VeloCoachOnline, qui gère et planifie tous mes entraînements. Cette année nous avons décalé ma reprise à mi-novembre à cause des Championnats du Monde. J’avais observé une coupure complète de trois semaines. Ensuite, ma reprise a été ponctuée de différents stages et activités annexes au vélo (marche, ski, natation, renforcement musculaire, etc.). J’ai effectué ma première sortie route le 10 décembre à hauteur d’une séance par semaine. J’ai repris un peu plus la route fin décembre, d’autant plus que j’étais en Normandie.
Habituellement, avec qui roules-tu lors de tes sorties ?
Au CCF, nous effectuons régulièrement des sorties en groupe encadrés. Cela nous permet de travailler la cohésion du groupe mais aussi d’acquérir des automatismes que nous retrouverons en course. Je roule également avec les coureurs pros basés dans la région, plus précisément Pierre Gouault, qui est un ami proche. Les anciens du CCF, des cyclos que je croise dans mes sorties, etc. Je ne suis pas fermé au dialogue lors de mes sorties, au contraire.
En février, tu as réalisé un stage de cinq jours en Ardèche avec le Chambéry Cyclisme Formation. En quoi a-t-il consisté ?
Nous avons effectué un gros volume mais aussi quelques séquences spécifiques. Nous avons adoré ces journées baignées de soleil, avec des parcours très jolis et le peu de voiture rend les sorties très agréables !
Les nouveaux ont-ils été bizutés ?
Pas tant que ça. En fait, ils arrivent généralement à Chambéry dans les appartements mis à notre disposition par le CCF en septembre pour la rentrée scolaire. Donc nous avons déjà quelques mois de vie commune. Nous les chambrons seulement un peu plus que les autres. Dans le groupe, nous faisons cela toute l’année, et avec tous les coureurs, voire même les dirigeants, c’est ce qui fait notre force.
Quels seront les objectifs de ton premier trimestre ?
J’ai pris le départ de ma première course au Tour des Communes de la Vallée du Bédat. Je vais ensuite m’aligner sur des courses 1ère et 2ème catégories avant de rejoindre l’équipe de France Espoirs pour la Classic Loire-Atlantique puis la première manche de la Coupe des Nations. Je vais cibler d’être plus en forme sous les couleurs de l’équipe de France mais sans pour autant négliger les courses précédentes. En fait, je n’ai pas d’objectif précis sur ce début de saison. Je suis juste un peu déçu de ne pouvoir reprendre le départ d’Annemasse-Bellegarde pour aider le CCF a conserver le titre.
Ag2r La Mondiale dispose d’un nouveau partenaire vélos, Factor. Comment sont-ils ?
Du fait de mon intégration à l’équipe en août prochain, j’ai le même vélo qu’Ag2r La Mondiale. Il a été livré courant décembre, mes coéquipiers ont reçu le leur juste avant le stage en Ardèche. Je trouve que le Factor réagit aussi bien que le Focus Izalco Max. Le fait d’avoir un groupe électrique permet des passages de vitesses plus précis et plus rapides. Par contre, j’ai hâte de rouler avec les roues de courses Mavic qui, je pense, vont donner encore plus de rendement au vélo.
Attaches-tu beaucoup d’importance au matériel ?
Pour moi, le vélo doit être performant et répondre quand j’en ai besoin. C’est-à-dire qu’il soit bien réglé, qu’il retransmette au mieux ma puissance aux roues et qu’il soit précis sur les descentes ou pour frotter à l’approche des sprints. Mais je ne suis pas un fou du light. S’il fait 100 grammes de plus ou de moins que mon précédent, je ne vais pas en faire une maladie. Ce qui compte, c’est son rendement. J’ai confiance dans les personnes qui négocient les contrats, ils connaissent les attentes des coureurs et donc adaptent le matériel en conséquence.
De plus en plus de coursiers sont équipés d’un capteur de puissance, qu’en est-il pour toi ?
Depuis mon arrivée au CCF, je travaille avec. C’est ma troisième saison où je l’utilise et j’avoue que cela me permet de vraiment mieux cibler mes entraînements. Tous les entraînements mis en place par Vincent Terrier sont à base de Watts. Ensuite il analyse toutes les sorties pour faire un retour constructif. J’ai par exemple constaté qu’une séance de spécifique réalisée à la sensation ne respecte pas les zones demandées. Avec le capteur il est plus facile de cibler et de gérer sa séance. C’est plus bénéfique au final.