Jade, on va te retrouver toute la saison de cyclo-cross sur Vélo 101, peux-tu tout d’abord, te présenter? Depuis quand fais-tu du vélo, quand as-tu goûté pour la 1ère fois au cyclo-cross et quelle importance lui accordes-tu ?
Je m’appelle Jade Wiel, j’ai 17 ans et demi (02/04/2000) et je pratique le cyclisme depuis maintenant 12 ans. C’est grâce à ma nounou qui m’a emmenée à l’entraînement du mercredi que j’ai découvert ce magnifique sport. J’ai commencé par faire des tours de piste avec mon ancien club qui est le Vélo Club Saint Antoine la Gavotte. C’est à cet endroit même que j’ai pu m’essayer au cyclo-cross vers 6 ans et j’ai vite accroché. À croire que la boue et le froid ne me faisaient pas peur. Pour moi, le cyclo-cross c’est synonyme de période hivernale, c’est indispensable et je pense que ça contribue énormément à ma saison sur route. Maintenant, je suis à Besançon (car je suis au Pôle Espoirs Cyclisme de Franche-Comté depuis deux ans), j’accorde une plus grande importance au cyclo-cross, car il y a beaucoup plus de terrains de jeux qu’à Mimet (maison familiale) et puisqu’avec mon entraîneur (Matthieu Nadal) nous nous sommes fixé des objectifs depuis la saison dernière . Cette année, c’est encore plus important, avec un maillot bleu blanc rouge sur les épaules, je ne peux pas et ne veux pas me louper. Je suis encore plus motivée et déterminée. Avec mon entraîneur, nous avons revu le calendrier pour mettre toutes les chances de mon côté et pour arriver en forme lors de mes objectifs.
Comment juges-tu ta saison sur route et est-ce que l’enchaînement entre le cyclo-cross et la route s’est bien effectué ?
J’ai suis très contente et très fière de ma saison, j’ai fait des résultats que je n’imaginais pas. Ce maillot de championne de France de cyclo-cross c’est la récompense de toute cette saison hivernale. J’ai couru presque tous les week-ends, je n’ai même pas fêté Noël et le Nouvel An, je voulais réussir et je l’ai fait. À partir de là, tout s’est enchaîné : les coupes du monde, le Championnat du monde. Je me suis présentée à ces échéances dans le but de prendre de l’expérience pour cette année. Quant à la route, je pense que ma victoire en haut du Mont Pujols m’a donné la confiance qui me manquait et m’a permis d’accéder au rang junior-élites. J’ai ensuite participé à des coupes des Nations où j’ai pu m’illustrer quand le parcours me le permettait (je suis plutôt puncheuse). J’ai aussi gagné le général de la Coupe de France élite. Je tiens à remercier mon équipe Morteau-Montbenoit sans qui cela n’aurait pas été possible. C’est grâce à cette belle saison que j’ai décroché ma place au Championnat du monde sur route et de CLM. J’ai fait un joli top 10 sur un CLM très vallonné et sous à pluie. J’ai un petit regret sur la course en ligne ou je viens prendre la 5ème place, mais je suis 1ere junior 1. Après, j’ai effectué une coupure pendant deux semaines, pour reprendre doucement le cyclo-cross avec 1 à 2 entraînements par semaine. Avec Matthieu nous avons décidé de passer le début de saison et de commencer la saison internationale en novembre. C’est donc pour cela que j’ai refusé de participer à Coxyde et au Championnat d’Europe avec quelques regrets.
On sait que le VC Morteau-Montbenoit est une pépinière de talents, quand penses-tu que l’équipe accédera à l’échelon supérieur, c’est-à-dire devenir une équipe UCI ?
Oui, le VC Morteau-Montbenoit est une très belle équipe et a déjà formé deux grandes cyclistes : Juliette Labous et Évita Muzic. Avec notre DS Flavien Soenen, nous espérons monter d’un échelon, mais l’un des problèmes, c’est les sponsors. Je n’arrive pas à comprendre comment une équipe, leader de la Coupe de France, formatrice, qui s’est déjà montrée au niveau international n’arrive pas à trouver les fonds nécessaires. Je pense que c’est dommage qu’il n’y ait qu’une seule équipe UCI en France alors que le niveau est là.
Par rapport à la saison passée de cyclo-cross, as-tu changé de matériel ?
Pour cette nouvelle saison, j’ai eu une très grande aide pour le matériel. En effet, grâce au magasin cycles Chevallier, que je tenais à remercier avec un énorme MERCI, j’ai pu avoir le matériel nécessaire pour être dans de bonnes conditions. Jérôme, le directeur du magasin, s’est débrouillé pour me trouver des sponsors avec de grosses marques comme Felt, Shimano, Lazer, Maxwheel, FMB, Garmin. Je vais donc rouler sur des Felt pour cette saison 2017-2018 dont je suis très contente.
Et au niveau de l’entraînement ?
Au niveau de l’entraînement, comme dit précédemment, j’ai commencé plus light en septembre/ octobre. Je profite de ces vacances pour commencer à faire de l’endurance et j’utilise les courses pour faire mes intensités. Sur le plan de l’entraînement, j’ai une confiance aveugle en mon entraîneur qui gère ça avec brio.
Besançon, ça va rester un bon ou un mauvais souvenir, pourquoi dans les deux cas ? Le circuit sec et roulant était à l’avantage des filles qui sortent de la route, espères-tu quand même des circuits techniques et physiques ?
Besançon était ma deuxième course, enfin première, car le week-end d’avant j’ai eu un problème technique lors de la course à Lutterbach qui m’a fait repartir avec un tour de retard, je n’ai pas pu faire mes 45 minutes à fond. J’appréhendais donc cette course, car je ne savais pas si j’allais être à la hauteur. J’ai pris un bon départ qui m’a permis de prendre la tête de la course, j’ai alors vu que les filles se regardaient et je ne voulais pas faire de même. Je me suis donc mise à mon allure et fait deux tours avec environ 10 secondes d’avance sur la deuxième. Mais le parcours étant roulant, c’était à mon désavantage, un groupe est donc revenu sur moi et c’est à ce moment-là que j’ai déraillé… J’ai pris un coup au moral, mais aussi au niveau des jambes. Je n’étais plus dedans, je me suis retrouvée avec ce groupe, mais Marlène Petit est tombée à la sortie du dévers, Évita et moi avons pris cinq mètres et après c’était impossible de faire le saut pour rentrer. Je viens donc décrocher la médaille en chocolat. Certes je suis déçue, mais si on m’avait dit que j’allais un top 5 sur cette manche, je signais tout de suite. J’ai pris des points UCI, j’ai fait le spectacle alors pourquoi regretter ? Oui, je préfère quand les parcours sont boueux et où il faut courir, changer de vélos.. d’ailleurs ce week-end j’ai remporté l’international de Balan (C2) où le parcours permettait ces conditions de course.
Tu es au pôle de Besançon, comment s’articule une semaine type pour toi ?
Oui je suis au pôle depuis maintenant deux ans. Depuis cette année, c’est Claire Hazenfrat qui s’occupe de celui-ci. Une semaine type que ce soit sur la route et en cyclo-cross c’est :
Lundi : récupération (course à pied ou 1h de route/cyclo ou repos complet)
Mardi : 1h30 de spécifique le matin et 45min de Gainage le soir
Mercredi : sortie longue endurance 3h
Jeudi : 1h30 avec exercices spécifiques (force, vélocité ou intensité)
Vendredi : sport avec l’école où repos si compétition
Samedi : déblocage 1h
Dimanche : course ou sortie longue 3h