Tous les automnes, j’ai droit à cette fameuse interrogation : « Coach, j’ai le droit de prendre combien de kilo cet hiver ? »
La saison a été longue, certains ressentent un besoin important de « se lâcher », faire des petits excès, ne pas contrôler ce qu’ils mangent, se faire plaisir, sortir de la routine d’athlète de haut niveau. Mais, généralement, un athlète qui sollicite son coach à ce sujet, c’est un sportif qui a besoin qu’on lui donne une limite à ne pas dépasser pour éviter de commencer la nouvelle saison avec un handicap, donc un athlète soucieux de sa reprise. Je suppose que vous voulez connaitre la réponse miracle du coach, et pourtant la réponse est différente pour chaque athlète. Car chaque coureur est différent, a sa propre morphologie, ses propres qualités intrinsèques, et un métabolisme propre à chacun, une saison plus ou moins longue à gérer.
Difficile d’établir une règle de prise de poids générale : imaginez un rouleur d’1,90 m pour 80 kg au poids de forme, et un grimpeur d’1,65 m pour 58 kg. Dis à ces 2 coureurs qu’ils peuvent prendre 5 kg à l’intersaison. Le rouleur verra son poids augmenter de 6,25 % et le grimpeur de 8,6 %. Lequel des 2 aura le plus de facilité à les prendre, puis le plus de difficultés à les perdre par la suite ?
La prise de poids chez le cycliste en hiver
Il est normal que le corps refasse ses petites réserves en graisse à l’automne. L’hiver arrive, l’organisme va naturellement chercher à se protéger du froid et renforcer le système immunitaire afin d’éviter de ramasser toutes les maladies hivernales. Il faut aussi que le corps récupère de la saison, or si le corps est en permanence privé et anémié, certes vous serez rassuré sur la balance, mais ce n’est pas dit que votre organisme apprécie et vous le rende la saison suivante.
Chaque athlète est différent et possède un métabolisme qui travaille à sa propre vitesse, qui consomme plus ou moins de calories tout au long de la journée, qui fait plus ou moins face au froid. A noter que les secteurs géographiques dans lesquels on vit ont également un impact important sur notre corps. Autant de paramètres qui impacteront sur la vitesse et le besoin de stockage du corps.
Sachez qu’un corps privé de manière excessive durant la saison est un corps qui aura tendance à stocker à la moindre occasion, et donc prendre du poids en excès sans même que le coureur s’en rende compte (vous connaissez tous ce coureur qui prend 15 kg en 3 semaines…). En général il s’en aperçoit quand il enfile un cuissard pour la reprise.
Attention aux risques de troubles hormonaux également quand on enchaîne périodes de privation et excès en tout genre. Mais, tout le monde ne réagit pas ainsi. A l’opposé, certains ont même des difficultés à prendre un peu de poids l’hiver.
Le fait d’arrêter l’activité physique réduit la sensation de faim, donc inutile de manger les quantités astronomiques habituelles, votre estomac sera content de se reposer un peu. A ce propos, pourquoi ne pas profiter de la coupure pour faire une petite cure de probiotiques afin de refaire la flore intestinale ?
On a vu qu’il est normal et souhaité de prendre un peu de volume l’hiver, mais la saison approche et cette petite masse grasse à quel moment doit-on la perdre exactement ?
La perte de poids chez le cycliste
Le fait de reprendre l’entraînement va naturellement nous refaire perdre 2-3 kg facilement. Mais, il en reste toujours 1 ou 2 un peu plus récalcitrants. Le plus gros risque est de les perdre trop rapidement, si on cherche à maigrir pour être au poids de forme sur les premières compétitions, on s’expose à affaiblir le système immunitaire : moins de protection, des compétitions en février et mars avec un temps froid, pluvieux voire neigeux, et hop on tombe malade… Je vous épargne la suite, vous la connaissez.
Les professionnels font face à ça en ce moment sur l’Etoile de Bessèges, et les amateurs vont y être confrontés dès ce week-end sur l’Essor Basque. Une autre difficulté pour les professionnels, c’est de retrouver le froid glacial alors qu’ils ont attaqué la saison dans l’hémisphère sud avec des températures supérieures à 35 degrés. Dur pour les organismes.
J’ai remarqué que le plus difficile pour un coureur n’est pas de perdre ce petit kilo qui traine, mais de l’accepter. Accepter qu’il disparaisse tout seul sans y penser quand les températures vont remonter, que l’entraînement va s’intensifier et que votre corps va l’éliminer naturellement.
Malheureusement, on est en permanence dans la comparaison des uns aux autres. Il faut être le plus affuté, il faut que les veines soient apparentes. Les jeunes veulent être aussi secs que les professionnels du Tour de France, pourtant l’image peut paraître inquiétante quand on voit l’état de maigreur de certains. Heureusement, notre triple champion du monde actuel nous montre qu’un très bon coureur cycliste n’a pas besoin d’être le plus maigre et le moins musclé pour gagner. Refermons cette parenthèse.
A mon sens, la nutrition doit être adaptée tout au long de l’année. Un athlète avec une alimentation saine et variée est un athlète qui aura de faibles fluctuations de poids tout au long de l’année. Il faut manger de tout pour être en bonne santé, de manière raisonnable, en privilégiant les fruits et légumes de saison. Ce qui est néfaste ce sont les excès. Aussi bien les excès dans la consommation que les excès dans la privation. Pour plus d’informations dans ce domaine, rien de tel que de rencontrer un diététicien ou un micro-nutritionniste. Ces professionnels vous expliqueront plus en détail que votre corps réagit directement à ce que vous lui donnez.
Quand on entraîne un athlète, on apprend le fonctionnement de son corps, ce qui permet aussi de l’aider à appréhender l’hiver et le guider dans ces fameuses « limites ». Mais, on apprend également à le connaître d’un point de vue psychologique. Ce qui permet de mieux comprendre le besoin de certains de se laisser aller. Ça peut être manger plus gras que d’habitude (n’oubliez pas qu’un corps qui réclame de manger gras est un corps qui est en manque de bonnes graisses). Pour d’autres, le besoin de faire des soirées, se coucher tard, avoir la vie d’un étudiant… Certes, la vie d’étudiant est tout sauf une vie correcte pour un sportif de haut niveau, mais il faut aussi que les athlètes profitent de leur jeunesse et qu’ils comprennent par eux même à quel moment ils doivent retrouver leur sérieux. Remarquez c’est valable pour tous les âges ça.
Mieux vaut vous voir vous lâcher un peu l’hiver et reprendre l’entraînement avec un capital motivation à 100%, que de vous voir disjoncter en pleine saison !
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter Lionel Lahoun par le biais de son site.