Eric, cinq jours après l’arrivée du Tour de France, vous donnerez naissance le vendredi 29 juillet 2016 à un nouveau critérium d’après-Tour à Longjumeau. Comment vous est venue une telle idée ?
Sur invitation de leurs organisateurs, je suis descendu cet été découvrir les critériums de Castillon-la-Bataille et de Marcolès. C’est ainsi que m’est venue cette idée d’organisation d’un critérium cycliste professionnel. L’engouement populaire suscité et la relative facilité d’organisation comparativement à une cyclosportive m’ont conforté dans cette idée. La région parisienne est dépourvue de rendez-vous du genre depuis vingt-cinq ans, c’est donc tout naturellement vers Longjumeau que je me suis tourné. Nous y avions organisé un départ d’étape du Tour de France en 2010. Les élus ont été emballés par l’idée, l’organisation est donc lancée !
En quoi l’organisation d’un critérium est-elle plus commode qu’une cyclosportive ?
Un critérium, c’est un petit circuit dessiné en ville. Ça nécessite beaucoup moins de signaleurs par rapport à une cyclo comme la Jacques Gouin ou la Vélostar 91, qui nous font traverser une quarantaine de communes avec tout ce que cela implique de difficultés d’organisation. En revanche, il convient de boucler un budget conséquent, de l’ordre de 100 000 euros pour faire venir quarante coureurs (vingt-cinq pros, quinze amateurs) et subvenir aux autres dépenses. L’idée étant d’organiser une fête populaire, nous avons pris le parti de ne pas faire payer les entrées. Il nous faut donc en face des recettes permettant de financer la venue des coureurs.
De quelle manière comptez-vous boucler ce budget ?
Nous avons trois axes. Pour financer le premier tiers du budget, nous avons sollicité les collectivités : la ville de Longjumeau, le département, l’agglomération et la région. Le deuxième axe s’articulera autour d’un repas le midi, avant l’épreuve. Nous allons mettre en place dans une très belle halle de Longjumeau un repas avec trente tables qui seront vendues aux partenaires. Chacun pourra inviter ses meilleurs clients à déjeuner avec un élu et un coureur professionnel. Le dernier tiers sera financé par la vente de programmes de course et de produits dérivés, un village exposant et la recette des buvettes.
Vous organisez déjà deux belles cyclosportives franciliennes, mais les collectivités vous ont-elles semblé plus réceptives au soutien d’un critérium ?
De par mes nombreuses démarches auprès des élus, je sais très bien que le sport cycliste n’est pas une activité qui reçoit toujours un écho favorable. On emprunte les routes, nous sommes liés à la circulation routière, et souvent nous faisons face à des retenues de la part des élus pour des motifs sécuritaires. Or un critérium se dispute en court circuit fermé et se veut en outre plus médiatisé. La venue d’un petit peloton professionnel et peut-être même du vainqueur du Tour de France, en fonction de notre budget, attirera les médias. Pour les collectivités, c’est la garantie que la ville sera mise en lumière, quand les retombées médiatiques d’une cyclo, même avec 1000 participants, sont moindres.
A une époque où les critériums disparaissent, n’est-il pas passé de mode de vouloir en créer un ?
Il a existé jusqu’à quatre-vingt critériums d’après-Tour par le passé, il y en aura treize en 2016. Beaucoup ont dû s’arrêter par manque de budget, mais le public n’a jamais renié son intérêt pour ce genre d’épreuves. Quand on voit un petit village comme Marcolès qui multiplie par dix sa population le temps d’un critérium, pour venir voir vingt cyclistes professionnels tourner en rond, c’est qu’il existe encore un engouement. Nous devons être capables de le faire encore en région parisienne et même de susciter des envies. L’organisation d’un critérium de ce type sera déjà une première phase. Dans le futur, nous verrons si nous sommes capables de faire mieux.
Quand et comment allez-vous travailler à la conception du plateau ?
J’ai la chance de pouvoir approcher les coureurs sur plusieurs épreuves du calendrier professionnel : Paris-Nice, le Critérium du Dauphiné, le Tour de France. J’ai de multiples connaissances au sein du peloton et une petite dizaine de coureurs s’est déjà engagée à venir à Longjumeau, si leur calendrier le leur permet. On compte déjà quelques belles têtes d’affiche françaises. L’idée sera d’avoir une très grosse tête d’affiche, mais cela se fera en fonction du budget qui sera le nôtre. Toute la question est de savoir si nous aurons les moyens financiers de faire venir le vainqueur du Tour de France. Les critériums de Lisieux, Camors et Dijon nous précéderont au calendrier. La Polynormande de Daniel Mangeas suivra. On sait que le coût ne sera peut-être pas le même si les organisateurs travaillent ensemble à la conception d’un plateau relativement commun.
Le vendredi 29 juillet 2016, en quoi consistera le tracé du premier critérium de Longjumeau ?
Il s’agira d’un petit circuit de 2,2 kilomètres à boucler à quarante reprises, sans réelle difficulté. Mais on sait très bien qu’un critérium, c’est avant tout une kermesse. L’idée est d’organiser une fête populaire autour du vélo avec de multiples animations en marge du critérium : on pense à une course Cadets, au regroupement d’anciens véhicules de la caravane du Tour, à une opération vélo vintage, peut-être même à une animation avec des dernys, tout en faisant participer les associations locales et notamment le club historique de l’UC Longjumeau. L’idée sera vraiment de fêter le vélo.
Propos recueillis le 26 novembre 2015.